Dans une ère de changements climatiques où le climat se fait de plus en plus imprévisible, l’expertise en météorologie des uqamien(ne)s est non seulement « indispensable », mais aussi prisée par beaucoup d’entreprises à la recherche de main-d’œuvre francophone.
Contrairement aux climatologues, qui établissent leurs prévisions sur des années, voire des décennies, les météorologues élaborent des prévisions climatiques à court terme, généralement jusqu’à une semaine. Cela inclut des prévisions spécifiques pour l’aviation, l’étude des polluants atmosphériques émis par des entreprises ou les conditions météorologiques prévues pour les jours à venir.
Être météorologue, c’est « prendre toute l’information [produite par] différents centres météorologiques de partout dans le monde, puis les rassembler pour essayer de prévoir ce qui va se passer dans les prochains jours », explique Julie Mireille Thériault, professeure en sciences de l’atmosphère à l’UQAM. Il faut aussi vulgariser ces nombreuses données pour en faire un message facile à communiquer.
L’UQAM plus « accessible »
L’UQAM est la seule université d’Amérique du Nord à offrir un baccalauréat en sciences de l’atmosphère en français. C’est ce qui a convaincu plusieurs étudiant(e)s, comme Florian Knoll, à choisir l’UQAM pour leur formation.
Si cet étudiant français, passionné d’orages depuis son enfance, a choisi de venir compléter sa formation universitaire au Québec, c’est grâce au soutien qu’offre l’UQAM à ses étudiant(e)s. « Je suis venu au Québec juste pour ce programme, parce que je n’avais pas forcément [d’assez bons résultats] en France pour continuer là-bas. L’avantage du programme ici, c’est qu’il propose des cours de remise à niveau. »
En 2019, le Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM a réinventé son Baccalauréat en sciences de la Terre et de l’atmosphère. Selon les professeur(e)s et les étudiant(e)s consulté(e)s par le Montréal Campus, le programme était auparavant alourdi par de nombreux cours de physique et de mathématiques. Il a depuis pris un axe météorologique plus concret. Dès la première année du baccalauréat, des cours centrés sur les sciences de l’atmosphère sont offerts.
« C’est devenu vraiment plus appliqué et concret, je comprenais toutes les applications derrière [la théorie] », résume Margaux Girouard, doctorante en sciences de l’atmosphère. L’étudiante était au baccalauréat quand ce changement s’est opéré.
Les entreprises « s’arrachent » les diplômé(e)s
Dès l’obtention du Baccalauréat en sciences de la Terre et de l’atmosphère, concentration sciences de l’atmosphère : météo et climat, les étudiant(e)s ont accès à un éventail d’emplois. Les employeurs et employeuses « s’arrachent » les diplômé(e)s de l’UQAM, selon Julie Mme Thériault.
« La plupart des étudiants vont devenir météorologues chez Environnement Canada », affirme la professeure. « La majorité d’entre eux peuvent se trouver un emploi dans n’importe quelle compagnie qui aurait besoin d’avoir un employé qui a des connaissances en météorologie », ajoute Mme Thériault. Avant même d’avoir terminé son baccalauréat, Margaux Girouard possédait déjà un poste à MétéoMédia.
Le recrutement, toujours un défi
« On a des petites cohortes d’une dizaine de diplômé(e)s chaque année », rapporte Philippe Lucas-Picher, directeur du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère depuis juin 2024. Selon lui, la difficulté à intéresser les étudiant(e)s perdure, sans toutefois être catastrophique. « C’est toujours un défi de recruter des étudiants qui sont motivés par rapport [à la météorologie]. C’est curieux, parce qu’on entend parler des changements climatiques sans arrêt. »
Il explique cette difficulté par le fait qu’à l’UQAM, ce programme est moins connu que les autres.
Dans un article du Montréal Campus paru en 2018, l’ancien directeur du département, René Laprise, déplorait déjà le manque d’intérêt pour le programme de sciences de la Terre et de l’atmosphère, qui ne rassemblait que des cohortes d’une dizaine d’étudiant(e)s.
L’IA, alliée ou ennemie?
Une bonne partie du travail de météorologue consiste à établir des prévisions en analysant des données. Ce travail pourrait-il être accompli par l’intelligence artificielle (IA)? Pour Julie Mireille Thériault, l’IA est un outil, mais pourrait représenter une « menace à court terme » pour ces professionnels, si elle n’est pas utilisée correctement.
L’immensité de données sur lesquelles travaille l’IA est basée sur des éléments du passé. Ainsi, elle ne pourrait pas prédire ou analyser des éléments météorologiques extrêmes et imprévisibles liés aux dérèglements climatiques aussi bien qu’un(e) météorologue pourrait le faire, affirme la professeure. « On ne pourra pas remplacer un humain qui fait de la prévision météorologique. »
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