L’homme qui répara le ciel

C’est en septembre 1987 que les communautés scientifiques et politiques internationales ont convergé vers Montréal pour faire face à une importante menace climatique : la détérioration de la couche d’ozone. Le milieu climatique s’unit près de 35 ans plus tard pour acclamer le Protocole de Montréal.

Le politologue retraité Thomas McMillan vit maintenant à Boston où il a été diplomate pour le Canada pendant plusieurs années. Dans cette ville, il est connu comme le consul général du Canada. À New Haven, dans le Connecticut, il est connu comme le professeur McMillan qui a enseigné à l’Université Yale. Dans la communauté scientifique, il est connu comme l’homme qui a bouché le trou dans la couche d’ozone. 

Alors second ministre de l’Environnement sous Brian Mulroney, Thomas McMillan a conçu avec son cabinet le Protocole de Montréal et a mené à son exécution. Le sommet mondial en 1987 avait pour objectif de trouver une façon de ralentir la destruction de la couche d’ozone. 

McMillan rappelle le désir pressant d’agir de son administration après la rétrogradation de sa prédécesseure, la ministre Suzanne Blais-Grenier. « À cause de la malfaisance de la ministre, M. Mulroney a ressenti le besoin de nommer un environnementaliste acharné pour dissiper la réputation de maladresse en matière d’environnement que son cabinet s’était mérité », déclare-t-il.

Ayant déjà grandement contribué à la protection de l’environnement avant 1985, M. McMillan voulait en faire davantage lorsque la communauté scientifique internationale a découvert un trou géant dans la couche d’ozone au-dessus de l’Arctique. 

Ainsi, une collaboration étroite et historique entre la classe politique canadienne, les scientifiques et les climatologues a débuté. « C’était un processus pour lequel le Canada s’est retrouvé à l’avant-garde », affirme M. McMillan, qui a guidé le projet avec son équipe et a convaincu originellement 24 pays de signer l’entente qui sera ensuite ratifiée par 197 pays. 

La science et l’entraide derrière le succès du protocole

« Sans la couche [d’ozone] et sans la protection que lui a donné le Protocole de Montréal, la situation en 2020 serait assez catastrophique et il serait difficile de préserver la vie sur Terre », assure la directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Paris, Sophie Godin-Beekmann, une sommité mondiale dans le domaine de la protection de la couche d’ozone. 

D’après Mme Godin-Beekmann, le succès du Protocole de Montréal réside dans le fait qu’il est le seul accord de son genre à avoir instauré des mesures contraignantes pour les pays récalcitrants, plutôt que de simplement faire confiance à la bonne foi et aux propositions volontaires des États participants.

Thomas McMillan et Sophie Godin-Beekmann attribuent également une grande part du succès du Protocole à l’établissement d’un fond multilatéral servant à aider les pays en développement à respecter les mesures. 

Les résultats du Protocole de Montréal ont été si positifs qu’ils ont poussé en 2000 le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, à le qualifier de « plus grande réussite de protection environnementale de notre histoire ». 

La fierté d’une nation

Au Québec, le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, Frantz Benjamin, qui qualifie le Protocole de Montréal comme un « bon début dans la bonne direction », rappelle la fierté que les Québécois et les Québécoises ont ressentie au moment de « cette grande messe environnementale ».

Le député du Parti libéral du Québec ajoute que, 33 ans plus tard, notre société arrive à un carrefour décisionnel où elle a deux choix : respecter la science ou l’ignorer. Selon lui, il est primordial de suivre l’exemple des architectes du Protocole de Montréal en empruntant la voie éclairée par les scientifiques et les environnementalistes afin de surmonter les défis climatiques qui demeurent une menace concrète à l’extinction de la vie sur Terre. 

« Le Protocole de Montréal n’aurait pas été possible si l’administration de Mulroney n’avait pas collaboré avec les scientifiques et les environnementalistes », insiste également Thomas McMillan. Ainsi, afin de faire face à la menace climatique, les pays devront collaborer plus ouvertement entre eux, mais également au sein même des gouvernements, entre politiciens et politiciennes et scientifiques afin d’assurer une pérennité sur terre.

Cet article est paru dans l’édition papier du 1er décembre 2020.

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