La recette gagnante

Fidèle à mon habitude, j’ai suivi aux Oscars le parcours de «mes» films avec autant d’assiduité qu’un fan de la Sainte- Flanelle. J’ai contesté et louangé les décisions des membres de la fameuse Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Pour les cinéphiles, les Academy Awards sont l’équivalent de la coupe Stanley. Les Goldens Globes et BAFTA des derniers mois ne sont que les séries éliminatoires devant la consécration finale.

À mon plus grand dam, ma cérémonie préférée perd de son faste d’antan. Comme une jeune première en quête de l’attention des beaux garçons, elle tente de se parer de ses plus beaux atours pour conquérir son public. Ouvrir la catégorie du meilleur film à dix nominés permet à des œuvres parfois discutables d’être en lice pour recevoir la plus prestigieuse statuette dorée. Changer d’animateur année après année donne aussi des résultats inégaux. Seth MacFarlane était jugé trop osé pour certains membres pincés de l’Académie, Billy Crystal trop quétaine et James Franco trop…gelé. Louis-José Houde ne serait pas disponible pour dépanner nos voisins du Sud? Un peu de fraîcheur et d’autodérision pourrait bien faire prendre la sauce. À considérer, par pitié.

Les Oscars ne sont plus seulement un gala qui récompense la crème de la crème. C’est devenu un concours de qui pisse le plus loin. Quel producteur va promouvoir avec le plus de faste son poulain pour obtenir la récompense ultime. Je ne remets pas en question la légitimité de la statuette du meilleur film octroyée à The Artist il y a deux ans. Par contre, le film muet de Michel Hazanavicius a bien profité de l’énorme machine de promotion des frères Weinstein, chefs de file dans la distribution du septième art dans le pays de l’oncle Sam. Quand les bidous surpassent la valeur, c’est là que la machinerie lourde devient problématique. Un gala réussi, c’est un savant mélange de popularité et de qualité, une recette pas encore trouvée par les cuisiniers derrière la cérémonie.

Pourtant, je ne tournerai jamais le dos à cette remise de prix qui reste de loin ma favorite. Pour le prestige, les paillettes et les milliers de discours, constamment interrompus par la musique mielleuse, qui commencent par «merci à l’Académie…» Ça fait partie de la game. Comme les Olympiques, gagner l’or pour récompenser les efforts pousse l’industrie à se surpasser. Pour le meilleur et pour le pire… la sauce a pris cette année. Bravo, 12 Years a Slave.

Marion Bérubé

Chef de pupitre Culture

culture.campus@uqam.ca

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