Graffitis, rap et hot-dogsLes couleurs du Tunnel Rouen

Le deuxième « jam graffiti » de l’année a eu lieu au tunnel Rouen, le 16 octobre dernier. Musique et hot-dogs au rendez-vous, les murs se sont remplis de couleurs. Graffeurs et graffeuses ont profité de cet événement pour raffiner leur art auprès d’autres artistes du milieu. 

Au tunnel Rouen, dans Hochelaga, un jam graffiti prend place quelques fois par année. Des graffeurs et graffeuses se rassemblent pour peindre les murs du tunnel.  Les habitants du quartier viennent encourager les artistes, parfois leur ami(e)s et leur famille.  Le tunnel Rouen est un des murs de Montréal qui peut légalement être peint de graffitis. Selon les artistes présents sur place, les graffitis du tunnel seront renouvelés en quelques jours seulement.

Le matin même,  Le Sino, – un magasin de matériaux et de canettes pour graffiti – peint les murs du tunnel et laisse un canevas pour les artistes.

Mention photo : Rémi Poitras.

Pour mettre le tout sur pied, Sino collabore avec DJ School Montreal, une école de musique électronique de Hochelaga. L’événement est accompagné de rap d’autres artistes émergents du quartier. 

Le Sino organise également un barbecue, qui apporte une ambiance accueillante pour les membres du quartier se promenant dans les entourages. 

Plusieurs graffeurs et graffeuses y vont pour le plaisir. Certains vivent d’un emploi de tatoueur ou tatoueuse, en plus de faire des graffitis, deux mondes liés pour plusieurs artistes. Quelques-un(e)s profitent de l’occasion pour perfectionner et pratiquer leur style.

Jets de canettes incontrôlables 

Selon des artistes rencontrés par le Montréal Campus, il n’y a pas de porte d’entrée pour ce milieu. Les artistes s’introduisent au milieu par un(e) ami(e), un(e) proche, parfois par des événements de nature similaire. Certain(e)s racontent commencer par des dessins de style graffitis sur papier, puis un jour se lancent dans les canettes et les murs.

L’essai-erreurs reste la technique d’apprentissage la plus propagée, même si elle apporte des faux pas frustrants au début. Lors de l’événement, le graffeur Deps a tenté un crâne avec un effet chrome, une première pour lui. Il a trouvé le motif au fur et à mesure. 

Justine, Diosa del Toque de son nom d’artiste, a appris grâce à son partenaire. Lors de l’événement en octobre, elle a raffiné ses lettres 3D en observant la technique d’ombrage et de lettrage de son binôme. Côte à côte, elle s’est occupée du mot « Diosa », qui signifie déesse en espagnol, pendant qu’il a écrit « synap », une abréviation du mot synapse. 

Mention photo : Rémi Poitras.

Un jeune de 14 ans a observé  les œuvres des autres pour en tirer de l’inspiration, avoir des conseils, améliorer sa technique, ou même emprunter une canette de peinture. 

L’espace était restreint. Ce n’est pas un choc, mais cela a impliqué de réajuster et de re-visualiser le plan pour certain(e)s. Au bout du tunnel, le duo Mr.Polo et Snaz, formant le groupe L2G, ont eu moins d’espace que d’autres. « On a choisi d’être au soleil, on ne va peut-être pas le regretter, on est quand même en octobre et il fait pas chaud, au final, il faut juste retravailler les proportions », a expliqué Mr.Polo lors de l’évènement.

Certain(e)s avaient des escabeaux, d’autres empruntaient des bacs de recyclage mis à  disposition pour se surélever. Tout s’entrelaçait sur les murs. Le tunnel étant un espace commun, le respect mutuel y régnait. C’était une belle démonstration de collaboration entre les artistes.

Art et admiration

À l’entrée du tunnel, dans le segment le plus grand, l’artiste Ramses Herrera Medina, dit Ram, travaillait sur une haute muraille. Inspirée de la berceuse « Duermete que ay viene el coco », l’œuvre de Ramses se détaillait progressivement. Mr.Polo le regardait de temps en temps, reconnaissant le talent nécessaire pour peindre si rapidement, considérant les détails sur l’œuvre.

Mention photo : Rémi Poitras.

Il a commencé  à peindre des murailles de plus grande taille il y a cinq ans, pour le plaisir. « Après ça j’ai eu des petits contrats et j’ai réalisé que je pouvais gagner un peu d’argent  », a dit Ramses.

Mexicain d’origine, il intègre des couleurs qui ont du « punch » car cela fait partie de son art et de sa culture. Le muralisme mexicain prospère depuis la fin de la révolution mexicaine de 1910 à 1920, les racines de l’art de la rue se sont ancrées dans l’histoire. 

La compétition est plus féroce au Mexique, mais, selon Ramses, « C’est plus difficile de se démarquer, mais si tu as la motivation et la détermination, tu réussis ».  

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