Le côté sombre de l’UQAM


 

Visite des lieux mal famés de l’Université

 

Niché au cœur du centre-ville, le pavillon Judith-Jasmin est le refuge de sans-abri, toxicomanes et travailleurs du sexe. Montréal Campus vous propose une visite guidée de ses recoins multiples dont plusieurs font l’objet d’histoires à coucher dehors. 


 

Pot-pourri d’une piquerie


Les cours extérieures du pavillon Judith-Jasmin, qui font face à la Grande Bibliothèque et au parc Émilie-Gamelin, prennent des allures de dépotoir lorsque la neige fond. De forts relents d’urine et d’excréments flottent dans l’air. «Les sans-abris font carrément leurs besoins à terre», constate le directeur principal au Service des immeubles et de l’équipement de l’UQAM, Éric Bellavance. En plus des déchets humains, de nombreuses seringues usagées s’accumulent dans les bosquets et entre les treillis des barrières métalliques. Leurs capuchons orangés contrastent avec le béton gris cendré. Habituée à cette scène de rue, l’équipe d’entretien de la firme Allied, engagée par l’UQAM, ramasse chaque lundi matin plus d’une dizaine d’aiguilles souillées. La cachette d’un revendeur de drogue a aussi déjà été repérée: il s’agissait d’une boîte verrouillée, habituellement remplie de sel de déglaçage, qui appartient à l’UQAM. Les trafiquants en coupent le cadenas et le remplacent par le leur. «Tout leur stock est en sécurité. Les dealers le sont aussi puisqu’ils évitent de se faire prendre les poches pleines», explique Éric Bellavance.

 





Sexe et drogue au petit coin

Les toilettes du J-M015 et J-M020 sont à l’occasion le lieu de travail des prostitués des deux sexes, autant homosexuels qu’hétérosexuels, qui racolent leurs clients aux pourtours du complexe universitaire. «Ce phénomène demeure toutefois isolé», rapporte Éric Bellavance. Les surveillants ont de la difficulté à surprendre les travailleurs du sexe et leurs clients les culottes baissées. Le temps de recevoir l’appel et de le traiter, voilà qu’ils ont pris la poudre d’escampette. Les cabinets d’aisance des étages supérieurs, situés au J-1750 et J-1755, connaissent également leur lot d’ennuis. Des seringues jetées dans les cuvettes obstruent les conduites d’eau. Le problème a été soulevé par Montréal Campus en février 2008 et s’est sensiblement résorbé depuis. «Nous sommes passés d’une dizaine d’alertes à une ou deux par mois», note Éric Bellavance. Cette baisse enregistrée est attribuable à un renforcement des effectifs de surveillance et à une étroite collaboration entre ceux-ci et le Service des immeubles et de l’équipement. À la suite d’un consensus administratif, l’Université a notamment mis sous clé neuf toilettes problématiques du pavillon Judith-Jasmin. Elles sont uniquement réservées au personnel uqamien.

 

Cachette rebut et corrigée

 

L’hiver, la chaleur de l’UQAM devient un véritable Eldorado pour les itinérants. Certains usent de stratégies surprenantes pour passer incognito dans les couloirs de l’Université. Cette année, un sans feu ni lieu s’est infiltré en douce jusqu’aux portillons du sous-sol du pavillon Judith-Jasmin où il s’est improvisé un nid dans un conteneur à déchets. Il a réussi à passer quelques heures dans le dépôt de matières résiduelles du J-S025, le corps recouvert d’un sac-poubelle. Lorsqu’un employé de l’entretien l’a découvert par hasard, il n’a pas hésité à appeler la sécurité. Le vagabond a été expulsé de son lit, sous le regard ébahi des gardiens et du concierge. «Nous n’avions jamais traité un problème de la sorte auparavant», assure Éric Bellavance, qui espère grandement qu’une fois n’est pas coutume

 





Chaud et bien au chaud

La cage d’escalier du septième étage du Judith-Jasmin, située tout près des ascenseurs, devient la terre d’accueil de nombreux visiteurs indésirables. Derrière les portes coupe-feu du J-7038, se faufilent des itinérants à la recherche d’un brin de chaleur ou d’un endroit où picoler en retrait. Bouteilles d’alcool à la main, ils pénètrent par les sorties d’urgence et zigzaguent le long des escaliers en colimaçon. «Au fil du temps, certains habitués connaissent les heures de tournée des gardiens de sécurité, affirme Éric Bellavance. Souvent, ils arrivent à y passer plusieurs heures avant de se faire expulser. C’est là que le jeu du chat et de la souris commence.»

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