Les étudiantes de deuxième année du baccalauréat en danse de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont présenté du 30 mars au 2 avril CE QUI NOUS TIENT, une œuvre contemporaine chorégraphiée par Caroline Laurin-Beaucage dans laquelle rythme et synchronisme sont mis de l’avant.
Lorsque les projecteurs se sont allumés pour éclairer sobrement la scène du pavillon de Danse de l’UQAM, les onze danseuses se tenaient immobiles, réparties dans l’espace non décoré. Certaines ont commencé à se déplacer lentement dans un trajet circulaire, puis d’autres ont rejoint la marche. Le mouvement est ainsi devenu un chœur où, au lieu d’unir leur voix, les artistes ont dicté la mélodie avec leurs pas.
Aucune musique n’a accompagné les mouvements durant les dix premières minutes de CE QUI NOUS TIENT. Le silence a permis au public d’être témoin du synchronisme parfait dont la troupe entièrement féminine a fait preuve en mettant l’accent sur le bruit des pieds heurtant le sol à l’unisson. Aux rythmes lents qui ont entamé le spectacle se sont succédé des déplacements rapides et saccadés.
Battre la mesure
L’union comme l’individualité ont été dansées dans ce spectacle d’un peu moins d’une heure. Si la troupe ne semblait former qu’un seul corps tout au long de la chorégraphie, les danseuses se sont dissociées de la masse chacune à leur tour, créant des résonances et des échos entre elles. Exploitant l’entièreté de l’espace scénique, elles ont couru, marché, sautillé et rampé, évoquant tantôt le tic-tac d’une horloge, tantôt les battements d’un cœur.
C’est une musique expérimentale aux sonorités irrégulières qui a accompagné les étudiantes. À un certain moment, les cris de ces dernières se sont même unis aux notes planantes, dégageant de fortes émotions et créant un effet de surprise.
Le sol a plus tard semblé engluer les artistes durant plusieurs minutes comme si elles étaient aimantées au sol. Elles ont successivement soulevé leurs corps dans des mouvements de vagues, montant en suspension puis retombant en position fœtale.
Ces changements constants dans la forme et dans le style du spectacle de danse ont donné lieu à des interprétations propres à chaque spectateur et spectatrice de CE QUI NOUS TIENT. Ce thème assez flou s’est modulé tout au long de l’œuvre sans jamais prendre une forme très concrète.
À visage couvert
Il était difficile de déceler les sentiments dégagés par la troupe, qui a passé la majorité du spectacle dos au public et dont les visages n’ont jamais été montrés. C’est un choix audacieux, qui a permis à l’auditoire de porter son attention sur l’ensemble de l’œuvre et sur le mouvement qui en émane plutôt que sur les individus. Lorsque les danseuses faisaient face au public, c’était la tête baissée et camouflée sous leurs cheveux détachés ou derrière leurs coudes et leurs bras dressés comme des boucliers.
Les costumes 一 de simples shorts et des chemises blanches 一 étaient mis à l’envers. Les boucles des ceintures ornaient le creux des reins et les blouses étaient boutonnées sur les colonnes vertébrales.
L’arrière des corps a particulièrement été frappant dans CE QUI NOUS TIENT, présentant l’art de la danse sous un angle original et contemporain.
Ce n’est que lors de leur révérence finale que les figures souriantes et essoufflées des étudiantes ont été dévoilées. Leur constance sur scène a témoigné de leur talent ainsi que des efforts qu’elles ont déployés durant cette session d’hiver qui s’achève.
Mention photo Nathalie St-Pierre
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