Hausse des frais de scolarité?

L’ex-premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, s’est prononcé en faveur d’une hausse des frais de scolarité comprise entre 2 200$ et 10 000$, lors d’une conférence donnée ce matin 23 février à l’Hôtel Reine Élisabeth. Différentes personnalités de la sphère politique, du monde des affaires et d’anciens représentants étudiants, eux aussi présents, ont ainsi donné leur appui au gouvernement Charest dans le combat qui l’oppose aux étudiants.
Présenté comme un Pacte pour le financement concurrentiel de nos universités, le projet présenté ce 23 février au matin porte, entre autres, la griffe de l’ancienne ministre des Finances et présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, ainsi que de l’ancien recteur de l’Université de Montréal, Robert Lacroix. Il consiste en une hausse de la facture étudiante étalée sur trois ans et commençant en 2012 pour renflouer les coffres des universités. La Belle Province possède actuellement une des factures étudiantes les moins élevées au Canada. «Le Québec est déjà la province qui soutient le plus l’éducation, a souligné Lucien Bouchard. La remise à flot des universités passe nécessairement par la hausse des frais de scolarité.»
Selon Robert Lacroix, le financement actuel des universités québécoises est un échec complet, avec un déficit cumulé des institutions d’enseignement post-secondaire d’environ 500 millions de dollars par année. L’ancien recteur a souligné l’impact négatif de cette situation sur la qualité de l’enseignement. À l’Université de Montréal, plus de 50% des enseignants de premier cycle sont des chargés de cours car l’institution ne peut pas payer de professeurs. «Quand j’étais en poste, je n’osais pas dire que les diplômes de l’Université de Montréal perdaient de la valeur, a indiqué Robert Lacroix. Mais c’est vrai. Après 15 années de sous-financement, on ne peut pas dire qu’on a la meilleure éducation qui soit.»
Un des points centraux de la proposition consiste à un déplafonnement des frais de scolarité en fonction du domaine d’étude. L’augmentation serait ainsi calculée en fonction des revenus futurs du diplômé et du coût de sa formation. Des études en médecine coûteraient donc 10 000$ de plus qu’actuellement, tandis que des études en sciences sociales augmenteraient de 2 200$.
Les associations étudiantes sur le pied de guerre
Pour le vice-président aux affaires universitaires de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Louis-Philippe Savoie, la hausse des frais en fonction du champ d’étude empêchera l’accessibilité aux études. «L’exemple de l’université Western en Ontario a démontré que cela revient à nier la mobilité sociale, explique-t-il. Après la hausse des frais de certains programmes, le nombre d’étudiants issus de familles modestes a fondu du tiers. La différenciation empêche les moins nantis d’aller dans des programmes onéreux.»
L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) persiste à dire que le gouvernement aurait les moyens de financer ses universités par une réforme fiscale progressive. «Depuis des années, les péquistes comme les libéraux ont baissé les taxes et favorisé le crédit aux entreprises, a indiqué Alex Desrochers, le secrétaire aux relations internes. Il y a d’autres moyens de combler le sous-financement qu’en faisant payer les étudiants.»
Tant la FEUQ que l’ASSE et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) se sont dites profondément déçues de voir d’anciens militants étudiants soutenir le projet. «C’est triste venant de la part d’anciens du mouvement, a indiqué le président de la FECQ, Xavier Lefebvre Boucher. On se serait attendu à mieux, surtout qu’ils usurpent le nom de notre organisation.»
La ministre de l’Éducation, des loisirs et des sports, Michelle Courchesne, et le ministre des Finances, Raymond Bachan, ont salué le projet de hausse des frais ainsi que les différents signataires, par voie de communiqué de presse.

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