Équipes Québec : fiction ou réalité ?

Des spécialistes affirment qu’il serait possible pour des équipes sportives québécoises de représenter le Québec dans des compétitions internationales. Bien que des délégations québécoises comporteraient des avantages indéniables pour les athlètes d’ici, très peu de fédérations et de comités organisateurs d’événements sportifs veulent se lancer dans une escalade politique.

Une fédération sportive québécoise peut en tout temps faire une demande à sa fédération canadienne pour participer à des compétitions internationales. « Si elle refuse, il s’agit alors de se dissocier [de la fédération canadienne] en faisant une demande à l’international », explique l’ancien joueur de la Ligue nationale de hockey (LNH) et cofondateur de la Fondation Équipe-Québec, Robert Sirois.

La Fédération internationale de hockey sur glace, par exemple, a dans ses rangs des nations non souveraines, soit Hong Kong, Macao, Taïwan et Porto Rico.

« Lorsqu’un sport est inventé, la nation dans laquelle ce sport a vu le jour détient le droit d’aînesse », ajoute M. Sirois. Par exemple, l’Écosse est une nation non souveraine membre du Royaume-Uni et s’avère être le berceau du soccer moderne. L’Écosse s’est donc fait attribuer le droit de participer à l’un des plus grands événements sportifs du monde, soit la Coupe du monde de la Fédération internationale de Football Association (FIFA).

La Fédération internationale de hockey sur glace a déclaré en 2008 que le premier match de hockey sur glace a eu lieu à Montréal en 1875. Donc, tout comme l’Écosse, le Québec pourrait avoir une équipe de hockey sur la scène internationale à l’aide du droit d’aînesse, puisqu’il a inventé le sport. 

Une problématique politique

Depuis 2006, le caractère unique de la société québécoise est reconnu par l’UNESCO, qui a convenu que le Québec est une nation. Cet accord a permis à la province de faire valoir ses intérêts à l’international sur des questions fondamentales pour ses avenirs culturels, sociales, politiques et économiques.

Malgré cette reconnaissance de son statut de nation, le Québec n’ose pas se lancer dans des démarches afin de constituer des équipes sportives nationales. « Le gros problème, c’est au niveau politique », souligne le directeur général de Volleyball Québec, Guillaume Proulx Goulet. 

« Le Canada n’aurait pas d’intérêt à se lancer, et pour les [comités organisateurs] d’événements, ce serait le bordel total », défend-il. Les organisateurs craignent de devoir dire oui à l’ensemble des fédérations nationales après avoir fait exception à une seule, souligne M. Proulx Goulet. 

« Volleyball Canada récupère les athlètes une fois qu’ils sont au niveau d’être dans l’équipe nationale, mais ne forme pas les athlètes. C’est nous [Volleyball Québec] qui les formons tout au long de leur cheminement », précise M. Proulx Goulet. Pour lui, « il n’y aurait que des avantages » pour les athlètes québécois et québécoises de poursuivre leur parcours avec la même organisation qui les a vu grandir. Cependant, pour le directeur, les athlètes n’ont rien à gagner de la divulgation de leurs convictions politiques. « Tu ne mords pas la main qui te nourrit », ajoute-t-il, en référence à Volleyball Canada.

Une meilleure visibilité pour les athlètes

Robert « Bob » Sirois est l’auteur du livre Québec mis en échec, qui dénonce la discrimination envers les hockeyeurs québécois dans la LNH. « La conclusion de mon livre, c’était que pour donner de la visibilité à nos hockeyeurs et hockeyeuses, ça nous prend une équipe nationale juniore » allant au Championnat mondial junior de hockey, explique M. Sirois.

Lors de ce tournoi, « toutes les nations présentent leurs 23 meilleurs joueurs aux représentants et dépisteurs de la LNH, alors que le Québec n’en présente que deux ou trois [par année] », explique M. Sirois. Pour l’auteur, l’idée de former une équipe nationale québécoise n’est pas une question de performance, mais plutôt de visibilité pour les jeunes athlètes. « Certaines années, on finirait premier, certaines années on finirait dernier, c’est comme ça ! », lance-t-il.

Un manque de modèles pour les jeunes

Auparavant, le Québec possédait des athlètes extraordinaires, surtout au hockey, mentionne Daniel St-Hilaire, ex-entraîneur d’athlètes olympiques tels que Bruny Surin, Charles Lefrançois et Alain Metellus. Il suffit de penser à Maurice Richard ou encore Guy Lafleur, deux joueurs qui ont marqué l’imaginaire collectif, cite-t-il en exemple. « Si j’ai fait du sport, c’est parce que j’avais un héros, témoigne M. St-Hilaire. Aujourd’hui, il n’y a plus de modèle pour les jeunes », avance-t-il.

Sans diminuer les héros d’antan, M. St-Hilaire déplore que ces icônes aient été pour la plupart « apolitiques ». Ils auraient pu populariser l’idée d’équipes nationales et créer un sentiment d’appartenance envers les sportifs et les sportives d’ici, croit-il.

Mention illustration : Camille Dehaene|Montréal Campus

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