Vert au volant

Une nouvelle mode: l’éco-conduite

Après une bataille acharnée pour réduire l’émission de CO2 des voitures et lutter pour la démocratisation du transport en commun, les environnementalistes ont un nouveau champ de bataille: les habitudes de conduite.

Photo : Jean-François Hamelin

Par conviction ou par opportunisme, l’Association canadienne des automobilistes (CAA) entre dans la vague verte et vante les bienfaits de l’éco-conduite. «C’est sur toutes les tribunes, difficile d’y échapper», explique Brigitte Roussy, porte-parole de CAA. Selon eux, il s’agit du choix abordable et environnemental par excellence. 

Être écologique au volant, c’est simple: démarrer en douceur, freiner moins brusquement et diminuer ses accélérations et ses décélérations. Le conducteur aux ambitions vertes doit aussi entretenir sa voiture régulièrement, planifier ses voyages pour éviter les kilométrages en trop et promouvoir le covoiturage.

Daniel Breton, chroniqueur auto-écolo pour le Devoir et co-fondateur du Parti vert du Québec, salue cette initiative. Il croit que cette tendance n’est pas encore une mode très répandue, mais que c’est un bon début. «Il faut qu’on réalise que l’environnement fait toujours partie de l’équation.» Son souhait se réalise lentement, mais sûrement.

Les cours de conduite, désormais obligatoires pour tout nouveau conducteur québécois, suivent également cette vague. Depuis le 17 janvier dernier, un module complet est dédié à l’éco-conduite. La directrice du groupe des écoles de conduite TECNIC, Mylène Sévigny, vante les bienfaits de la nouvelle formule. «Les nouveaux conducteurs seront plus conscientisés à une conduite verte», assure-t-elle.  Selon Daniel Breton, on a enfin trouvé un bon argument pour que les jeunes lèvent le pied de l’accélérateur. L’ancien porte-parole de la coalition QuébecKyoto croit que le slogan «la vitesse tue» est démodé. Il faut plutôt miser sur: «la vitesse détruit la planète».

Selon Brigitte Roussy, nul besoin de se procurer la voiture hybride dernier cri pour être écologique. Comme la plupart des véhicules fonctionnent encore à l’essence, l’association a décidé de travailler à la base, en changeant le comportement des gens qui tiennent le volant plutôt qu’en misant sur ce qui se trouve sous le capot.

CAA et Pollution Probe, un organisme environnemental canadien, ont lancé un site Internet, un logiciel, divers outils de relations publiques et même un simulateur d’éco-conduite. En 2008, lorsque les prix de l’essence ont explosé, des membres de CAA appelaient l’association pour savoir comment réduire leur consommation d’essence. CAA a flairé la bonne occasion et a mis sur pied le programme d’éco-conduite avec Pollution Probe. Celui-ci permet de réaliser 10 à 15% d’économies au démarrage et dans les premiers kilomètres, selon les données de Brigitte Roussy. Daniel Breton soutient même que sans changer de voiture, un conducteur peut brûler 20% moins d’essence.

Bernard Dufour, jeune conducteur dans la vingtaine, a essayé ce simulateur. «C’est comme un jeu d’arcade», raconte-t-il. Un jeu d’arcade qui indique combien d’essence est consommée à chaque manœuvre.

L’étudiant en communications à l’UQAM a bien aimé l’expérience malgré un léger stress. «On sent l’œil du professionnel de CAA-Québec derrière nous et on veut pas avoir l’air trop poche!».  Est-ce que le simulateur a permis de changer les habitudes de conduite du jeune homme? «Au début, oui. Mais trois mois plus tard, disons que j’y pense de moins en moins.»

Bernard Dufour croit que le meilleur outil de CAA est plutôt le compteur qu’on peut installer directement dans les voitures et qui fait le décompte en temps réel du carburant dépensé. Selon lui, les conducteurs ont besoin de se faire dire constamment qu’ils dépensent trop d’essence, sinon ils ne mettront jamais en pratique les techniques apprises. 

Rebecca Spring, porte-parole de Pollution Probe, craint aussi que les conducteurs aient de la difficulté à assimiler les techniques d’éco-conduite de façon quotidienne. Cet appareil, qui calcule les dépenses de gaz, est un «rappel constant» pour le chauffeur, contrairement aux changements d’habitude qui sont longs à assimiler. 

Selon Daniel Breton, l’appareil devrait être obligatoire, parce que sinon, «on fait de l’éco-conduite seulement par guess, mais on ne sait pas vraiment si ça a un impact».

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *