Jacques K. Primeau : Politiquement culturel

 

 

De Rock et belles oreilles (RBO) au Quartier des spectacles, Jacques K. Primeau flirte avec la culture depuis plusieurs années. Portrait d’un homme qui propulse les talents sous les projecteurs et qui travaille à faire de Montréal une métropole culturelle.

Jacques K. Primeau est gérant d’artiste, producteur, administrateur à l’ADISQ, vice-président du Partenariat du Quartier des spectacles, il coproduit Tout le monde en parle et beaucoup plus encore. Le temps d’un café, Montréal Campus s’est entretenu avec cet homme polyvalent afin de démystifier sa passion pour le monde du spectacle.
Issu d’un milieu ouvrier, Jacques K. Primeau s’intéressait surtout aux sports dans sa jeunesse. Sa bosse pour les arts s’est manifestée au cégep, alors qu’il étudiait les sciences humaines. «J’étais branché sur la politique. Au Collège de Maisonneuve, il y avait un bouillonnement culturel et j’étais impliqué à la radio et au journal étudiant. Le militantisme cégépien m’a amené graduellement à m’intéresser aux communications et par conséquent, au milieu artistique.»

Rencontre avec des comiques
Il fait la rencontre du groupe humoristique RBO pour qui il devient gérant, en 1985. «J’apprenais mon métier en même temps qu’eux. Je m’occupais du groupe de façon bénévole, en attendant qu’ils se trouvent un vrai gérant. On s’est mis à cogner aux portes des grandes entreprises comme Spectra et Juste Pour Rire, mais personne ne voulait les signer.» Par la suite, Jacques K. Primeau a décidé de se consacrer à temps plein au projet humoristique. L’aventure a duré dix ans. «Tout mon parcours professionnel a été basé sur mon expérience avec RBO. Avec eux, j’ai tout fait: des disques, des spectacles, des émissions de télévision et de la radio commerciale.» Depuis la séparation du groupe en 1995, l’agent s’occupe de la carrière personnelle de chacun des ex-membres. À ceux-ci se sont ajoutés les Denis Drolet, Jean-Thomas Jobin, le chanteur Bruno Marcil et Marie Plourde.

Vivement Montréal en spectacle
Parallèlement à ses activités de gérance et de production, Jacques K. Primeau est vice-président du Partenariat du Quartier des spectacles. En 2002, il a été l’initiateur du projet, qui vise à restructurer le centre-ville de Montréal en regroupant les nombreuses salles de spectacle. «Malgré toutes mes activités personnelles, j’ai un désir de vouloir changer les choses et d’intervenir dans la société. Mes actions politiques se situent sur des terrains culturels. Je n’ai pas franchi l’étape ultime de passer en politique. J’y résiste encore.»
Lorsque le projet du Quartier des spectacles a été accepté, Jacques K. Primeau ne croyait pas s’engager à long terme dans ce dossier. «Après avoir initié le projet, je pensais que mon travail était terminé. Je n’ai pas d’intérêts personnels, pas de terrains, ni de salle de spectacles. Je l’ai fait à titre de citoyen. On m’a fait comprendre que je devais rester et on m’a proposé d’être vice-président du Partenariat. Je me disais que j’allais encore être là un an ou deux, mais ça fait cinq ans.» Faute de n’avoir que 24 heures dans une journée, le gérant ne se sent pas engagé autant qu’il le désirerait. Il compare son rôle à celui d’un «chien de garde». Il doit veiller à ce que le projet conserve la philosophie qui l’a vu naître. «Je veux m’assurer que les choses soient faites avec qualité, efficacité et avec goût.»
Les Rendez-vous culturels qui se sont déroulés en novembre dernier ont indéniablement propulsé le Quartier des spectacles. Les trois paliers gouvernementaux ont alors accordé 120 millions de dollars pour sa réalisation. Jacques K. Primeau ne cache pas son enthousiasme. «Le quartier est sur les rails. Maintenant, on peut dire qu’il y a quelque chose en route.»
Le producteur défend Montréal avec ferveur. Selon lui, sa diversité est unique. Contrairement à Broadway, lieu où la comédie musicale est reine, le secteur artistique de la ville ne favorise aucun art en particulier. «Je ne veux pas que notre Quartier des spectacles ressemble à quelque chose qui existe déjà. Ça ne doit pas être un mini Las Vegas moche. Je veux que Montréal ait à la fois un aspect très fashion et très classe, mais que l’on trouve un côté off où les jeunes vont se retrouver. On doit faire un quartier qui ne sera pas désincarné, mais plutôt vivant et urbain.»

Migration régionale artistique
Malgré toute la vitalité culturelle de Montréal, Jacques K. Primeau remarque que le spectacle québécois francophone est beaucoup moins en santé dans notre métropole qu’il y a quatre ans. Montréal perd des représentations au profit des salles de banlieue. «Ce qui marche bien dans notre ville, c’est les shows étrangers qui viennent pour une ou deux soirées et les grosses productions comme les comédies musicales qui ne peuvent se déplacer. Je ne veux pas un Quartier des spectacles pour accueillir des artistes américains. Je désire augmenter la qualité et la quantité du contenu artistique.»
La dernière année culturelle aura été marquante pour Jacques K. Primeau, particulièrement grâce à un accomplissement majeur qui le renvoie à ses premières années. «J’avoue candidement que ma réalisation de l’année est le Bye Bye de RBO. C’est ma gang et on a réussi à recréer la magie.»

 

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