Quand la machine à rumeurs s’emballe

L’UQAM avait vécu un trimestre bien tranquille l’automne dernier. Pas de grève contre la hausse des frais de scolarité, pas de manifestations non plus, ou à peine, seulement pour garder la forme; pas d’occupation du bureau du recteur, ni de défilé de filles nues au conseil d’administration. Un trimestre bien ennuyeux, en somme, dans les annales de l’Université.Voilà toutefois que les 11 et 12 décembre dernier, l’UQAM s’est pris pour un thriller de Brian de Palma. Un tireur fou, un colis suspect, une alerte à la bombe ont mobilisé tour à tour le Service de police de la Ville de Montréal. Tout ça pour aboutir à un canular de bien mauvais goût.

Pendant les heures qui ont suivi ces faux attentats, la machine à rumeurs a tourné à plein régime. Tous avaient leur petite idée sur l’auteur de la fumisterie. Je dis l’auteur, mais il peut tout aussi bien s’agir d’auteurs, d’auteure et même d’auteures, puisque, on l’a vu avec les amazones, les filles aussi sont capables de coups d’éclat. Mais qui donc est venu ainsi troubler la paix relative de cette université devenue sage ?
Puisque la police se garde bien de dévoiler ses soupçons sur l’identité du petit plaisantin, j’ai parcouru les articles qui ont rapporté les événements pour y dénicher de véritables petits bijoux d’inventivité, ou de simple paranoïa.

Prenons d’abord l’hypothèse retenue par les autorités: un étudiant – ou plusieurs – aurait simulé une fusillade, posé un colis suspect dans les toilettes et ensuite fait un appel à la bombe pour éviter un examen. Pendant des jours, l’individu se serait donné tout ce mal, alors que pour bien moins d’efforts, il aurait très bien pu étudier. Sinon, il s’est trompé de domaine et serait beaucoup plus à sa place au cinéma, plus précisément aux effets spéciaux.
Autre piste suggérée dans l’article «UQAM: la deuxième alerte en deux jours» d’Hugo Meunier, Violaine Ballivy et Daphné Cameron de La Presse : «Plusieurs étudiants ont avancé l’hypothèse que des revendeurs de drogue, omniprésents dans les environs de l’UQAM, aient fomenté les deux incidents en représailles contre les policiers qui entravent leur trafic.» Hypothèse que la police s’est empressée de démentir, comme le rapporte l’article. À mon avis, ce n’est pas dans les sciences de l’éducation que le marché de la drogue est le plus lucratif, mais bien dans celui des sciences humaines. Nul besoin non plus de se rendre jusqu’au pavillon Hubert-Aquin pour trouver la gamme complète de produits illicites, le service est accessible directement à l’entrée de la station Berri-UQAM.

Si l’on continue sur le chemin des hypothèses loufoques, celle d’un internaute qui a commenté le même article de La Presse doit absolument être mentionnée. «Sebpoo32» a avancé que les attentats seraient l’œuvre des concierges de l’Université, dont les négociations en vue du renouvellement de la convention collective avancent à pas de tortue. «Parce que deux fois en deux jours, ça ressemble bien plus à de la tactique syndicale qu’à des plaisantins qui vont tôt ou tard être obligés de les faire, leurs foutus exams!» Je suppose que, pour répliquer à cette brillante tactique, la direction, voire Claude Corbo lui-même, aurait perpétré l’alerte à la bombe à la CSN, le 17 décembre suivant. D’accord, le SEUQAM est associé à la FTQ, mais ses bureaux sont fichtrement loin de l’UQAM. Alors que la CSN, c’est à côté. Il a même pu réaliser son méfait avant de se rendre au bureau le mercredi matin. De toute façon, les maudits syndicats, c’est toute la même gang, vous dites vous.

Sincèrement, que de magnifiques scénarios! Sébastien Rose pourra toujours s’en inspirer pour son prochain film sur les déboires du monde universitaire. À moins que ce ne soit lui qui ait tout orchestré…

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