Le tarot : l’art de mettre cartes sur table 

« Je suis née dans une famille de sorcières », répond la tarologue pour expliquer comment elle en est venue à faire ce métier. Elle a baigné dans la spiritualité toute son enfance. Chez elle, il y avait des cartes du ciel, mais également des cartes de tarot. Mélanie T. tire au tarot depuis 32 ans. Elle le fait de chez elle, par visioconférence. 

La tarologue définit les cartes de tarot comme étant « un dictionnaire pour se connecter à notre intuition ». « Les symboles font appel à notre inconscient », explique-t-elle. Ainsi, le tarot est une question de « feeling ». Les réponses aux questions des consultant(e)s sont déjà enfouies en eux, la ou le tarologue permet juste de les mettre en lumière à travers les cartes. 

Selon Éric Addis, étudiant en linguistique à l’Université Concordia, tout le monde a le potentiel de lire au tarot, mais il faut avoir « une énorme mémoire pour se souvenir de toutes les cartes ». Dans un jeu traditionnel, il y a 78 cartes. 

Le charlatanisme 

Mélanie T. est d’avis qu’il est possible de faire de la voyance de manière éthique. Pour elle, un(e) tarologue est sûrement un charlatan « s’il décide pour toi ou s’il prétend dire la vérité ». 

Éric partage l’avis de la tarologue. Il déplore le « charlatanisme » qu’il voit sur les réseaux sociaux. 

« Quand certains ont l’impression de perdre le contrôle de leur vie, le tarot peut leur redonner ce sentiment de contrôle », pense Éric­. Il souligne toutefois que certain(e)s tarologues peuvent profiter de cette vulnérabilité pour s’enrichir sur le dos de leurs client(e)s. 

« Par exemple, si on a une personne vulnérable en face de soi et qu’on lui dit que ça va lui prendre 52 séances de tarot, dans la prochaine année, et qu’on lui vend ces séances-là, il semble y avoir de l’abus », considère Daniel Proulx, chargé de cours à l’Institut d’études religieuses à l’Université de Montréal. Néanmoins, pour lui, cette forme d’abus peut se manifester dans toute relation d’aide, pas juste dans le tarot.

Le chargé de cours à l’UdeM explique que, « si on tire au tarot, on a le pouvoir sur l’autre. Ce pouvoir peut être positif ou négatif ». 

« Si une personne se fait dire que, dans la prochaine année, “elle va rencontrer son âme sœur et que celle-ci va avoir les cheveux roux”, elle va avoir tendance à plus remarquer les personnes rouquines et donc, probablement, à plus s’intéresser à celles-ci », pense M. Proulx. 

Ainsi, certain(e)s vont provoquer leur propre destin. 

Le tarot : un outil de réflexion 

M. Proulx est d’avis que le tarot ne devrait pas être utilisé pour avoir des réponses, mais plutôt pour explorer des pistes de réflexion. Il dit que, lorsque les gens consultent un(e) tarologue, c’est rare qu’ils aient des précisions factuelles.

« La spiritualité, c’est une façon de me connecter au plus profond de moi-même », avoue Éric Addis. Il explique que parfois, lorsqu’il se fait tirer au tarot et lorsqu’il lit au tarot, ça lui apprend des choses sur lui dont il était inconscient. 

Pourtant, la tarologue raconte que « 90 % des choses qu’[elle] va dire à ses [clients], ils le savent déjà. Ils viennent pour avoir la paix d’esprit et se conforter dans leurs choix », raconte la tarologue. Elle considère que les gens n’ont pas appris à faire confiance à leur intuition. 

S’éloigner de la rationalité 

« La spiritualité est quelque chose d’essentiel à qui je suis », admet Éric. 

La tarologue croit que le côté rationnel des individus est « super sollicité » dans la vie, en général, et que ceux-ci ont besoin de croire en quelque chose qui les dépasse.

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