Troquer la pancarte pour la cravate

Le 14 octobre 2010, les accusations sont tombées pour la majorité des manifestants arrêtés au G20 à Toronto en juin dernier, dont plusieurs uqamiens. Mais s’ils évitent le banc des accusés, les militants impliqués tentent aujourd’hui d’utiliser le marteau de la justice à leur avantage. Des étudiants et professeurs de l’UQAM se portent à la défense des arrêtés du G20.

«Les accusations tombent, mais la lutte continue», scandaient les membres du Regroupement des arrêtés du G20 (le RAG20), accompagnés de représentants du groupe de militants Convergence des luttes anticapitalistes. Le 14 octobre dernier, ils annonçaient la préparation de deux recours collectifs pour les 1105 arrestations qui ont eu lieu lors du dernier G20. Cette justice qui intimidait les militants il y a quelques semaines à peine leur servira peut-être aujourd’hui.

Le Canada avait déjà reçu des avertissements de l’Organisation des nations unies (ONU) quant à l’utilisation d’opérations musclées comme celle du G20. En 2006, un rapport rappelait au Canada que «que seules les personnes ayant commis des infractions pénales au cours des manifestations pouvaient être arrêtées».

Quatre ans plus tard, les personnes arrêtées au G20 estiment que les autorités n’ont pas écouté les conseils de l’ONU et veulent que l’on reconnaisse l’exagération de l’attitude policière. Certains, dont quelques uqamiens, sont même allés présenter un rapport à la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) à Washington le lundi 25 octobre.

Lucie Lemonde, professeure de droit et membre de la Clinique internationale de défense des droits humains de l’UQAM, a planché depuis plusieurs semaines sur le dossier qui a été défendu dans la capitale américaine. Si elle est consciente que la CIDH n’a pas de pouvoir contraignant, elle espère qu’elle aura une influence politique considérable. «On veut que la Commission demande au Canada de mener une enquête indépendante sur les interventions stratégiques menées au pays, pas seulement le G20.»

Jacynthe Poisson, étudiante au baccalauréat en relations internationales et droit international de l’UQAM et participante aux activités de la Clinique juridique, est aussi partie se porter à la défense des arrêtés dans la capitale américaine. Pour l’uqamienne, l’abandon des accusations par les autorités n’est pas suffisant. «Je veux une enquête indépendante pour savoir qui a pris des décisions comme celles-là, pour que des têtes tombent», affirme-t-elle. Pour l’instant, aucune enquête publique n’est réclamée au gouvernement canadien par la CIDH, mais la commission a tout de même demandé des détails au Canada sur le nombre de personnes emprisonnées, ainsi que sur leur arrestation et leurs conditions de détention.

La majorité des arrêtés placent un espoir dans les procédures judiciaires à venir. D’autant plus que si les accusations sont tombées, c’est que le procureur estime que la preuve fournie par les policiers était insuffisante. Les agents de la paix torontois se sont justifiés en estimant que «la preuve nécessaire pour procéder à une arrestation n’est pas la même que celle dont les procureurs ont besoin pour aller en procès». Les militants incarcérés pendant environ 72 heures en juin dernier espèrent que les démarches judiciaires prouveront que les policiers ont eu tort d’agir de la sorte.

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