Y a-t-il un baby-sitter dans la salle?

Projet de halte-garderie à l’UQAM

Les parents étudiants de l’UQAM réclament depuis belle lurette un service de garde adapté à leurs besoins, mais l’Université tarde à agir. À quand les bébés dans les salles de cours?

Photo: Frédérique Ménard-Aubin

Pour éviter les sprints en poussette entre les cours et les examens entre deux biberons, le Comité de soutien aux parents étudiants de l’UQAM (CSPE), déposera prochainement une étude de faisabilité pour un projet de halte-garderie sur le campus universitaire. Cependant, devant le manque d’enthousiasme de l’Université pour l’initiative, le regroupement a dû recourir aux diverses associations étudiantes pour financer la réalisation de cette étude.

Le projet de halte-garderie contribuerait à répondre aux besoins criants qu’ont les parents étudiants de l’UQAM. L’enquête sur les indicateurs de conditions de poursuite des études (ICOPE) réalisée en 2001 révèle qu’un étudiant de l’Université sur six est parent. Ce serait donc plus de 6500 enfants qui doivent être pris en charge. Or, à l’heure actuelle, les trois CPE réservés à la communauté uqamienne disposent de moins de 150 places. Des places dont la moitié est réservée aux enfants des enseignants et du personnel, explique Daniel Verreault, le directeur du CPE Mamuse, situé au rez-de-chaussée du pavillon Hubert-Aquin.

Dans la garderie de Daniel Verreault, la patience est de mise. Deux années d’attente sont nécessaires pour obtenir une des précieuses places à 7$ par jour. Et  la liste d’attente s’allonge sans cesse. Le directeur reçoit chaque jour une nouvelle demande. De plus, les rares parents qui parviennent à avoir une place doivent payer pour l’année entière, même si leur enfant ne fréquente le CPE que durant les quinze semaines de la session.

Par ailleurs, comme le souligne Julie Noël, coordonnatrice du CSPE et maman de deux enfants, les CPE ne sont pas adaptés à l’horaire d’un étudiant. «Quelqu’un qui a un cours le soir ou un examen la fin de semaine ne peut pas amener son enfant au CPE. S’il ne trouve personne  pour le garder, il risque de manquer l’école.» C’est le cas de Malorie Gosselin, uqamienne de 25 ans et mère d’un garçon de 4 ans, qui a déchanté à la vue de son cours du lundi soir. Elle a tenté de changer son horaire, sans succès. Heureusement, la jeune maman peut compter sur le soutien de son conjoint et de sa famille. «Certains parents n’ont pas cette aide là, déplore-t-elle. Ils ne peuvent pas se permettre d’aller à l’école.» L’étudiante en journalisme ajoute qu’une solide organisation est indispensable pour concilier famille et études. Elle a d’ailleurs développé sa propre technique pour ne pas perdre la tête. Ses moindres activités sont soigneusement planifiées dans son agenda grâce à un système de couleurs. «Le temps que je passe avec mon fils est planifié des jours à l’avance. Si je ne faisais pas ça, je ne le verrais tout simplement pas.»

Politique familiale recherchée

En parallèle du projet de halte-garderie, le CSPE tente aussi de faire adopter une politique familiale officielle par l’Université. Cette mesure obligerait certains enseignants à être plus conciliants, selon Julie Noël. «La plupart des enseignants sont super compréhensifs, observe-t-elle, mais d’autres ne veulent rien entendre.» Elle évoque l’avertissement d’un enseignant  en début de session: «Si vous êtes souffrants, vous n’avez qu’à m’apporter un billet du médecin, mais venez pas me dire que votre enfant est malade.» Avec une politique familiale, la coordonnatrice du comité estime que des situations semblables pourraient être évitées. Elle suggère aussi que la politique garantisse aux parents étudiants la possibilité de faire tous leurs examens durant les heures d’ouverture des CPE.  
Malheureusement, malgré un besoin criant, les projets du CSPE semblent encore bien loin de se concrétiser. «L’université n’a pas l’air de croire en nous, explique la militante. On se fait dire qu’on est un comité trop nouveau.»

France Turbide, directrice de la division d’accueil et de soutien aux projets étudiants des services à la vie étudiante, se défend d’être contre les idées du CSPE. Elle assure même que les projets du comité font partie de ses priorités cette année. «Personne ne remet en cause la nécessité d’une prise en charge correcte des parents étudiants, mais ce sont les moyens qui nous manquent», déplore-t-elle. La directrice admet que la structure administrative de l’UQAM tend aussi à ralentir le processus de création de la halte-garderie.

De son côté, Julie Noël, la coordonatrice du Comité de soutien aux parents étudiants maintient que l’immobilisme de l’Université du peuple doit cesser. «L’UQAM n’aura pas le choix de s’adapter.» Et le CSPE, avec ses quelques 500 membres, n’est pas près d’abandonner la bataille.

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