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Le réseau de l’Université du Québec en péril

Le réseau de l’Université du Québec a 40 ans cette année et son âge commence à se fait sentir. Certaines universités membres pensent que l’heure de la remise en forme a sonné. Les recteurs se liguent présentement pour faire part de leurs revendications à la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne.

 

Photo Jean-Sébastien Robert

 

L’Université du Québec (UQ) est aujourd’hui sur la sellette. Créé à l’origine pour développer la formation universitaire sur l’ensemble de la province, le réseau est aujourd’hui critiqué de toutes parts pour son fonctionnement centralisé. Montréal Campus a interviewé quatre recteurs du réseau pour connaître la teneur de leurs requêtes.

 

Montréal Campus: Pourquoi le réseau de l’Université du Québec est-il aujourd’hui remis en question?


Claude Corbo, UQAM:
Quarante ans après la fondation du réseau, les choses ont évolué. Les universités n’ont plus autant besoin de se réunir pour confronter le gouvernement. Elles interagissent de plus en plus directement avec le ministère de l’Éducation. Elles sont aussi assez mûres pour être indépendantes, lorsqu’il s’agit d’attribuer des subventions. Actuellement, il faut que les décisions budgétaires passent par l’Assemblée des gouverneurs de l’UQ, en plus des conseils d’administration (C.A.) des universités. Ce n’est pas logique qu’une instance éloignée dicte quoi faire à ses membres. On sait bien que la planification, autant budgétaire que scolaire, ça ne peut pas venir d’en haut, ça doit se décider à l’interne.
MC: Est-ce que l’Assemblée des gouverneurs devrait être supprimée?

Yves Beauchamp, directeur général École de technologie supérieure (ETS): Il est clair qu’il est temps que le réseau actualise ses modes d’opération. Présentement, il faut toujours présenter les projets de subventions de plus d’un million de dollars dans une réunion qui réunit tous les membres du réseau. Mais je m’en fous de savoir ce que l’Université du Québec à Trois-Rivières veut! De toute manière, les projets qu’on amène en réunion de l’Assemblée sont toujours acceptés en 5 minutes, c’est inutile. Ça ralentit notre pouvoir décisionnel et la pertinence d’une deuxième instance est discutable. Il est grand temps d’enlever quelques irritants, dont le fonctionnement actuel de l’Assemblée des gouverneurs.

 


MC: Y a-t-il un lien entre la débâcle financière de l’UQAM et le fait que les membres du réseau veulent en revoir le fonctionnement?


Claude Corbo, recteur UQAM:
Les problèmes financiers de l’UQAM ont démontré que l’Assemblée des gouverneurs du réseau UQ est inutile. L’enquête du vérificateur du Québec sur les rapports immobiliers de l’UQAM a clairement établi que le réseau UQ n’aurait jamais pu empêcher la situation.
Jean Vaillancourt, Université du Québec en Outaouais (UQO): C’est sûr que les problèmes financiers à l’UQAM nous ont poussés à nous questionner. Deux mille neuf est devenue l’année des débats sur la gouvernance.

 

MC: Mais le réseau a quand même eu des effets positifs?


Jean Vaillancourt, UQO:
Certainement! C’est le réseau qui a permis de développer des campus en région. L’Outaouais et le Saguenay ont maintenant accès à une éducation de qualité. Les UQ ont aussi développé une expertise dans le développement de programmes à temps partiel. Elles sont les championnes des programmes d’études de soirs et de fins de semaine.

Marcel Proulx, ENAP: Je crois que le réseau, c’est le meilleur des deux mondes: l’indépendance dans un groupe fort. On a la possibilité de faire beaucoup plus ensemble que séparément. On collabore déjà beaucoup pour ce qui est des services administratifs, des services de télécommunication, du système informatique et de gestion. Le réseau nous permet aussi d’avoir accès à une expertise de pointe. Il a une très bonne banque d’experts auxquels toutes les constituantes peuvent faire référence.

Claude Corbo, UQAM: C’est sûr que l’UQAM collabore avec les universités du réseau, mais elle a aussi des chaires de recherches communes avec l’Université de Montréal ou de Sherbrooke. La collaboration, ça se demande, mais ça ne se commande pas.

 

MC: L’abolition du réseau est-elle à l’ordre du jour?

Claude Corbo, UQAM: Pas nécessairement. Je ne demande pas de défaire le réseau, mais de le transformer. Il faut donner plus de pouvoirs aux universités.

Yves Beauchamp, ETS: La pertinence du réseau va toujours demeurer. Il n’y a seulement pas lieu d’avoir un siège social qui dicte leurs actions aux constituantes.

 


MC: Après le départ de l’ex-président du réseau, Pierre Moreau, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, avait annoncé des consultations publiques sur l’avenir d’Université du Québec. Le cabinet de la ministre a cependant affirmé à Montréal Campus que ces consultations ont été effacées de son agenda. Qu’en pensez-vous?

Marcel Proulx, ENAP: L’UQ n’échappera pas à un débat sur sa modernisation. On ne sait pas quelle forme ça prendra. Ça dépendra aussi des décisions prises par le gouvernement pour la présidence du réseau. Il faut aussi voir si l’Assemblée des gouverneurs décide de se transformer d’elle-même.

Yves Beauchamp, ETS: C’est sûr qu’on souhaite avoir l’occasion de discuter avec le gouvernement du futur du réseau des UQ. Les neuf établissements ont déjà amorcés une réflexion sur la manière dont on pourrait actualiser le réseau, ce qui pourrait mener à une modification de la Loi sur l’Université du Québec. Une lettre a été signée par tous les chefs d’établissement et envoyée à Michelle Courschene. Les recteurs en sont finalement venus à s’entendre sur un projet de modification de la loi qui réduirait le pouvoir de l’Assemblée des gouverneurs. On est présentement en attente d’une rencontre avec la ministre.

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