Ça roule à l’UQAM

Étudier avec un chien MIRA, sillonner les couloirs de l’UQAM en fauteuil roulant: c’est le lot quotidien des étudiants handicapés de l’Université du peuple. Au cours des deux dernières années, l’Université a redoublé d’efforts afin de contenter une clientèle de plus en plus nombreuse.
Photo: Mathieu Harrison
 
Sa montre indique 12h30. Fin des cours. Isabelle ajuste son fauteuil roulant, sort de classe et se dirige vers le pavillon Judith-Jasmin. Arrivée devant la rampe inclinée, la doctorante en psychologie peine à se frayer un chemin dans la masse d’étudiants pressés. Ils sont plus de 520 étudiants en situation de handicap à l’UQAM cette session, un bond de près de 30 % par rapport à l’année dernière. Grâce à son emplacement géographique, sa proximité du métro et ses larges couloirs, l’Université du peuple plaît de plus en plus à cette clientèle aux besoins spécifiques. L’Office des personnes handicapées du Québec lui a même attribué le prix À part entière, en juin 2010. 
 
S’appuyant sur la politique 44 d’intégration des étudiants handicapés, l’UQAM leur offre une panoplie de services au local d’accueil et soutien aux étudiants en situation de handicap, situé depuis 2009 en face du Salon G. Ils ont ainsi accès à des technologies adaptées, des consultations individuelles pour les besoins scolaires et le jumelage avec un tuteur ou un preneur de notes, notamment grâce aux subventions accordées par le Programme d’allocations pour besoins particuliers du ministère de l’Éducation. L’année dernière, l’UQAM disposait d’une enveloppe de 321 900 $, dont une partie est octroyée sous forme de bourse, indique la porte-parole du ministère de l’Éducation, Esther Chouinard.
 
L’équipe du Service à la vie étudiante (SVE) se charge aussi de répondre aux besoins des étudiants, en émettant à la direction des demandes particulières. «L’UQAM m’a attribué un bureau entièrement adapté à ma mobilité réduite, après avoir fait ma demande auprès du SVE, mentionne Isabelle Boisvert, qui s’intéresse à la psychologie communautaire. Je dispose maintenant d’un grand espace pour me déplacer sans soucis et travailler tranquillement.» 
Une nouvelle beauté 
Au cours des deux dernières années, l’UQAM a ajouté une synthèse vocale dans l’ascenseur du pavillon Design et a renouvelé les bandes jaunes de signalisations aux pieds des escaliers les plus achalandés du campus. En septembre 2009, le Laboratoire des technologies avancées, installé près de l’entrée de la Bibliothèque centrale, a ouvert ses portes. La grande salle contient quatre espaces de travail, une salle de repos aux allures de chambre de motel, ainsi que cinq locaux de laboratoires informatiques dotés d’écrans géants pour malvoyants. Une toilette entièrement adaptée a aussi été aménagée un étage plus haut, juste devant l’entrée du pavillon des sciences de l’éducation. «C’est un vrai cadeau, se réjouit Isabelle Boisvert. Il y a même un bouton devant l’entrée pour m’ouvrir la porte.» Mais pour la direction du SVE, la mission ne s’arrête pas là. «Ce que nous visons, c’est l’accessibilité universelle, maintient Sylvain Le May, conseiller en accueil et intégration au département. Pourquoi ne pas, par exemple, placer l’interrupteur des lumières un peu plus bas?» 
Rouler ensemble 
Koceila Louali est atteint de la maladie de Stargardt. Depuis sa naissance, il souffre de perte de vision centrale. Après des études en journalisme en 1995, il est aujourd’hui étudiant à temps partiel au département de musique. L’homme de 38 ans estime que l’image liée aux handicaps s’est beaucoup améliorée depuis 15 ans. «Aujourd’hui, les handicapés ont un avenir et des postes destinés pour eux dans le marché du travail. Mais les universités n’ont pas à tout donner, elles ne sont pas des centres de réadaptation», avoue franchement Koceila Louali. 
 
Du côté de l’Université McGill, la situation est tout autre. D’après Gordon Dionne, responsable du département des étudiants en situation de handicap, les étudiants savent parfaitement à quoi s’attendre lorsqu’ils s’y inscrivent. «Les étudiants handicapés choisissent McGill pour l’excellente éducation, soutient-il. Ils savent très bien que McGill est un endroit architectural spécial et que nous n’accommoderons pas les vieilles bâtisses.» Le campus, qui accueillait l’année dernière 657 étudiants handicapés, offre toutefois un service de navette sept heures par jour, leur évitant de monter la rude côte du 845 Sherbrooke Ouest. 
 
Toutefois, à l’UQAM, tout n’est pas encore parfait. La plateforme Moodle, par laquelle les professeurs transmettent des documents à leurs étudiants, n’est toujours pas reconnue par les logiciels de revue d’écran utilisés par les aveugles. «Il y a certaines adaptabilités, mais ce n’est pas encore au point, explique Nicole Bonenfant, directrice des services-conseils à la vie étudiante. Ici, on partage les expériences, les difficultés. On applaudit tout ce qui a été fait hier et on travaille à tout ce qui se fera demain.» 
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Au gym 
Le Centre sportif est aussi accessible pour les étudiants en situation de handicap. La salle de musculation possède un passage pour faciliter l’accès aux fauteuils roulants et un ergocycle, un pédalier adapté pour les bras, dans la salle de musculation. La piscine s’est aussi dotée d’une chaise articulée leur permettant de plonger dans l’eau. 
 
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Explosion de la clientèle émergente à l’UQAM 
La clientèle handicapée de l’Université du peuple est classée en deux catégories: la traditionnelle, regroupant les déficiences visuelle, auditive, motrice ou organique, et la clientèle émergente, c’est-à-dire les personnes souffrant des troubles de déficit de l’attention, de troubles d’apprentissage, de troubles de santé mentale ou de troubles envahissants du développement. Le nombre d’étudiants dans cette dernière a explosé depuis 2007. 
Année 2007-2008 
Clientèles traditionnelles: 202 
Clientèles émergentes: 92 
Année 2008-2009 
Clientèles traditionnelles: 253 
Clientèles émergentes: 152 
Année 2009-2010 
Clientèles traditionnelles: 286 
Clientèles émergentes: 234 

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