Marionnettes, automobiles miniatures et chevaux à bascule : quelqu’un doit bien façonner tous ces objets amusants. Incursion dans le domaine de la confection de jouets.
« À cinq ans, j’étais dans l’atelier et je fabriquais des arcs pour les vendre à l’école », raconte Benoit Émond, jouettier et propriétaire de la boutique Jouets de Bois Richard Émond à Saint-Roch-des-Aulnaies.
La conception de jouets est une histoire de famille pour celui qui a suivi les traces de son père en fabriquant des pièces en bois. « Ce n’est pas un travail pour moi », affirme-t-il en précisant qu’il implique ses proches dans ses projets et qu’il ne compte pas le temps qu’il investit dans son art. Par exemple, concevoir un train pièce par pièce peut lui prendre jusqu’à un mois.
Créer pour divertir
Pour sa part, Bertrand Martin, membre de l’Association québécoise des marionnettistes, a commencé à confectionner des jouets il y a une vingtaine d’années durant les saisons hivernales. Une passion qui est devenue un petit à-côté pour ce jardinier de longue date du Jardin botanique de Montréal.
M. Martin avait touché à plusieurs formes d’arts, telles que l’aquarelle, la poterie et le violon, avant de se consacrer à la conception de marionnettes à gaine, un type de marionnettes manipulables à la main.
L’artisan improvise énormément dans son processus de fabrication. Il ne commence que très rarement la conception d’une marionnette avec une idée fixe du jouet qu’il souhaite amener à la vie.
« C’est comme pour n’importe quelle autre œuvre d’art ou de littérature : chacun fait sa propre lecture de l’objet. »
– Bertrand Martin.
M. Martin et M. Émond accordent tous les deux une grande importance à leurs choix de matériaux. Le premier récupère de nombreux bijoux, boutons et tissus, tandis que le deuxième commande son bois et ses ressorts chez des entreprises québécoises. « C’est meilleur pour l’environnement et ça fait travailler le monde d’ici », explique Benoit Émond, qui connaît personnellement tous ses fournisseurs du Québec.
Des défis moins amusants
En 2019, l’atelier de Benoit Émond a été frappé par la foudre, calcinant à cet instant toute trace du travail de longue date du jouettier et de son père. « Il y avait des gabarits que j’avais depuis des années. J’ai dû tout recommencer du début », se remémore-t-il en ajoutant que toutes ses machines étaient rouillées à cause de l’intervention des pompiers.
Ç’a été un coup dur pour M. Émond, qui se dit chanceux d’avoir des assurances. « Il y a eu une levée de fonds du village, ça m’a encouragé », se rappelle-t-il.
Bertrand Martin, lui, a rencontré beaucoup de problèmes dans le passé avec la mise en marché de ses marionnettes. Avec un site Internet à l’effigie de sa marque, il n’obtenait que peu de commandes pour le temps qu’il allouait à la gestion de sa plateforme.
« J’aime mieux voir les gens et leurs réactions plutôt que de vendre en ligne », insiste le fabriquant de marionnettes, qui invite sa clientèle à se présenter à l’atelier sur rendez-vous.
Benoit Émond vend ses jouets sur sa page Web et à son atelier, mais souligne qu’« il y a beaucoup de compétition en ligne, parce que de nombreuses choses sont importées d’autres pays ». Il évoque également le coût élevé des matériaux comme étant un défi de plus dans son quotidien. Sa maison héberge son atelier ainsi que sa boutique, ce qui lui permet de ne pas débourser pour un local à l’extérieur.
Vendre en boutique ou non?
Dans l’arrondissement d’Outremont à Montréal, la Boutique Citrouille offre une grande diversité de jeux et de jouets québécois et européens. « Les gens adorent de plus en plus les produits locaux », remarque Carole Labrie, copropriétaire de l’entreprise depuis 2021.
Bertrand Martin a pour sa part toujours refusé de s’affilier avec des boutiques pour vendre ses marionnettes. Il évoque entre autres la part que les détaillants prennent sur le prix de vente du jouet, qui peut selon lui monter jusqu’à 50 %.
Le concepteur de marionnettes ne pense pas qu’il est possible de vivre uniquement du métier de jouettier, mais il encourage ceux et celles qui souhaitent se lancer à le faire. « Il faut qu’ils travaillent beaucoup. C’est comme ça pour toutes les personnes qui vont partir leur entreprise. » Benoit Émond ajoute qu’il faut s’adapter à ce que les gens aiment et achètent pour subsister en tant que jouettier.
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