À la solde de personne

Voici la réponse officielle de l’équipe de Montréal Campus concernant la controverse suscitée par l’enquête publiée le mercredi 10 février sous le nom «La leçon d’anarchie».
 
Le mercredi 10 février, le Montréal Campus a publié entre ses pages une enquête exclusive intitulée «La leçon d’anarchie». Cet article est le résultat de quatre mois d’une recherche rigoureuse du journaliste David Riendeau. L’enquête s’appuie sur des faits publiés dans les procès-verbaux d’assemblées générales ou de réunions du comité exécutif tenus entre 2007 et 2009 par certaines associations étudiantes. À l’aide de faits vérifiés et de chiffres consignés dans des documents officiels, l’enquête prouve hors de tout doute que des associations étudiantes ont accordé des sommes allant de 500 à 2300 dollars à des mouvements sociaux militants au cours des deux dernières années.
Pour l’article complet, cliquez ici : http://www.montrealcampus.ca/la-lecon-danarchie  
Cet article a soulevé de nombreuses réactions sur la page facebook de Montréal Campus depuis sa publication. Certains accusent la direction du journal de «s’acharner contre le mouvement étudiant de l’UQAM», allant même jusqu’à comparer Montréal Campus à la controversée chaîne d’information américaine Fox News. D’autres nous accusent d’avoir fabriqué un faux scandale. Les créateurs du groupe «Pour un Montréal Campus au service de la cause étudiante», inauguré jeudi suite à la publication de l’enquête, expliquent: «En sommes (sic), nous voulons que le Montréal Campus cesse de se battre CONTRE le mouvement étudiant et qu’il commence enfin à se battre AVEC le mouvement étudiant!» 
En fait, plusieurs membres d’associations étudiantes ne voient aucun problème à ce que leur regroupement finance des mouvements militants qui ne sont pas impliqués sur le campus. «Nous ne nions pas être progressistes, de gauche, altermondialistes, communistes ou anarchistes. Nous l’assumons complètement. Qu’est-ce qui est choquant? Si à la base les décisions sont prises démocratiquement en Assemblée générale, et c’est une condition sine qua non à la légitimité des décisions, quel est le problème?» 
Le problème, c’est que les transactions monétaires et les échanges de bons procédés entre militants ne sont une réalité banale et quotidienne que pour les membres des comités exécutifs des associations impliquées. Pour le reste de la communauté étudiante, ces liens sont méconnus et peuvent être remis en question. 
Il est évident que l’équipe de rédaction comme l’auteur de cette enquête inédite — qui a été réécrite, révisée et corrigée près d’une dizaine de fois avant sa publication — anticipaient les réactions des associations étudiantes et des entités concernées au moment de la parution. Toutefois aucun des faits relevés dans l’article n’a été remis en question dans les nombreux commentaires reçus. Ce fait semble bien la preuve que l’enquête présentée est non seulement vraie, mais surtout pertinente.
  
Montréal Campus accepte les critiques et les prend en considération. Nous sommes une publication prônant la liberté d’expression et nous devons respecter et honorer celle de nos lecteurs. C’est pourquoi nous publierons intégralement dans notre prochaine parution plusieurs des lettres et commentaires reçus depuis mercredi dernier.  
Toutefois, les attaques proférées à l’endroit du journaliste David Riendeau et de l’illustrateur de la une et de l’article, l’artiste Dominique Morin — qui, on s’en doute bien, n’a fait qu’illustrer un concept proposé par l’équipe de rédaction de Montréal Campus — sont inacceptables. Le lendemain de la publication de «La leçon d’anarchie», trois hommes se sont présentés au bureau de Montréal Campus à la recherche du journaliste David Riendeau. Devant leur ton intimidant, nous avons contacté les Services de la prévention et de la sécurité de l’UQAM. Quelques jours plus tard, certains membres du personnel recevaient des appels de menaces anonymes à leur domicile. Il est lâche et faux de penser que nous tolérons cette intimidation facile et cette violence gratuite. 
Ces réactions démesurées sont d’autant plus déplorables que les relations entre Montréal Campus et les associations étudiantes se sont toujours déroulées dans un esprit d’écoute et d’ouverture. Depuis près de trente ans, notre publication s’intéresse à bon nombre de préoccupations étudiantes. L’équipe rédactionnelle s’est toujours montrée avenante à l’égard des membres d’associations étudiantes venus nous faire part de leurs préoccupations. À plusieurs reprises, ces discussions ont mené à la publication d’articles et à l’avancement de causes étudiantes. Ce qui n’est pour l’instant qu’une tempête de mots gagnerait à se transformer en véritable débat public, nous en sommes convaincus. À titre d’exemple, nous reconnaissons l’effort de dialogue déployé par les représentants de l’Association facultaire des étudiants en sciences humaines (AFESH).

La situation actuelle illustre bien la pertinence d’une telle enquête et surtout la nécessité d’un journal indépendant à l’Université du Québec à Montréal. Indépendant de l’institution qu’il couvre, mais aussi de toute contrainte économique et politique, ce qui lui permet de pratiquer le journalisme sans aucune forme de censure, qu’elle provienne de l’intérieur ou de l’extérieur du campus. Indépendant également de toute association étudiante, sans quoi il n’aurait jamais pu publier la présente enquête. Cette chance est rarissime dans le monde médiatique d’aujourd’hui.  

Ceux qui souhaitent qu’enfin Montréal Campus commence «à se battre AVEC le mouvement étudiant» s’enfoncent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. C’est justement notre indépendance rédactionnelle qui nous permet de défendre au mieux les intérêts étudiants. Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes les gardiens d’une démarche journalistique libre et objective. Et nous le demeurerons. 
Valérie Ouellet, rédactrice en chef, et toute l’équipe de rédaction de Montréal Campus

Commentaires

Une réponse à “À la solde de personne”

  1. Avatar de Gilles Robin
    Gilles Robin

    Totalement inacceptable!
    Je n’en reviens pas.
    J’ai partagé sur ma page Facebook

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *