« Quand je vais chez le vétérinaire, j’ai le même sentiment que lorsque je vais chez le mécanicien : j’ai l’impression qu’on veut me vendre ce qu’il y a de plus cher », constate Léa-Marie Filion, étudiante en psychologie à l’Université de Montréal. Comme plusieurs étudiant(e)s, elle trouve que s’occuper d’une ou plusieurs bêtes poilues peut être coûteux.
Léa-Marie raconte que ses sœurs, sa mère et elle ont un « compte conjoint pour les dépenses de [leur] chienne, Stella ». Chaque membre de la famille met un certain montant dans le compte de banque tous les mois.
L’adoption du golden retriever de la famille a coûté un peu moins de 1000 $.
« Si j’étais seule à assumer les dépenses de ma chienne, je n’aurais pas pu l’adopter », se désole l’étudiante.
Un budget grugé par les animaux
« Il faut se préparer à avoir un budget qui varie entre 1500 $ et 2000 $ par année pour des animaux en santé », affirme Michel Pepin, vétérinaire retraité et porte-parole de l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ).
« Ça coûte cher, mais c’est un choix. Il y en a qui n’ont pas d’auto, mais qui vont préférer avoir un animal »
Michel Pepin
Rosalie Brosseau, étudiante en sciences médico-légales à l’Université de Carleton, à Ottawa, a payé 150 $ pour adopter son chat Juan Pablo. Sa chatte Moscato lui a été donnée, mais elle a tout de même dû payer 250 $ pour la faire stériliser.
« Ma chienne a eu une conjonctivite et ça a coûté 200 $ pour le produit qu’on achète habituellement [pour un humain(e)] à 15 $ à la pharmacie. C’est très cher ! », déplore Léa-Marie.
Abaisser les dépenses
« J’économise en achetant les jouets de mes chats sur Amazon », mentionne Rosalie Brosseau.
Pour limiter leurs dépenses, les étudiant(e)s doivent user de créativité. Par exemple, Léa-Marie a appris à toiletter elle-même son golden retriever. Elle économise donc au niveau du toilettage.
L’étudiante dit que, maintenant, il y a beaucoup de pression de la part des vétérinaires et des autres propriétaires d’animaux pour faire assurer son compagnon poilu. « C’est rendu que je me sens cheap de ne pas faire assurer ma chienne », dit-elle.
« Il y a beaucoup de gens qui assurent leur animal de compagnie pour éviter de se retrouver avec des frais vétérinaires de 3000 $ qu’ils ne seront pas en mesure de payer », mentionne Manon Moisan. Cette dernière, directrice des communications chez Proanima, un refuge qui soigne et héberge temporairement les animaux de compagnie errants ou abandonnés.
Elle met l’accent sur le fait qu’il existe plusieurs types de protections et que, « comme pour les humains, l’assurance peut être de n’importe quel montant ».
« Avant d’adopter un animal, c’est très important de s’informer et de faire des recherches pour s’assurer que ça concorde avec notre mode de vie », exprime Mme Moisan.
Plus que des boules de poils
« Quand tu adoptes un chien, par exemple, tu deviens responsable de cet être. C’est ton petit prince et tu dois t’assurer de le nourrir, le brosser, [le faire jouer] », soutient Michel Pepin.
« C’est encore considéré comme un luxe d’avoir un animal », affirme M. Pepin. « Il faut être conscient que, si on en adopte un, il faut investir du temps et de l’argent dans la vie de [celui-ci] », dit-il.
Soutenir les gens à faible revenu
Rosalie Brosseau croit qu’il devrait y avoir des cliniques à moindre coût pour aider les étudiant(e)s comme elle qui ont adopté des animaux.
« Chez Proanima, on a un programme pour les gens à faible revenu qui ont un chat. Les frais sont très réduits pour la stérilisation et les services de vermifugation, entre autres », explique Manon Moisan.
Michel Pepin croit que la société n’investira pas de si tôt dans des cliniques vétérinaires venant en aide aux étudiant(e)s. « L’argent doit aller dans la santé humaine. La santé animale n’est pas encore une priorité sociétale », mentionne le vétérinaire.
Laisser un commentaire