Du rire en capsule

Les humoristes du multimédia

Le multimédia se fraie une place grandissante dans l’industrie de l’humour en recrutant de jeunes talents. À leur sortie de l’École nationale de l’humour, plusieurs diplômés réussissent même à vivre du rire, à l’ombre des projecteurs.

Photo Sonia Landry

Où se cachent les jeunes humoristes de la relève? Sur la toile ou encore derrière l’objectif d’une caméra! Ces comiques insèrent de plus en plus de projets multimédias sur Internet et dans les spectacles des humoristes chouchous des Québécois.

Avant de prendre en charge un humoriste, les producteurs vont tout d’abord voir ce qu’il fait sur le Web. «Les jeunes de la relève ont intérêt à utiliser Internet, c’est même essentiel, souligne Martin Langlois, professeur à l’École Nationale de l’Humour (ENH). C’est la nouvelle porte d’entrée du show-business.» Également producteur de spectacles et gérant d’artistes, il considère que la toile «devient un outil de mesure du succès», puisqu’il est possible de connaître le nombre de visiteurs et de membres rattachés au site d’un humoriste.

Conscient du virage multimédia de l’humour, Martin Langlois enseigne à ses étudiants comment développer des séries Web. À la fin de la session, leurs idées sont présentées à des représentants de l’industrie comme Canoë, Sympatico, Juste pour rire et d’autres producteurs télé. «L’an passé, deux projets se sont fait financer pour une série complète», renchérit-il.

La directrice de l’école, Louise Richer, croit que «l’idée est de diversifier les compétences des futurs humoristes. Ils ne peuvent pas juste dire ”je ne veux faire que du stand up”. J’ose croire que les gens vont trouver des débouchés dans ce domaine-là.»

Humour branché

Diplômé de l’ENH en 2005, Luc Michaud a décidé d’investir son talent sur Internet. «J’ai un style d’humour qui ne colle pas aux spectacles dans les bars. J’incarne plein de personnages et il n’y a pas de place pour se changer rapidement en général», explique-t-il. Il s’est donc lancé avec quatre de ses amis dans la conception de sketchs, sous forme de capsules vidéo, qu’ils diffusent principalement sur leur site pleinmoncass.tv. «Notre but ultime, c’est que ça passe à la télévision et qu’on puisse gagner notre vie uniquement avec ça. C’est notre projet numéro un, même si on travaille tous sur d’autres projets en parallèle», souligne Luc Michaud.

L’équipe de Plein mon cass a d’ailleurs vécu une belle avancée cette année. Leurs capsules sont maintenant diffusées sur le site de Canoë. Ils ont également été nominés au Gala des Olivier en mai dernier et leur site a été choisi comme coup de cœur de la semaine, l’hiver dernier, à l’émission Vlog. Comble du bonheur, environ un millier de personnes par semaine consultent leur site Internet.

Vidéo à petit budget

Pascal Barriault conçoit des capsules vidéo pour une panoplie de projets, après seulement un an sur le marché du travail. Il a notamment travaillé sur le spectacle 2008, revue et corrigée du Théâtre du Rideau Vert. «Avant même de sortir de l’école, je travaillais là-dessus. J’ai rédigé quelques sketchs, mais j’ai surtout écrit, conçu et monté la plupart des capsules vidéos. C’est vraiment le côté vidéo qui m’a amené dans l’équipe», raconte l’humoriste absurde. Il travaille présentement à insérer d’autres vidéos humoristiques dans le prochain spectacle de Cathy Gauthier.

«Comme on n’est pas beaucoup à faire de la vidéo à petit budget, mon nom circule très vite dans le milieu, mentionne Pascal Barriault. Je suis très autodidacte. À force de faire de la vidéo, j’en viens à faire des trucs plus propres et plus professionnels. Je dois même parfois refuser des contrats».

Les blagueurs blogueurs

En plus d’utiliser le Web pour charmer les producteurs, plusieurs humoristes s’en servent pour se rapprocher du public. Pierre Hébert, qui a participé deux fois au gala Juste pour rire, a son propre blogue. Il l’utilise principalement pour publier les dates de ses spectacles et s’assurer une visibilité. Il invite les gens à donner leurs commentaires ou à poser leurs questions.

Pascal Barriault utilise régulièrement Facebook pour promouvoir ses spectacles et concours auprès de ses nombreux amis internautes, mais aussi pour dénicher des accessoires qui sortent parfois de l’ordinaire. Dernièrement, les quatre membres du collectif Les Jambons de l’humour, dont Pascal fait partie, ont réussi à mettre la main sur une authentique tête de cochon en publiant une annonce sur le populaire site de réseautage. La trouvaille leur a permis de concevoir l’affiche promotionnelle des Jambon de l’humour, où elle trône au milieu de la table, une pomme dans la bouche.

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