Terminée l’époque où l’on ne savait plus se servir d’un marteau, d’un tournevis ou d’aiguilles à tricoter. Le bricolage revient en force et les patenteux de tout acabit se reconnaissent maintenant à travers le mouvement Do It Yourself. Les adeptes profiteront du festival Pop Montréal pour mettre à l’avant-plan leurs créations personnalisées.
François Gagné occupe ses temps libres à monter, démonter, visser, coller les morceaux de ce qui sera bientôt une caisse se son. Depuis son enfance, il cherche la perfection acoustique. «J’ai commencé quand j’avais 10 ans. J’aimais la musique et je fabriquais des équipements avec les moyens du bord. Je démontais des systèmes de son, des télévisions et je fabriquais autre chose.» Son passe-temps s’est mué en véritable passion lorsqu’il a quitté l’université. «Mon but était alors de faire un système de son haut de gamme entièrement conçu à la main.»
L’ingénieur électrique chez Nortel se croyait le seul de son espèce jusqu’à l’arrivée d’Internet. «J’ai alors commencé à connaître la communauté audio Do it Yourself (DIY)», relate celui qui est aussi collaborateur au magazine Québec Audio&Vidéo. Il a alors créé un blogue pour aider les autres passionnés et organisé des soirées de rencontre Do It Yourself et des concours de caisse de son.
Pour les bricoleurs comme François, la véritable satisfaction est de fabriquer un produit qui correspond exactement à leurs besoins, ce que la consommation de masse ne permet pas. «Beaucoup de gens nous regardent comme des extraterrestres, admet-il. Mais c’est comme le vin, les connaisseurs apprécient les petites différences. Je peux créer une enceinte acoustique parfaitement adaptée à ma salle, avec un son comme je le veux.»
Changer le monde un outil à la fois
Le terme DIY désignait à l’origine les passionnés qui, comme François, reproduisent à leur façon les objets de la vie courante. Une attitude écologiste et anti-consumériste s’est cependant greffée au concept et le DIY est devenu une nouvelle manière de consommer. «Construis toi-même ce que tu peux acheter» est le précepte du mouvement et il s’applique à tous les produits disponibles sur les tablettes: vêtements, accessoires, équipement audiovisuel, aliments, etc.
Sarah Whidden, une jeune femme de Halifax récemment installée à Montréal, est l’une de ces bricoleuses conscientisées. Elle fabrique des sacs, des accessoires et des vêtements multicolores à partir de tissus recyclés. «J’aime l’idée de transformer un manteau de cuir en un beau sac. Ça stimule l’inventivité.»
Pour la jeune femme, coudre implique davantage qu’un élan créateur. «La plupart des gens trouvent que fabriquer ses propres vêtements est trop long et qu’ils ont mieux à faire. Mais pour moi, c’est une façon de prendre le contrôle de ma consommation. De cette façon, j’utilise des choses qui ont déjà servi et dont les gens se sont débarrassés. C’est éthique et c’est bon pour l’environnement.»
Pour la designer engagée, l’exploitation associée à la production manufacturée doit aussi entrer en ligne de compte lorsque vient le temps de passer à la caisse. «Je pense que c’est mal d’acheter des choses faites par des gens sous-payés, s’insurge Sarah Whidden. Même si tu n’as pas d’argent et que les vêtements sont moins chers, il y a d’autres moyens. C’est toujours mieux d’acheter des produits locaux qui ne sont pas toujours plus chers».
Do It Yourself en vedette
Après avoir longtemps cousu pour son usage personnel, Sarah Whidden vend désormais ses créations dans les bazars. Elle sera prochainement aux Puces Pop, le volet DIY du festival Pop Montréal, qui a lieu du 1er au 5 octobre prochain. Grâce à ce marché aux puces entièrement consacré aux artisans alternatifs, le festival de musique indépendante est devenu une vitrine importante du DIY.
«Pop Montréal est Do It Yourself dans son organisation, explique le coordonnateur logistique et administrateur du festival, Guillaume Decouslet. Toute l’équipe a 30 ans et moins. On fait tout par nous-mêmes. On va dans des espaces alternatifs où l’on est parfois obligés de refaire toute l’installation audio. Pop Montréal est aussi DIY avec le public, poursuit l’organisateur. C’est très participatif comme festival. Si les gens ont des projets qui concordent, on peut les intégrer. Ça repose sur l’énergie et l’inventivité de chacun.»
Ce sont d’ailleurs les initiatives du public qui ont permis à Puces Pop d’être créé. L’espace de deux jours, les festivaliers pourront y découvrir des artisans comme Sarah Whidden. Son volet jeunesse, Kids Pop, accueillera les bricoleurs en herbe les 4 et 5 octobre prochains à l’école Lambert Closse au coin des rues Bernard et Saint-Urbain. «Cette année, dévoile Guillaume Decouslet, il y aura même des ateliers où les jeunes pourront fabriquer leurs propres instruments de musique!» L’événement permettra aux enfants de découvrir l’artiste DIY qui sommeille en eux.
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