À deux clics de ton député

 

Site Web interactif sur les travaux parlementaires

L’informaticien Michael Mulley amène les Canadiens dans les coulisses de la Chambre des communes grâce à son site Web openparliament.ca. Le geek citoyen emprunte l’interactivité des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour diffuser les activités du Parlement sur la toile.

Photo:Pascale Préfontaine

 

«Fascinantes et importantes», voilà comment Michael Mulley, programmeur Web dans la trentaine, perçoit les activités parlementaires au Canada. Les mots «ennuyante et déprimante» qualifient selon lui la présentation des sites Web mis sur pied par le gouvernement pour informer les citoyens. «L’information actuelle est souvent inaccessible et les sites gouvernementaux ne fonctionnent pas très bien», déplore le Montréalais. Pour pallier le manque de convivialité des sites officiels et pour surveiller le travail de nos élus, Michael Mulley a créé openparliament.ca en avril 2010. Son site Web collige toute l’information publique disponible au Parlement canadien.

 

Loin des interminables transcriptions des interventions proclamées en Chambre, openparliament.ca classe les déclarations par thème et par député. En trois clics, vous pouvez lire l’opinion de Maxime Bernier sur la position canadienne vis-à-vis de l’Iran, twitter avec l’ancien ministre ou vous retrouver sur son site personnel. Depuis sa mise en ligne, les Canadiens sont entre 600 et 8000 par jour à suivre les travaux parlementaires de leurs députés.

 

La commissaire à l’information du Canada, Suzanne Legault, croit fermement que les sites comme celui de Michael Mulley sont la voie du futur, surtout dans le contexte du désengagement des citoyens à l’égard de la politique. «Quand on regarde le taux de participation très bas aux dernières élections, particulièrement chez les moins de 25 ans, on se rend compte qu’il y a un manque de dialogue entre le gouvernement et la population, relève-t-elle. Les jeunes sont sur Facebook et Twitter, bref, sur des sites qui génèrent beaucoup plus d’interaction.»

 

Déconnecté, le gouvernement canadien?

Michael Mulley pense que les autres pays sont beaucoup plus avancés en matière d’ouverture sur l’information publique. Il s’est d’ailleurs lui-même inspiré du site TheyWorkForYou.com créé par des citoyens du Royaume-Uni qui surveillent le Parlement britannique. Toutefois, il ne croit pas que le gouvernement canadien puisse créer le genre de site qu’il conçoit. «Le gouvernement a beaucoup plus de contraintes que moi. Les échanges entre les députés sont mis en lien sur Twitter. Est-ce que le gouvernement va faire ça? Je ne pense pas.»

 

Suzanne Legault déplore que cette initiative ne vienne pas de l’État, mais des citoyens. «Le gouvernement fédéral doit avoir un rôle de leadership parce qu’il perd du terrain par rapport aux autres pays», fait-elle valoir. Elle précise toutefois que les sites de certains ministères, comme Ressources naturelles Canada ou Environnement Canada, ont mis sur pied des interfaces plus accessibles et interactives pour le public.

 

L’anti-virus du cynisme politique

Selon le spécialiste en histoire et en politique canadienne, Michel Sarra-Bournet, le site Web aménagé par Michael Mulley réunit toute l’information pertinente au débat public et ressemble davantage à ce que les jeunes consultent. «Par contre, je ne suis pas certain que ça changera quelque chose dans un contexte où les gens sont désillusionnés par la politique, avance-t-il. Même si les pages sont faciles d’accès, il faut déjà s’intéresser aux activités parlementaires pour le consulter.» Le chargé de cours à l’Université de Montréal et à l’UQAM pense tout de même que l’initiative vient d’abaisser la marche entre l’accessibilité à l’information et l’intérêt des gens. «Je ne connaissais pas le site auparavant. Maintenant, je vais l’ajouter à mes favoris sur mon ordinateur», s’exclame-t-il en riant.

 

L’interface de Michael Mulley

Après avoir travaillé pendant six ans à New York comme consultant informatique, Michael Mulley revient à Montréal avec l’idée de démarrer ce projet. Celui qui a étudié la linguistique et l’informatique n’a pourtant pas la fibre politique. «Je ne veux pas devenir politicien. Je m’y intéresse simplement et j’essaie de m’impliquer car je crois que c’est important que les citoyens soient informés», souligne-t-il modestement. Il s’investit bénévolement à raison de 15 heures par semaine dans son entreprise à but non lucratif. Même s’il fait affaire avec quelques collaborateurs, il juge avoir créé environ 90% du site. Michael Mulley confie, dans un français incertain, qu’il aime mettre en branle plusieurs projets et voir que son travail est apprécié. «Il est vraiment bon de voir que les gens réagissent et aiment mon travail, dit-il. Je communique même avec plusieurs députés comme Carolyn Bennett et Thomas Mulcair qui le consultent fréquemment».

 

Le prochain défi du développeur Web? Élargir son public. «Si quelqu’un veut se lancer dans une version française de mon site, je suis prêt à lui donner tous les logiciels pour l’aider. Pour moi, ce serait deux fois plus de travail et je ne suis pas assez à l’aise avec le français», admet-il. Reste à voir si la nouvelle génération d’électeurs consultera openparliament.ca entre deux Tweets.

 

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *