Dans le cadre du festival Coup de cœur francophone, les Scènes de Musique Alternatives du Québec (SMAQ) ont présenté une série de trois concerts. Le 4 novembre, Titelaine et Beat Sexü lançaient le bal. Retour sur leur prestation riche en couleurs.
En première partie, c’est le groupe Titelaine qui a animé la salle de spectacle à moitié pleine. Il s’agit d’un duo formé de Loukas et Gabrielle, qui mélange pop et électro au rythme du synthétiseur et de leurs voix à la fois douces et aiguës.
Après la parution de leur premier EP en 2018, les deux artistes ont réalisé un tout nouvel album l’année dernière, pendant le confinement : On veut vivre notre vie en vacances. Le duo a chanté pour la première fois il y a un mois au théâtre Ausgang Plaza et une seconde fois à l’occasion du Coup de cœur francophone. Relativement nouveau, il amène une vague de fraicheur dans la musique pop, tout en rappelant des airs de Vidéoclub ou Thérapie Taxi.
Une première partie surprenante
Les transitions entre les paroles et les mélodies au sein d’une même chanson signée Titelaine surprennent. On passe d’un rythme lent et doux à de la pop électro qui monte en puissance. La foule est réveillée, active, et même s’il est interdit de danser, on surprend des mouvements de tête et des tapotements de pieds tant c’est entraînant.
Loukas et Gabrielle ne laissent pas le public s’endormir. Le traditionnel flot d’explications des chanteurs entre leurs chansons est supprimé pour laisser place à une rapide transition qui surprend, et surtout, qui relance la foule. Comme la chanson Cristallisées en témoigne, le temps file et la jeunesse laisse place à la vieillesse : on n’a pas le temps de laisser le temps passer.
La mélancolie et l’amour malheureux sont des thèmes qui reviennent souvent dans leur nouvel album. Et pourtant, l’ambiance est positive. Le duo a une forte complicité sur scène, mais surtout un vrai plaisir d’y être et de faire ce qui leur plaît. Ils ont le sourire jusqu’aux oreilles et ça fait chaud au cœur. Ils s’amusent et se permettent des improvisations totales au synthé sur scène, et partagent leur bonne humeur en étant très intimes avec leur public.
Si l’énergie de la pop est présente dans les paroles et dans la mélodie du nouvel album de Titelaine, elle se ressent aussi par les couleurs très vives sur scène projetées par l’éclairage rouge et mauve. Toutefois, le duo a une si forte identité vocale qu’on ne distingue pas complètement les musiques entre elles : l’univers et la mélodie restent les mêmes au fil des chansons.
Une deuxième partie survoltée
Beat Sexü, qui est plus connu du public et dans le monde du spectacle, a eu droit à une salle quasi pleine. Toutefois, la relation d’intimité avec le public était moins présente : le sentiment de partage exclusif de Titelaine semblait plus authentique.
Si on devait résumer leurs chansons, on évoquerait une harmonie instrumentale qui met de l’avant des voix douces, chaleureuses et presque romantiques. Les mélodies sont langoureuses, puis toniques d’une musique à l’autre. Le rythme est entraînant : le public n’avait pas perdu l’envie de danser.
La dynamique instrumentale était en opposition à la douceur des voix sopranos. Dans un état presque psychédélique, les artistes créaient une sorte de transe musicale pour les spectateurs et les spectatrices tellement le rythme était prenant. Les effets très rapides et saturés créaient un sentiment de vertige.
L’univers musical des années 90 est une source d’inspiration à part entière pour ces artistes et leur style. Ils ont moins le côté pop-électro, qui est très populaire en ce moment, mais plus quelque chose d’unique et distinct. C’est un mal pour un bien, car c’est très underground. Soit on aime, soit on n’aime pas.
Si les styles musicaux de Beat Sexü et de Titelaine sont aux opposés du spectre de l’alternatif, les deux groupes ont réussi à faire danser le public, sur le bout de leur chaise.
Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus
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