La culture à on

Les OFF Festivals servent la culture émergente

Les OFF Festivals s’ancrent dans les calendriers des passionnés de culture émergente québécoise. Loin d’être dans l’ombre de leurs grands frères, ces festivals indépendants touchent un public qui n’aurait pu être charmé autrement.

«La première fois, on a monté ça en trois semaines.» Érika Soucy-Simoneau ne parle ni d’une soirée bénéfice ou d’une partie de balle molle, mais bien du de l’OFF Festival de poésie de Trois-Rivières, maintenant âgé de trois ans. Partout dans la province, des festivals émergents s’organisent en marge des grands événements. Ceux qu’on appelle les OFF Festivals font à leur tête pour promouvoir une programmation artistique au cœur jeune.

Malgré leur manque de ressources, ces événements sont bien établis dans le milieu culturel québécois. Le L’OFF Festival de Jazz de Montréal a fêté son dixième anniversaire dans la métropole, tandis que le l’OFF Festival d’été de Québec et le l’OFF du Lac à Sherbrooke proposent une alternative solution de rechange plus underground aux festivaliers depuis six et quatre ans respectivement.

Oubliez les têtes d’affiches connues du grand public. Les groupes proviennent davantage de la relève, comme le révèle la programmation du dernier OFF Festival d’été de Québec: Bernard Adamus, Pawa up First et Les Cougarettes, pour ne nommer que ceux-là. Mais les OFF ne sont pas que musicaux. Certains privilégient le théâtre et la danse, dans le cas du de l’OFF.T.A. (TransAmériques), ou la poésie.

Dans la ville trifluviennemauricienne, Érika Soucy-Simoneau trouvait que les amateurs de poésie n’étaient pas toujours bien servi par le Festival international de poésie de Trois-Rivières (FIPTR), malgré les 25 bougies qu’il venait de souffler. C’est autour d’une bière que la La décision a été prise devant une bière: il fallait créer un événement alternatif. «Le FIPTR a l’air d’un gros colloque de poètes. Ça met la poésie en valeur, mais ce n’est pas accessible pour la population locale. Les micros ouverts, par exemple, étaient réservés à ceux qui avaient déjà publié», explique la fondatrice, qui dit avoir beaucoup de respect pour le grand frère de son protégé. Exit les 5 à 7 classiques du FIPTR, bienvenue à l’ambiance festive et aux paroles déstabilisantes des poètes émergents.

Les douze jours de festivités du de l’OFF n’ont rien à voir avec les restaurants, la musique classique et les pianos à queue des soirées plus traditionnelles du FIPTR. Beaucoup plus éclatées et conviviales, les soirées du de l’OFF veulent prouver que «la poésie, ça peut devenir trippant», soutient la fondatrice. Un exemple? Le combo Noize and words, où la musique noize accompagne les paroles de poètes émergents, qui n’encaissent pas de chèques pour leurs performances. «Ce sont des choses qu’on accepte dans le milieu émergent. De mon côté, c’est par amour de la poésie que je fais ça.»

Le même amour a poussé un collectif de musiciens à créer le’ OFF Festival de Jazz. «Au départ, ça a été lancé en réaction au Festival international de jazz de Montréal (FIJM), se rappelle le coordonnateur Jean-Jules Pilotes. Les musiciens d’ici ne jouaient pas. Et quand ils jouaient, c’étaient toujours les mêmes, ou ils jouaient dehors, dans des conditions de travail pénibles.»

Air de famille

Les festivals d’envergures se sentent-ils menacé menacés par les OFF? «Plus maintenant, affirme Érika Soucy-Simoneau. Mais lors de la première édition, on était considérés comme des parasites, même si on ne voulait pas aller en contradiction, mais plutôt en parallèle avec le FIPTR.»

À Montréal, l’OFF Festival de Jazz est aujourd’hui complètement décalé de son frérot pour permettre au plus petit d’avoir un public nombreux et une place de choix dans les médias. Jean-Jules Pilote soutient que, malgré les années, le l’OFF est aussi pertinent qu’à ses débuts. « Ça a apporté beaucoup de changements. Maintenant, le FIJM organise des concerts à l’année, avec plus de musiciens d’ici. On pense que c’est ça, l’effet du de l’OFF. Mais il y a encore des chanteurs pops dans la programmation du FIJM. Ça n’enlève rien à ces artistes. Mais notre mission à nous, c’est de continuer à faire connaître le jazz qu’on fait ici.»

Histoire de gang?

Même si les OFF semblent liés par une même ligne directrice, les différents festivals entretiennent peu de relations avec leurs cousins éloignés. Pour Érika Soucy-Simoneau, c’est principalement pour conserver sa liberté au niveau de la programmation qu’elle trace le chemin de son festival en solo.

Lorsque Montréal Campus a demandé à Festivals et événements Québec (FEQ) leur avis sur les OFF de la province, le directeur général, Pierre-Paul Leduc, n’a pas su quoi répondre. C’est que les OFF ne figurent pas parmi les quelques centaines de membres de FEQ. «Ils auraient intérêt à l’être. Ils ne sont pas réseautés. Dans une industrie comme la nôtre, il faut se mettre en contact avec nos pairs.»

Certains petits festivals se regroupent tout de même autrement, pour scander haut et fort leur droit de survie par rapport aux événements déjà bien établis. Après le Festival d’été de Québec, c’était au tour des festivals Fringe et Suoni per il popolo et de l’OFF Festival de jazz d’exiger le statu quo des dates des grands festivals. Rappelons que l’été dernier, les FrancoFolies et le FIJM ont troqué les mois de juillet et d’août pour contre le mois de juin, selon les désirs de Spectra. Les petits festivals qui travaillaient fort pour bâtir une clientèle et une couverture médiatique ont qualifié cette décision d’unilatérale.

Les organisateurs du de l’OFF Festival de jazz espèrent que les événements affectés s’unissent pour discutter avec la ville et le groupe Spectra afin que ce dernier conserve son ancienne plage horaire. Pour Jean-Jules Pilote, du de l’OFF Festival de jazz, «le développement culturel d’une ville n’appartient pas qu’à une seule compagnie».

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