Professeur gadget

L’UQAM développe ses attributs technologiques 

Les cours des futurs uqamiens seront bien différents de ceux de leurs prédécesseurs: sur le Web, avec un tableau interactif ou un télévoteur, l’apprentissage se fera en mode techno. Bienvenue dans l’université du XXIe siècle.

Photo: Jean-François Hamelin

Il y a longtemps que la poussière de craie ne provoque plus les éternuements dans les salles de cours de l’UQAM. Le tableau noir et la baguette de bois ont été remplacés par les powerpoints et les crayons-feutres. D’ici quelques années, ces deux outils pourraient néanmoins devenir aussi archaïques que leurs prédécesseurs. De nouvelles technologies font leur entrée dans les universités et promettent de révolutionner la manière d’apprendre et d’enseigner.

Pour les uqamiens désireux d’entrevoir l’avenir, une visite sur le campus de McGill s’impose. L’université montréalaise est la première au pays en ce qui a trait à l’intégration des technologies de l’information et des communications (TIC) dans l’enseignement, selon le Canadian University Report 2010 réalisé par le Globe And Mail. 

«On est bien servi en matière de technologie», confirme Dave Braganza, étudiant en commerce à la prestigieuse université. Le jeune homme peut revoir certain de ses cours sur le Web en tout temps et comme la plupart de ses collègues, il dispose d’un télévoteur. Un peu comme le public de Who Wants to be a Millionnaire, cette petite télécommande achetée pour 50 dollars lui permet de répondre aux questions du professeur en classe. Les résultats sont automatiquement colligés et affichés au tableau blanc interactif – immense écran tactile – permettant au professeur de vérifier si la matière a été bien comprise. 

L’étudiant originaire d’Ottawa constate que ces nouveaux gadgets ne favorisent pas nécessairement l’assiduité des étudiants. «Honnêtement, les gens ne s’en préoccupent pas trop, observe-t-il. Beaucoup sèchent les cours parce qu’ils peuvent les réécouter sur le Web.» Bien que quelques professeurs attribuent des points basés sur l’utilisation du télévoteur pour attirer les élèves en classe, la mesure n’est pas sans faille. «Certains étudiants viennent cinq minutes au début du cours le temps de répondre à une question et repartent ensuite», remarque Dave Braganza.
L’UQAM du futur

À quand de pareilles technologies entre les murs bruns de l’Université du peuple? «Pas avant quelques années», admet le directeur du service de l’audiovisuel, Denis Vaillancourt. Ce passionné de technologies est le chef d’orchestre derrière le déploiement des TIC à l’UQAM. Pas question de foncer tête baissée dans l’achat d’équipement très coûteux, explique-t-il. «On ne veut pas développer un éléphant blanc. On veut s’assurer des besoins avant d’engager des investissements.» 

Pour ce faire, trois classes servent actuellement de cobayes pour tester l’implantation de nouvelles technologies d’apprentissage: les télévoteurs, un système d’enregistrement de cours et les tableaux blancs interactifs (TBI). Ces derniers permettent au professeur de surligner des mots ou déplacer des images en les manipulant directement sur le tableau. 

Le professeur Jérôme Claverie teste présentement ces nouvelles fonctionnalités. «Ça n’a pas révolutionné ma manière d’enseigner. Le télévoteur me permet tout de même d’avoir le pouls de la classe et les questions lancées tiennent les étudiants éveillés. Ça donne un côté ludique au cours.» 

Le directeur et son équipe du service de l’audiovisuel finalisent aussi la traduction d’une nouvelle plateforme qui permettra aux uqamiens de suivre leurs cours en direct – ou en rediffusion – sur le Web. PANOPTO, un logiciel à code source ouvert, n’engendrera pas de frais de licence, explique Denis Vaillancourt. «À McGill, ça leur a couté près de 20 000$ par auditorium pour instaurer leur système d’enregistrement de cours et leur plateforme de diffusion web. À l’UQAM, on compte faire mieux avec moins, en misant sur des logiciels libres, que l’on peut adapter à nos besoins.» Dans les prochains mois, une politique de déploiement sera élaborée par l’UQAM. «Il faut voir à la sécurité et pouvoir protéger les droits d’auteurs sur le contenu mis en ligne», explique le directeur.
Bouder Moodle ?

Denis Vaillancourt promet que la nouvelle plateforme de diffusion sera compatible avec Moodle, un autre logiciel libre adopté par l’UQAM il y a trois ans. Le portail permet à un groupe-cours de bénéficier d’un espace virtuel. Le professeur peut y afficher les consignes pour un travail et mettre en ligne un questionnaire d’auto-évaluation, alors que les étudiants peuvent y déposer leurs travaux, par exemple. «C’est le cœur des technologies de l’apprentissage à l’UQAM pour le moment», affirme Denis Vaillancourt.
 
Son usage n’est toutefois pas encore généralisé. Seulement le quart des groupes-cours utilise la plateforme pour la présente session, selon les données compilées par le Service de l’informatique et des télécommunications (SITEL). «Ça prend un peu de temps avant que les professeurs adoptent Moodle, reconnaît Marcel Simoneau, directeur de la division des services à l’enseignement et à la recherche du SITEL. Ça se fait par département. Un professeur qui essaie Moodle va souvent encourager ses collègues à le faire aussi.» Un service-conseil est offert par le SITEL pour aider les professeurs et étudiants qui ont des difficultés à utiliser la plateforme. Il traite environ 500 demandes par mois, dévoile Marcel Simoneau. 
Avec des frais technologiques de 50,16$ par session, les uqamiens sont les étudiants montréalais qui paient le moins cher pour l’entretien et le fonctionnement des infrastructures informatiques de leur université. En comparaison, les étudiants à McGill doivent débourser 210,30$ par session. L’installation de nouveaux équipements fera-t-elle grimper la facture? Pas selon Denis Vaillancourt. «Les projets sont choisis en fonction des budgets disponibles et l’installation des équipements nécessaires se fera graduellement. Je ne crois pas qu’ils entraîneront davantage de frais d’entretien.»

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