Avec des parodies savoureuses et du sarcasme à volonté, les joyeux lurons de Prenez garde aux chiens promettent de nous en mettre plein la vue. Plongeon dans un univers déjanté où personne n’est à l’abri, surtout pas Justin Trudeau.
Prenez garde aux chiens ne manque pas d’audace et de mordant. Deux ans après sa formation, la meute peut aussi se vanter d’avoir trouvé son style et un humour à contenu qui va droit au but. David Lemelin, le parrain du projet, pensait depuis longtemps à créer un groupe d’humoristes. C’est finalement autour d’une bière que la bande de Prenez garde aux chiens a décidé de faire le grand saut. «Faut qu’on le fasse!» se sont dit les onze humoristes. «Écrire et tourner des sketchs, c’est ce qui nous fait triper», résume David Lemelin. Leur but: gagner leur croûte en faisant ce qu’ils aiment.
Même si ses choix de vie l’ont souvent fait s’en éloigner, David Lemelin savait qu’il reviendrait un jour ou l’autre à l’humour. Avant de s’y dédier complètement, David Lemelin a activement pratiqué le journalisme, notamment à titre de lecteur de nouvelles à Radio-Canada. On lui avait proposé son premier emploi dans le domaine journalistique en 1999, au moment même où il était accepté à l’École nationale de l’humour. Le jeune diplômé en journalisme et en science politique a choisi… le journalisme! Une erreur de parcours? «Je ne regrette pas mon choix», assure l’humoriste. «En devenant journaliste, j’ai acquis un bagage culturel important. Si j’avais fait l’École de l’humour, je n’aurais pas lu les mêmes livres, appris les mêmes choses.»
Le résultat est un style parfois piquant, souvent sarcastique, mais toujours substantiel. «Même si on a souvent l’air sérieux, on est aussi capables d’être colons!» C’est donc un heureux mélange des genres, avec un côté absurde et un autre plus équilibré. La parodie de Justin Trudeau qui s’adresse à ses électeurs en français et en anglais? C’est eux. Le sketch sur le couple Berné-Couillon? Encore un coup de la meute.
David Lemelin est catégorique, ce qui démarque sa bande des autres, c’est que son existence répond à un besoin. «Je trouvais qu’il y avait vraiment un manque d’humour à contenu au Québec, alors je me suis dit: on va en faire!» Selon lui, trop peu de numéros à saveur politique, économique, environnementale ou sociale sont joués par les humoristes québécois. Ce n’est pourtant pas faute de public pour ce genre humoristique. À preuve, 300 000 personnes sont venues se bidonner l’an dernier sur leur site Internet et ce, sans publicité ni budget.
L’union fait la force
Prenez garde aux chiens, c’est avant tout onze artistes totalement dévoués à la tâche. Des scripteurs aux comédiens en passant par la webmestre et le caméraman, tout le monde met la main à la pâte. Plutôt que d’être humoristes, la majorité d’entre eux sont comédiens de formation. David Lemelin croit que le fond du message tient plus à cœur à ces derniers. «Les comédiens ne pensent pas juste à la performance et à faire rire, le contenu est aussi important». Même s’il reste le principal scripteur de l’émission, David Lemelin observe que la production des émissions se fait de plus en plus en équipe. Tout le monde propose des idées et des concepts, mais le porte-parole de la bande exécute la plus grosse partie du boulot en tandem avec l’auteur et comédien Claude Montmigny.
Côté influences, le groupe en revendique plusieurs: des Cyniques à RBO, aux Guignols de l’info, sans oublier les Monty Python. Le culte que voue Daniel Lemelin à ces derniers en dit beaucoup sur le genre d’humour qui a nourri ses projets actuels. Un mélange des genres qui explique en partie la constitution plutôt hétéroclite du public des Chiens. «Nous recevons surtout des courriels de gars, de gens dans la mi-trentaine, mais aussi de filles et de mères de famille!» Ce public se fait de plus en plus nombreux et ce, malgré le choix conscient de la troupe de n’inclure que des artistes peu connus. «On a refusé d’avoir des gros noms. On a décidé qu’on passerait de nobody à gens connus, ou rien du tout», soutient David Lemelin. Le parrain du groupe craignait que d’inclure un artiste à la réputation établie entraîne des attentes trop grandes de la part du public.
Un autre choix personnel a fait en sorte que la meute a fait sa niche sur Internet avec toute la liberté du monde. Au canal Vox, où leur émission de trente minutes est diffusée chaque semaine, les onze membres jouissent d’une grande marge de manœuvre. Le groupe a exploité cette latitude pour faire des essais et perfectionner son style. «On en profite, on n’a pas d’argent, mais on expérimente», explique David Lemelin. Craignent-ils de devoir freiner leurs élans de folie s’ils sont embauchés par une chaîne plus commerciale? Pour le porte-parole de Prenez garde aux chiens, c’est hors de question. «Si nous sommes aujourd’hui embauchés par un gros réseau, ils savent ce qu’ils achètent, notre nom est forgé.»
Des projets plein la tête
Après Internet et l’émission à Vox, c’est maintenant la scène que l’équipe de Prenez garde aux chiens veut prendre d’assault. David Lemelin confirme que des idées concrètes de spectacles sont déjà sur la table. Un spectacle sur scène amènera une nouvelle dimension à leur humour déluré, espère-t-il. D’autres discussions sont présentement en cours au sujet d’un «programme spécial à Vox pour une revue de fin d’année, mais ce n’est qu’une possibilité», prévient-il. De quoi consoler les fans de RBO en manque de Bye Bye!
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