Le ridicule ne tue pas à la LNI

L’arbitre, la patinoire, la puck, la bière : c’est comme le hockey, mais avec plus de rires… C’est la Ligue nationale d’improvisation (LNI)! Avec talent et humour, les artistes ont su donner un coup d’envoi remarquablement réussi à la nouvelle saison de la coupe Charade. Que le ou la meilleur(e) gagne!

Le match du 13 février dernier était serré et le plaisir était au rendez-vous. Ça riait, ça buvait et ça s’amusait. Les Jaunes et les Bleus s’échangeaient les victoires à chaque improvisation. 1-0, 1-1, 2-1, 2-2… Après chaque numéro, les votes pointaient presque tous dans la même direction grâce à un public en harmonie quasi parfaite. 

Les Jaunes ont finalement mis la main sur la victoire avec un score de 5-4. Et laissez-moi vous dire que le public du Club Soda était en feu tout au long des neuf rondes d’improvisation.

Cet enthousiasme s’est particulièrement manifesté quand le maître du jeu a déclaré « prochaine improvisation : chantée. » « Ohhh! », s’est écrié le public. Celle-là s’annonçait bonne. En s’inspirant du thème « Dans la lune », il fallait chanter en solo durant quatre minutes, un défi que les capitaines ont su relever. 

LeLouis Courchesne des Jaunes interprétait un astronaute lors du décollage d’une fusée. Il y avait quelque chose de vraiment fascinant à le voir chercher des rimes rapidement. Que faire si on ne sait plus quoi dire? On répète les mêmes mots. Je ne peux pas vous dire combien de fois il a chanté « 5-4-3-2-1… »

LeLouis Courchesne personnifiant un astronaute un peu niais en chantant des paroles comme: «Je me demande si j’ai barré la porte de mon appartement, je vais voir en revenant…»

Sophie Caron a plutôt décidé de faire un plaidoyer pour les personnes neurodivergentes. Son personnage reprochait à son chum de ne pas comprendre le fait qu’elle pense à un million de choses en même temps à cause de son trouble déficitaire de l’attention, qui la distrait rapidement. Un beau message, mais moins drôle que la chanson de l’astronaute idiot.

Réorientation de la LNI

En entrevue avec le Montréal Campus, le directeur artistique de la LNI François-Étienne Paré ne le cache pas, la Ligue « essaie de pousser la discipline le plus loin possible et de s’attaquer à des catégories pas faciles à faire ». Depuis 2015, la LNI est en réécriture afin de viser la création spontanée de moments uniques et de plonger dans l’inconnu par le biais d’expériences innovantes.

Cette réorientation est bien accueillie par le public. « On bat des records de vente de billets cette année », a lancé François-Étienne Paré sur scène.

Les joueurs et joueuses ont bien compris ce message. La prise de risque était assez claire, notamment lors d’une improvisation de six minutes où Sophie Caron n’a pas dit un mot. Alors qu’elle interprétait une religieuse, elle a plutôt misé sur un jeu physique. Un choix audacieux de sa part qui a plutôt bien payé.

Et que dire de l’improvisation de 16 minutes où Francis Sasseville a habilement ficelé l’histoire d’une dame qui aime frotter des surfaces et qui devient une table après sa mort (si j’ai bien compris)… Même si l’histoire était des plus absurdes, l’enchaînement des dialogues très théâtraux était si bien exécuté qu’ils donnaient l’impression d’avoir été écrits à l’avance. Les tirades de Francis Sasseville – bourrées de synonymes – lui ont d’ailleurs mérité l’étoile Antidote du match pour la meilleure utilisation de la langue française.

Mais n’ayez crainte, la LNI ne se transforme pas en un spectacle de danse contemporaine d’où l’on ressort en se disant que c’était « intéressant… » « On ne veut quand même pas bouder notre plaisir! », rassure François-Étienne Paré. 

Que ce soit grâce à Nicolas Michon qui se met en bobettes sur scène ou à Frédéric Barbusci qui fait la blague classique de l’escalier derrière la bande, le public en a pour son argent s’il veut éclater de rire.

Frédéric Barbusci a interprété un chien s’enfuyant de son maître en sautant en bas de la scène et en courant à travers le public, le tout accompagné d’aboiements étrangement crédibles.

L’importance de l’arbitre 

L’arbitre du match, Simon Rousseau, a fait son entrée sur scène en début de soirée accueilli par les huées du public. Durant la partie, il pigeait les cartes détaillant les thèmes et catégories des improvisations devant nos yeux. Aucune fraude en vue. 

« Le public en sait autant que moi sur comment va se passer ce show-là », a d’ailleurs lancé l’improvisateur LeLouis Courchesne. Ce mystère a amené un beau mélange de stress et de fébrilité, surtout en cette soirée de première médiatique.

« On vient à tellement aimer le vide. Si je me plante, c’est aussi le fun que si ça va bien. »

 LeLouis Courchesne

La LNI est ancrée dans la modernité jusque dans sa façon de voter. Oubliez les traditionnels cartons de couleurs, on vote désormais par texto.

Un numéro de téléphone est affiché sur scène et le public est invité à texter le chiffre 1 ou 2 selon l’équipe à qui il souhaite donner son vote.

Durant le match, Simon Rousseau a décidé de décerner un retard de jeu aux deux équipes pour l’improvisation « Le livre sacré magique du mage Abra-Merlin », qui racontait l’histoire d’un livre magique et d’un dragon. Sophie Caron a exigé des explications et l’arbitre ne s’est pas gêné pour détailler son argumentaire en long et en large. 

Elle a répliqué : « Un retard de jeu… un peu comme votre explication », faisant s’esclaffer l’audience! « L’arbitre est un personnage dans ce jeu-là, le public aime le voir aller », affirme Simon Rousseau.

Les Jaunes sont ressortis vainqueurs de ce match grâce à leur dernière improvisation, celle d’un cocher qui s’amuse à dire n’importe quoi à une touriste française naïve lors d’une visite guidée du Vieux-Québec. Comme quoi ce qui unit véritablement les Québécois(e)s, c’est se moquer des Français(e)s.

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