Les employés se mettent à table

Le scandale financier lié aux projets immobiliers de l’îlot Voyageur et du Complexe des Sciences oblige l’UQAM à entreprendre depuis l’an dernier une cure minceur budgétaire. Cette mesure prend place au moment où employés et professeurs doivent renouveler leur convention collective.

La stratégie du recteur Claude Corbo pour atteindre l’équilibre budgétaire inquiètent le milieu syndical de l’UQAM. Au printemps, les restrictions budgétaires mises en place afin de combattre le déficit de l’Université ont entraîné la fermeture du bar l’Après-Cours et du Bureauphile, laissant ainsi une vingtaine d’employés sur le carreau.

 

«Nous avons été choqués de la façon dont les choses se sont passées, explique la présidente du Syndicat des employés de l’UQAM (SEUQAM), Liette Garceau. Nous avons appris le mercredi après-midi que le Bureauphile fermait ses portes le vendredi de la même semaine. Nous nous inquiétons maintenant pour nos employés des cafétérias, puisque la direction a déjà annoncé des abolitions de postes.»

 

Les Services des entreprises auxiliaires connaissent d’importantes difficultés budgétaires depuis quelques années. Le déficit des services alimentaires a atteint 460 000 dollars pour l’année budgétaire 2006-2007. À lui seul, l’Après-Cours a enregistré un déficit de 50 000$ en 2005-2006 et de 65 000$ l’année suivante, ce qui a incité l’Université à fermer le bar étudiant.

 

Photo Jean-François HamelinLes finances du Bureauphile étaient également précaires. Depuis le budget 2003-2004, le magasin de fourniture scolaire et artistique a enregistré des déficits variant de 77 000$ à 127 000$.

 

Le directeur des services des entreprises auxiliaires, André Robitaille, a affirmé à Montréal Campus qu’aucune fermeture supplémentaire n’était prévue. Il s’est donné pour objectif d’atteindre l’équilibre budgétaire pour les cafétérias d’ici deux ans, mais il ne possède pas encore «de chiffres formels» quant au nombre de postes qui devront être abolis.

 

 

 

 

Négociations rapides

 

Les restrictions budgétaires surviennent alors que le SEUQAM, le Syndicat des professeurs de l’UQAM (SPUQ) et le Syndicat des étudiants employés de l’UQAM (SÉTUE) négocient la signature d’une nouvelle convention collective. Les contrats de travail du SPUQ et du SEUQAM sont échus depuis le mois de juin 2007 et celui du SÉTUE, depuis le 31 mai.

Les membres du Syndicat des chargés de cours (SCCUQ) ont, quant à eux, approuvé à 94% la signature d’une nouvelle convention collective en mai. Le SCCUQ devient ainsi le seul syndicat uqamien doté d’une nouvelle entente de travail. «Nous sommes satisfaits, puisque nous avons été en mesure d’avoir un accord rapidement, explique le vice-président à l’information, Bernard Dansereau. Nous maintenons nos acquis et nous bénéficions d’un traitement conforme aux politiques salariales du gouvernement.»

 

Le SCCUQ s’est empressé d’accepter l’offre de l’Université afin de ne pas être le dernier syndicat à bénéficier d’une entente et ainsi perdre son pouvoir de négociation. «Nous avons voulu sauver les meubles. Nous n’avons pas fait de gain, mais ne rien perdre en ce moment à l’UQAM, ce n’est pas si pire que ça.»

 

L’entente entre le syndicat et la direction revêt une particularité importante puisque le SCCUQ s’est engagé à contribuer financièrement au redressement financier de l’UQAM. Il versera 100 000$ pour l’année financière 2007-2008, 270 000$ en 2008-2009 et 150 000$ pour les années suivantes jusqu’à la fin de la convention collective, en 2011.

 

La contribution de l’année 2007-2008 a été remise par chèque. Les prochaines ne seront pas remises en argent, mais sous forme d’économies. Le montant de l’année 2008-2009 sera en grande partie composé de toutes les dépenses liées aux négociations collectives qui ont été évitées en raison de la rapidité des négociations.

 

La façon dont le SCCUQ entend permettre à l’UQAM de faire des économies pour les années subséquentes sera débattue en assemblée durant la prochaine session. «Plusieurs scénarios peuvent être envisagés. On peut suggérer à l’UQAM de ne pas imprimer les conventions collectives et d’utiliser un support Web. Nous avons beaucoup de propositions à analyser.»

 

Liette Garceau ne veut pas commenter les négociations entre la direction et les autres syndicats, mais elle n’a pas l’intention de répéter les actions du SCCUQ. «On ne suivra pas cette voie. L’UQAM désire baisser ses dépenses parce qu’elle considère que ses employés sont trop bien payés. Je tiens cependant à rappeler que les travailleurs qui risquent de faire les frais des compressions, comme ceux des cafétérias, sont déjà les moins bien rémunérés.»

 

Travailleurs étudiants

 

Le SÉTUE n’envisage pas d’imiter les chargés de cours. «Nous n’avons pas vraiment les moyens de faire ce type de contribution, explique le président par intérim du regroupement, Éric Demers. Nous contribuons déjà aux caisses de l’Université par le biais de nos frais de scolarité.»

 

Pour l’instant, les négociations entre le SEUQAM et l’Université sont au point mort. La présidente du SEUQAM n’a rencontré la direction qu’une seule fois depuis mai. Elle croit que les discussions seront plus productives une fois que la direction aura terminé de négocier avec le gouvernement.

 

Le SÉTUE n’a pas encore rencontré la direction puisque leur convention collective a pris fin juste avant les vacances estivales. Éric Demers admet que le contexte de négociation est plus difficile vu la situation financière de l’UQAM, mais il reste confiant d’arriver à une entente satisfaisante pour les deux parties.

 

«Je crois que la direction se rend compte que les employés étudiants ont la possibilité d’étudier ailleurs si leurs conditions de travail ne sont pas intéressantes, explique Éric Demers. Il y a une compétition pour recruter les étudiants, surtout ceux des cycles supérieurs.»

 

La présidente du SPUQ, Michèle Nevert, n’a pu répondre aux questions de Montréal Campus puisqu’elle était en vacances au moment de publier. La direction de l’UQAM, quant à elle, était avare de commentaires. «Les négociations se déroulent normalement», estime la directrice des relations avec la presse, Francine Jacques.

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