Services psychologiques difficiles d’accès à l’UQAM
Pas facile de trouver du soutien psychologique accessible lorsqu’on est étudiant. Des ressources sont disponibles à l’UQAM, mais les listes d’attente sont interminables. En pleine fin de session, de nombreux étudiants n’ont plus les moyens de patienter.
Rachel en est à sa dernière année de baccalauréat à l’UQAM. En octobre dernier, elle s’est rendue au comptoir de soutien psychologique des Services à la vie étudiante (SVE), afin d’obtenir un rendez-vous pour une consultation. La réceptionniste a apposé son nom à l’agenda pour le mois suivant. Entre-temps, elle a téléphoné au Centre de services psychologiques de l’Université (CSP), avec l’espoir de rencontrer un spécialiste plus rapidement. Pas de chance: le CSP n’avait aucune disponibilité avant la session d’hiver.
«L’Université n’a jamais eu un gros service de soutien psychologique», admet le directeur des SVE, Jean-Louis Richer. Seulement deux psychologues s’affairent à rencontrer les étudiants au comptoir de soutien. Le directeur aimerait en faire plus, mais cela nécessiterait «du financement, du personnel, des locaux et une organisation différente». Malgré tout, les SVE embaucheront deux nouvelles psychologues en décembre. «On s’attend à ce que la liste d’attente diminue à ce moment», espère Jean-Louis Richer.
En attendant, les étudiants se font ballotter d’un service à l’autre. Lorsque Stéphanie, en stage d’études en enseignement des arts, a tenté de prendre rendez-vous au comptoir des SVE, la réceptionniste l’a référée à la clinique du CSP, située un étage plus haut. «La liste d’attente y est de trois mois! s’exclame-t-elle. Lorsque tu ne dors plus et qu’aucun service n’est disponible au moment où tu en as besoin, ça aggrave ton cas.»
Selon le directeur du CSP, Marc-Simon Drouin, les listes d’attentes se situent normalement autour d’un mois. Pourtant, lorsque Montréal Campus a contacté la réception du Centre pour prendre rendez-vous, aucune place n’était disponible avant l’automne 2009. Les étudiants peuvent s’inscrire sur une liste d’attente au cas où un espace se libérerait, mais la date de rencontre demeure imprévisible. «Nous sommes une clinique universitaire qui s’adresse à l’ensemble de la population de Montréal», rappelle le directeur.
Incapables de consulter à l’UQAM, plusieurs étudiants se tournent vers le Centre d’écoute, d’aide et de référence, un organisme indépendant dont les locaux se situent entre les murs de l’Université. Ce service sans rendez-vous offre de l’écoute active, mais pas de soutien psychologique.
Des calmants en attendant
Au Québec, la plupart des établissements d’enseignement universitaires offrent des services de soutien psychologique, même si aucune règle ne les y oblige. Selon la psychologue clinicienne Hélène Huard, ce service est primordial pour les étudiants. «Ils sont à un âge où l’on construit son identité adulte, ce qui peut causer énormément d’angoisse.»
La psychologue mentionne que les complications vécues par les étudiants de l’UQAM pour obtenir des soins psychologiques reflètent un véritable problème de société. «Les services gratuits sont peu nombreux et les listes d’attentes énormes.»
Ceux qui réussissent à obtenir l’aide de ces services ne sont pas toujours bien conseillés. Lors d’une visite au CLSC de son quartier, Rachel s’est fait référer ailleurs, une fois de plus. «La clinique m’a dit de consulter les services de mon école, qui seront plus rapides. Puis, l’UQAM m’a conseillé d’aller à la clinique!» s’impatiente-elle. La conseillère du CLSC est même allée jusqu’à lui prescrire des calmants pour la faire patienter jusqu’à son rendez-vous avec les SVE.
De son côté, Stéphanie envisage de contacter de nouveau le CSP à la session prochaine. Son autre option serait de consulter à l’extérieur, mais les prix ne lui sont pas accessibles. Hélène Huard abonde dans le même sens. «Dans notre société, les soins psychologiques ne sont pas considérés comme des soins de santé. Si quelqu’un veut des services qui répondent à ses besoins, il doit payer le gros prix», dénonce-t-elle.
Pour ne pas s’y méprendre
Le Centre de soutien psychologique est un service payant. Les patients peuvent y obtenir jusqu’à quinze rencontres individuelles avec l’un des 57 étudiants au doctorat en psychologie. Pour sa part, le soutien des Services à la vie étudiante se veut un outil de référence psychologique et d’orientation. Les rencontres se limitent toutefois au nombre de trois et ce service gratuit n’est réservé qu’aux étudiants de l’Université.
Laisser un commentaire