UQAM, la fashion victime

Ouverture controversée de la Boutique UQAM

Jouer au golf avec un polo de l’ESG? Cruiser avec un t-shirt sexy à l’effigie des Citadins? Depuis l’ouverture de la nouvelle Boutique UQAM, c’est désormais possible, au grand dam de certains étudiants qui dénoncent l’initiative mercantile de la Coop UQAM.

Pavillon Hubert-Aquin, à l’heure du dîner. Une trentaine de personnes scandent des slogans tout en distribuant des tracts aux passants. La hausse des frais de scolarité? Non, pas cette fois. Une étudiante empoigne son porte-voix et attire l’attention de la foule. «Nous, étudiantes et étudiants, nous opposons à l’ouverture de la boutique de produits dérivés de l’UQAM!» s’écrie-t-elle durant l’inauguration de la nouvelle Boutique UQAM. Le 23 septembre dernier, une poignée d’élèves ont protesté contre l’ouverture de ce magasin géré par la Coop UQAM. Chandails, bouteilles de plastique et balles de golf à l’effigie de l’Université y trônent dans une large vitrine, le long des souterrains entre le Salon G et la bibliothèque centrale.

«Nous critiquons l’inauguration anti-démocratique de la boutique, car cette décision a été prise sans que les étudiants soient consultés», s’insurge Danie Royer, étudiante à la maîtrise en sociologie. Pour elle et ses collègues militants, l’UQAM n’est pas une marque de commerce. Les tracts distribués lors du rassemblement étudiant indiquent que «les administrations des universités tentent de plus en plus de faire des universités des marques de commerce, de les publiciser et de les faire entrer en concurrence les unes contre les autres».

Un constat que réfute la vice-rectrice aux affaires administratives et financières à l’UQAM, Monique Goyette. «L’Université a jugé que le projet de la boutique était dans l’intérêt de tous les étudiants», affirme-t-elle. Il y a un peu plus d’un an, dans le cadre du 40e anniversaire de l’UQAM, le bureau des diplômés de l’Université a mis en vente quelques produits promotionnels à la Coop UQAM. «Tout s’est vendu très rapidement, affirme la directrice générale de la coopérative, Andrée Moro. Les étudiants ont dit « fantastique »! On a eu beaucoup de suggestions et d’idées de leur part pour ajouter différents produits.»

Si cahiers de notes, tasses et clés USB aux couleurs bleue et blanche assouvissent le sentiment d’appartenance des uqamiens, la gamme de produits promotionnels représente aussi une vitrine pour l’établissement universitaire. Toutefois, ça ne semble pas être la priorité de l’Université. «Oui, ça donne une visibilité à l’UQAM, mais on n’a pas l’objectif de faire des profits avec cette boutique», soutient Monique Goyette.

Premier arrivé, dernier servi

Les manifestants dénoncent aussi l’espace qu’occupe le magasin alors que plusieurs projets étudiants sont refusés sous prétexte d’un manque de locaux. «Ça fait trois ans que le Collectif étudiant à la transformation alimentaire communautaire et écologique (CETACE) attend qu’on lui attribue un local pour son projet de cuisines collectives», déplore Danie Royer, l’initiatrice du mouvement étudiant. La vice-rectrice aux affaires administratives et financières, Monique Goyette, maintient que le projet du groupe CETACE est toujours un dossier ouvert. «Il aurait été difficile d’utiliser cet emplacement pour les cuisines collectives puisqu’elles auraient fait concurrence au Salon G, situé tout près. Il faut que ce soit diversifié», justifie-t-elle.

Le directeur du bureau des transactions immobilières de l’UQAM, Alain Milette, confirme qu’il était impossible d’intégrer davantage d’articles promotionnels dans la coopérative à cause d’un manque d’espace. L’administration de l’Université a donc accepté de louer l’espace pour la création d’une boutique consacrée entièrement à la vente de produits à l’effigie de l’UQAM. Le bureau des transactions immobilières de l’UQAM a gardé confidentiel le prix du loyer de la boutique. Cependant, son bail s’étend sur cinq ans. Seuls les logos de l’équipe des Citadins, de la faculté des Sciences et de l’ESG peuvent pour l’instant être arborés par les étudiants. Mais la coopérative poursuit actuellement le dialogue avec les autres facultés pour les intégrer graduellement au sein de la boutique.

La nouvelle Boutique UQAM occupe présentement une partie de l’ancien Bureauphile, un magasin qui vendait des fournitures de bureau, du matériel d’art et avait une section réservée à quelques articles promotionnels. L’entreprise auxiliaire, qui se trouve aujourd’hui au sous-sol de l’Université, a fermé ses portes il y a trois ans au niveau métro du pavillon Hubert-Aquin à cause d’un déficit majeur. «Contrairement au Bureauphile, nous avons jugé que le projet de la Coop UQAM fonctionnerait, maintient Monique Goyette aux affaires administratives et financières. Par contre, ce n’est pas notre rôle de s’en assurer.»

UQAM + taxes

Les deux adversaires s’entendent cependant sur un point: les publicités de la marque American Apparel utilisées pour les vêtements du commerce sont sexistes. Andrée Moro fait valoir que la compagnie de mode a été choisie pour le bon traitement de ses employés et la qualité de son coton. En attendant d’écouler ses stocks, la coopérative recherche présentement un fournisseur qui ne présentera pas des publicités dégradantes dans sa campagne de marketing.
Même si la boutique vient à peine d’ouvrir ses portes, Andrée Moro affirme que les ventes ont été bonnes jusqu’alors et continueront d’augmenter. Les objectifs financiers de la boutique n’étaient toutefois pas disponibles. Elle assure que les profits seront redistribués à la communauté étudiante. L’an passé, la coopérative a octroyé 130 000 $ en bourses, dons et commandites à la Fondation de l’UQAM et au Centre sportif.

Qui sait, peut-être que le Quartier latin sera bientôt inondé de logos UQAM, comme le centre-ville est envahi par ceux des universités McGill et Concordia.

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