Le long métrage Nouveau-Québec, réalisé par Sarah Fortin, a été présenté au Festival du nouveau cinéma (FNC). Les images à la fois fortes, magnifiques, troublantes et complètement d’actualité mettent à l’avant-plan la région de la Côte-Nord et ses villages quasi inhabités.
C’est sur de saisissantes images de paysages nordiques aux allures désertiques que débute Nouveau-Québec. Alors que Sophie (Christine Beaulieu), enseignante originaire de Schefferville, apprend le décès de son père, un ancien mineur, elle retourne sur les traces de ce dernier avec son conjoint. Le couple se rend alors dans l’ancienne ville minière et y découvre un passé lourd de secrets, lorsqu’un accident tragique se produit sous leurs yeux.
Alors que les relations entre Québécois et Autochtones ont fait couler énormément d’encre dans la dernière année, le film, plus nécessaire que jamais, met en lumière les relations à la fois riches et complexes que les Allochtones entretiennent avec les membres des Premiers peuples vivant dans la région.
Immersion dan l’industrie minière
Le film met de l’avant le sentiment d’étouffement qui vient avec la solitude propre aux habitants des villes lointaines. Le public se sent pris au piège dans cette ville froide et désuète, dans laquelle rien n’a vraiment changé depuis les années 1980. C’est d’ailleurs la fermeture de la mine principale qui avait forcé des dizaines de familles comme celle de Sophie à déménager à Sept-Îles, alors qu’elle n’était qu’une enfant.
C’est un pan de l’histoire québécoise est parfois oublié : la fermeture de grandes industries dans les régions éloignées du Québec dans les années 1980. Ce revirement économique a provoqué la création de plusieurs villages aujourd’hui appelés « fantômes » puisqu’ils demeurent presque inhabités.
Ainsi, le long métrage se veut presque un hommage aux familles ouvrières ayant été affectées par ces grands bouleversements économiques.
L’étouffement en pleine nature
On comprend rapidement que le père de Sophie était un homme apprécié de la communauté. Ce dernier était l’une des rares personnes allochtones qui prend le temps de s’ouvrir à la culture des communautés autochtones voisines. Il tente même d’apprendre la langue innue et les traditions de la communauté.
Sophie suivra ses traces en tentant elle aussi de s’intégrer à la communauté, ce qui semble plus difficile pour son conjoint Mathieu qui se voit accusé d’un meurtre qu’il prétend ne pas avoir commis.
Les plans rapprochés de la nature entourant la petite ville et les images de Sophie marchant sur les routes qui ont marqué sa jeunesse ont quelque chose d’à la fois poignant et nostalgique. Il faut ajouter que la trame sonore paraît également sortir d’un film documentaire des années 1970, ce qui plonge l’auditoire en introspection.
C’est dans une ambiance nostalgique et authentique d’un Québec rural et méconnu que Sarah Fortin réussit à surprendre le public. La place laissée à la langue innue, ainsi qu’à l’humour chaleureux de sa communauté, permettent aux spectateurs et aux spectatrices de vivre des moments plus tendres et joyeux, tout en alternant avec l’intrigue policière qui se déroule sur le territoire.
Le cinéma québécois se redéfinit à travers cette œuvre qui allie merveilleusement le savoir-faire innu au talent cinématographique de Sarah Fortin. À travers le jeu extrêmement authentique et naturel de Christine Beaulieu, le public se voit complètement transporté dans cet univers si près de nous et si loin à la fois.
Mention photo Nouveau-Québec
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