À la recherche du stage perdu

La crise affecte l’offre de stage

Pas facile de trouver un stage rémunéré en temps de crise. Les possibilités demeurent nombreuses, à condition de revoir ses attentes à la baisse.

Les étudiants à la recherche d’un stage n’échappent pas à la crise économique. Avant de mettre à pied leurs employés, les entreprises coupent les expériences en milieu de travail offertes aux universitaires, surtout si elles sont rémunérés.

En 2008-2009, la directrice du service des stages et du placement à l’École Polytechnique de Montréal a observé une diminution de 3% de l’offre de stage pour les sessions d’automne et d’hiver et de 15% pour la session estivale. «Il ne faut pas trop s’en inquiéter, soutient Maryse Deschênes. La diminution est beaucoup moins importante qu’anticipée.»

Pourtant, elle constate que 7% moins d’étudiants ont déniché un stage l’an dernier. Selon elle, les étudiants ont été découragés par la crise économique avant même d’entreprendre leurs recherches. Certains auraient même accepté des stages aux conditions précaires par peur de ne rien trouver. Petite exception: les étudiants en génie civil qui ont pu bénéficier de l’investissement massif du gouvernement dans les travaux d’infrastructure. L’École de technologie supérieure a quant  elle vu ses offres de stage diminuer de moitié. Alors qu’en 2008 il y avait 6 offres par étudiant, ce nombre s’est abaissé à 3 en 2009.

Le coordonnateur de stages à la Faculté de communication de l’Université de Sherbrooke, Sébastien Huberdeau, souligne que ce sont les entreprises privées qui ont réduit leur offre de stages cette année. «Elles sont devenues plus frileuses, principalement en raison du ralentissement économique, tandis que les ententes conclues avec les différents paliers de gouvernement sont pour leur part demeurées stables. Malgré tout, nous avons réussi à placer tout le monde, à l’exception d’une seule personne», se réjouit-il.

Les étudiants parviennent à se placer, certes, mais à quel prix? Pour Gabrielle Gauvin, étudiante au baccalauréat en musicothérapie à l’UQAM, la quête s’est avérée ardue: «On m’a offert un seul stage, en anglais, et non payé. Je l’ai accepté parce que rien ne m’assurait que je trouverais autre chose.» Le processus habituel veut que l’Université propose des offres de stages aux étudiants en musicothérapie. L’UQAM semble avoir éprouvé plus de difficulté cette année. Au moment de mettre sous presse, un étudiant n’avait pas encore trouvé.

Être non rémunéré, la clé?

À la Faculté de communication de l’UQAM, Claude Labrecque est le point de chute des messages adressés aux étudiants par les employeurs. Contrairement à ses confrères, il a constaté une hausse de l’offre de stages cette année comparativement aux années précédentes. Le climat économique au ralenti encourage selon lui les employeurs à recourir à des stagiaires non rémunérés plutôt que d’engager des salariés.

Réjean Gaudreau, chargé de cours à l’UQAM et superviseur de stages en communication, profil journalisme, n’a pas, lui non plus, observé une diminution majeure cette année. «J’aurais de la difficulté à croire qu’en ce moment la crise économique a une quelconque influence sur l’offre de stage.  Sur ceux qui sont rémunérés peut-être, mais autrement non.»

«La Faculté de communication de l’UQAM est très réputée, ajoute Claude Labrecque. Lorsque nos étudiants cognent aux portes par eux-mêmes, ils réussissent à se trouver un stage.» Selon ses statistiques, la moitié des étudiants se sont placés par leurs propres moyens et n’ont pas eu recours aux offres qu’il leur a acheminées.

Contrairement à l’Université de Sherbrooke, où tous les stages se doivent d’être rémunérés et à temps plein, ceux offerts en communication à l’UQAM s’effectuent majoritairement sans rémunération. «Après seulement un an et demi de formation, si on oblige la rémunération, est-ce qu’on verrait nombre de possibilités réduire? C’est ma crainte», confie Réjean Gaudreau. Tout comme Sébastien Huberdeau, il soutient que tous les étudiants à la recherche de stages ont trouvé ce qu’ils cherchaient.
Pour la directrice du service des stages et du placement à l’École Polytechnique de Montréal, Maryse Deschênes, les grands perdants de la crise économique sont les finissants. «C’est sur des postes permanents que le ralentissement économique se fait davantage sentir. Les étudiants sortis en mai sont frappés de plein fouet.» Avis à ceux qui croyaient qu’un stage pouvait les mener à un poste permanent: revenez quand la crise sera passée!

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