L’Association des étudiantes et des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) a lancé des démarches auprès du Tribunal administratif du travail (TAT) pour syndiquer les stagiaires en enseignement. Une première étape pour la rémunération des stages, selon l’ADEESE.
L’ADEESE effectue une requête en accréditation syndicale afin de créer un nouveau syndicat pour ses stagiaires. Ce nouveau regroupement, qui prendrait le nom du Syndicat des stagiaires salariés du Québec (SSSQ), s’oppose à six centres de services scolaires dans les régions de Montréal, de Laval et de l’Estrie, dans le but d’améliorer leurs conditions au cours des stages.
« Il y aurait une véritable protection des stagiaires. Le syndicat pourrait intervenir directement dans les écoles auprès de l’employeur », explique Cédric Nahimana, responsable au secrétariat général du Conseil exécutif de l’ADEESE. La présence d’un syndicat obligerait les centres de services scolaires à négocier une convention collective avec les stagiaires en éducation dans le but d’avoir de meilleures conditions de travail et un salaire.
« Il y aurait une véritable protection des stagiaires. Le syndicat pourrait intervenir directement dans les écoles auprès de l’employeur »
Cédric Nahimana
L’initiative de la création du SSSQ est celle de l’ADEESE, du Syndicat des étudiant(e)s employé(e)s de l’UQAM (SÉTUE) et de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC). La SSSQ serait affiliée avec l’AFPC si le projet se concrétise.
Pour l’instant, le regroupement ne représente que les stagiaires de six centres de services scolaires. Ils ont été choisis puisqu’il s’agit de centres de services scolaires comprenant un fort bassin de stagiaires qui souhaitent être représenté(e)s par le SSSQ, explique Cédric Nahimana.
Si le TAT donne raison au SSSQ, ce seraient donc les stagiaires de ces six centres de services scolaires qui seraient syndiqué(e)s, uqamien(ne)s ou non. Par la suite, tous et toutes les stagiaires en éducation du Québec pourraient tenter de se syndiquer comme le chemin serait déjà tracé. Les stagiaires en éducation pourraient tenter de se syndiquer en s’appuyant sur le précédent que créerait la décision du TAT.
Un recours « peu concret »
La Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail assure un recours pour les stagiaires en cas de harcèlement ou de pratiques interdites de congédiement, de suspension, etc. Toutefois, Tatiana Nassif, responsable de la coordination de l’ADEESE, affirme que « les recours ne sont pas applicables à 100 % ». Les stages varient de quelques jours à quelques mois, en fonction des programmes, mais les recours avec le Bureau de la formation pratique peuvent prendre plus longtemps. Cédric Nahimana explique que les mesures d’accommodement sont difficiles à mettre en place, ce qui amène certain(e)s étudiant(e)s à abandonner leur stage ou à « endurer ».
Questionné sur les temps d’attente des recours, le Bureau de la formation pratique indique que « le processus dure trois jours, ce qui inclut le traitement et le changement de milieu de stage au besoin ».
Les centres de services scolaires de Montréal, de Laval, de la Pointe-de-l’Île, des Mille-Îles, de Val-des-Cerfs et de Marguerite Bourgeoys, mis en cause dans cette affaire, n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevue du Montréal Campus.
Une syndicalisation réalisable?
Seul(e)s les salarié(e)s, individus qui travaillent pour un employeur ou employeuse et qui ont droit à un salaire, peuvent se syndiquer, selon la loi. « Il faut prouver qu’on fait une prestation de travail, donc qu’on fait les tâches pour lesquelles un employé est payé », explique Tatiana Nassif.
Selon l’association, les stagiaires travaillent comme les enseignant(e)s sans être rémunéré(e)s. L’ADEESE considère également que la majorité des stages non payés est issue de métiers à forte proportion féminine, ce que l’association considère comme discriminatoire.
Kim Maly Tong Som Song et Léa Plissonneau, étudiantes au Baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire, sont en faveur de ce processus. Cela amènerait une convention collective et plus de droits pour les stagiaires, selon elles.
Mathilde Pineault, étudiante au Baccalauréat en enseignement secondaire, concentration français langue d’enseignement, se dit un peu plus sceptique. Elle est en faveur de cette démarche et espère que cela amènera des avancées pour les stagiaires. Toutefois, l’ADEESE est déjà attentive aux enjeux des stagiaires, selon elle. L’étudiante ne sait pas si le fait que les stagiaires soient syndiqué(e)s permettra de mieux faire entendre leurs voix.
Pour l’instant, il n’y a pas d’accord entre les parties, confirme Cédric Nahimana. La prochaine audience aura lieu le 10 décembre. Le TAT doit rendre sa décision trois mois après la fin des audiences, d’ici le début du mois de mai.
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