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La webtélé récompensée

Bombe.tv, 33Mag, lecouple.tv, Urler.tv, pourlefun.tv, montreal.tv, hockey30.com et une foule d’autres sites se vouent à la vidéo en ligne. Un buzz, vous dites? Simplement de nouveaux modèles d’affaires et des gens qui ont des idées, avec une plate-forme pour se défouler.
Illustration: Dominique Morin (www.spoutnikmorin.net)

Se faire frapper par un train. Des blocs Lego qui se transforment en dinosaures pacifiques. Une conversation politico-sexuelle dans les toilettes d’un bar. La webtélé permet à des contenus originaux de voir le jour. Au Québec, l’industrie de la production multimédia regroupe plus d’une centaine d’entreprises qui génèrent au-delà de 3000 emplois. Créateurs, producteurs, artistes de la Toile et geeks surdoués habillent le monde audiovisuel de façon innovatrice. Ils seront maintenant récompensés lors du gala NUMIX.

NUMIX est un concours qui compte souligner l’excellence en production multimédia. Le directeur des prix NUMIX, Michel Jolicoeur, explique que jusqu’à maintenant, aucun prix n’était directement décerné à ceux qui produisent du contenu original et interactif. Le gala animé par le blogueur et animateur Dominic Arpin se déroulera à la fin d’avril. Avis aux intéressés: tout contenu original multimédia produit au Québec en 2009 peut être soumis au jury. Que vous ayez conçu la borne animée d’un musée montréalais, ou produit le dernier vidéo d’arrière-trame des DJs de l’Igloofest ou même le vidéo corporatif d’une compagnie boursière pour attirer les investisseurs, vous êtes admissibles.

Urler.tv compte bien soumettre un de leurs épisodes au jury des NUMIX.  Le groupe, qui a lancé sa deuxième saison à la SAT le 26 janvier, était en compagnie de Jeune Chilly Chill, Otarie et Ghostbeard pour courtiser une foule urbaine réunissant plusieurs blogueurs montréalais. Ce sont ces animaux de nuit qui font vivre les webtélés et dans le cas d’Urler, qui l’ont conçue. «On s’appelle encore par nos noms MySpace», lance en riant une des co-fondatrices du site Annie Bélanger. Elle est également l’animatrice de Putes de lancement, une capsule d’Urler qui consiste à «se faufiler dans les lancements et les 5 à 7 de la ville pour « bitcher » et critiquer la qualité des hors-d’œuvres et la gratuité de l’alcool qu’on y sert». 

Au départ, les gens d’Urler bloguaient chacun de leur côté et se voyaient la binette dans les mêmes bars jusqu’à ce qu’ils décident de créer une plate-forme commune. Le principe d’Urler est simple: tu as une idée, tu en parles et tu embarques. Une autre co-fondatrice du site, Anne-Marie Bergeron, définit Urler comme un incubateur de projets axés sur le Web. «Urler, c’est vraiment la mise en commun des idées, mais aussi des ressources, ajoute un collaborateur, Simon Hobeila. Un a une caméra, l’autre un micro, l’autre un écran vert, le dernier fait de l’animation. Chacun garde son style, mais tout le monde s’entraide.» Simon Hobeila ne voit pas d’inconvénient à ce que les collaborateurs fournissent des capsules ludiques. «Si tu es dans un parc, que tu vois quelque chose d’intéressant et que tu décides de le filmer avec ta caméra photo, j’ai pas de problème avec ça.» 
Ton lien contre le mien

33mag, Bombe.tv, Didier Ze Mime, Chez Jules.tv et autres ont carrément développé des modèles d’affaires: commanditaires ou placement de produits, publicité en début de clip et autopromotion. Sans parler de l’échange de visibilité entre webtélés.

Le co-fondateur de Bombe.tv, Jeff Lee, explique que le site est une plate-forme de diffusion, mais que le but n’est pas nécessairement que le contenu y soit directement visionné. «On fait du contenu multiplateforme. Notre modèle d’affaires prévoit que les gens ne regardent pas tous nos vidéos de la même façon», précise-t-il. Si l’un veut regarder le clip à partir de Youtube sur son iPhone, parfait. Si l’autre veut suivre le lien d’un Tweet pour voir la dernière capsule, excellent. 
Leçon numéro un: se démarquer
Le président de RADAR services médias, Gilbert Ouellette, est un observateur de l’univers Web et multimédia depuis plus de dix ans. À l’époque, mettre une vidéo de Jacques Parizeau sur le premier site du gouvernement du Québec était une horreur. «Ça durait 30 secondes et ça prenait 15 minutes à télécharger. C’était vraiment plus symbolique qu’autre chose», avoue Gilbert Ouellette. Selon lui, il fallait le faire. Il fallait être à l’avant-garde. Il soutient que c’est toujours le cas aujourd’hui. «Ceux qui ont plusieurs visionnements aujourd’hui sont ceux qui ont fait le saut dans la webtélé il y a cinq ou six ans. Ceux qui ont commencé hier et qui imitent les autres mourront demain.»

Selon lui, les gens regardent des tranches de quatre minutes de contenu interactif sur le Web. Après cette durée, ils décrochent. Une étude BBM faite en 2009 révèle qu’il s’agirait plutôt de deux minutes. La clé est donc de retenir l’attention «des 18-34 ans montréalais», estime Jeff Lee.

Le Top 25 des émissions et séries Web les plus regardées aux États-Unis contient quasi exclusivement des émissions à caractère ludique. Les Têtes à claques, Coloc.tv et Contrat d’gars sont les exemples québécois.

NUMIX compte donc récompenser quelques-uns des meilleurs producteurs de ce type de contenu de plus en plus prisé par la communauté virtuelle. Preuve que la webtélé est devenue la messe dominicale de la génération Y.

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