Maya Kodes : une pionnière de l’holographie sur scène

La chanteuse montréalaise Maya Kodes rêve en grand. Celle-ci livre des performances un peu partout à l’international, mais elle n’existe pas vraiment : Maya est la seule artiste hologramme interactive au monde.

Conçue par le studio québécois Neweb Labs en 2016, la chanteuse humanoïde a publié un album, The New Kode Vol.1. Elle l’interprète sur scène en direct à travers le monde, en plus de présenter ses chansons sous forme de vidéoclips.

Maya Kodes est une chanteuse qui « a des éléments moteurs pour intéresser le public », explique le président de Neweb Labs, Yves St-Gelais. Elle est incarnée par une chanteuse, qui s’occupe de la voix et de la mobilité faciale de l’hologramme, ainsi que par une comédienne, qui s’occupe de ses mouvements corporels.

Yves St-Gelais et son équipe ont récemment conçu la quatrième version de Maya Kodes. Cette nouvelle modélisation comprend une amélioration esthétique et l’ajout de micro-expressions faciales qui la rendent plus humaine.

Pour le patron du studio Neweb Labs, les différentes versions de Maya Kodes permettent aux adeptes de la voir évoluer. « J’avais vraiment envie de raconter une histoire aux jeunes avec une héroïne qu’ils aimeraient. C’est un peu comme Astérix qui a 30 albums [à son nom], Maya peut évoluer avec le temps », relate-t-il.

Un public jeune comme cible

Bien qu’elle soit Montréalaise, Maya Kodes n’est pas destinée à satisfaire un marché local. « Elle a fait plus de spectacles à l’international qu’au Canada », précise Yves St-Gelais.

Un constat ressort toutefois : Maya est plus populaire chez les jeunes générations.

« Les réactions [positives] qu’on a eu à Montréal de la part des jeunes, c’étaient les mêmes réactions qu’on avait en Allemagne ou à New York », indique le président de Neweb Labs.

Si cet engouement peut sembler étrange, le producteur audiovisuel rappelle que « les jeunes ont souvent été confrontés aux personnages virtuels, avec les films d’animation notamment ».

Un optimisme prudent

Le principal obstacle se dressant devant Maya Kodes est la pandémie, qui l’empêche de se produire en spectacle depuis deux ans. Elle la tient aussi à l’écart d’une région importante : l’Asie, où les animés et même les hologrammes sont beaucoup plus populaires qu’au Québec. « On attend que la pandémie soit vraiment derrière nous pour mettre à jour le catalogue [musical] de Maya et relancer les spectacles », souhaite M. St-Gelais, optimiste.

Cet espoir est partagé par le professeur en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières Philippe Boissonnet. « Quand les hologrammes sont animés, c’est très attirant pour l’œil », affirme-t-il. M. Boissonnet remarque cependant un frein majeur au développement de l’art holographique québécois : « Il manque de débouchés commerciaux, alors il manque d’investisseurs ». Le professeur propose donc que les hologrammes soient davantage axés sur le « monde vidéo, pour qu’ils se rendent au grand public ».

Pour Ann-Sophie Loranger, adepte des artistes hologrammes, c’est toute une communauté qui se rassemble autour de Maya Kodes, comme c’est le cas pour un artiste traditionnel. « On peut s’y attacher et vraiment rentrer dans son univers, suivre l’évolution de sa musique et de ses [éléments] visuels », ajoute la jeune adulte. L’un de ses rêves est d’ailleurs d’aller voir Hatsune Miku, une chanteuse humanoïde japonaise, en spectacle.

Le phénomène Miku

Hatsune Miku accumule des millions de visionnements sur sa chaîne YouTube, en plus d’attirer autant d’admirateurs et d’admiratrices à ses concerts. Tout comme Maya Kodes, elle n’existe que sur les écrans.

Néanmoins, une différence est notable entre les deux artistes holographiques. Alors que Maya peut interagir avec son public lorsqu’elle est sur scène, Hatsune Miku est diffusée par « des animations préenregistrées, diffusées en [présonorisation] dans un écran holographique », souligne Yves St-Gelais. Si une chanteuse animée en deux dimensions suscite autant de fanatisme à travers le globe, tout est possible pour Maya Kodes et les futurs artistes hologrammes du Québec.

Photo fournie par Neweb Labs

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