Le documentaire Sous un même soleil du réalisateur François Jacob présenté jusqu’au 2 décembre dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) tombe à point nommé, alors que les conflits autour de la région du Haut-Karabagh n’ont jamais été autant d’actualité. Ce récit touchant et désarmant amène l’auditoire à s’interroger sur ce conflit qui fait rage entre l’Arménie et l’Afghanistan.
« Dieu nous a créés pour qu’on vive, pas pour qu’on s’entretue. Et pourtant, on s’entretue ». C’est sur ce témoignage d’un habitant de la région que le documentaire commence, mettant des mots sur ce qui brûle les lèvres. Ce que cet homme tente de nous expliquer c’est que ce conflit a des impacts profonds, et la douleur qu’il exprime reflète bien le désarroi des populations.
Sous un même soleil est un savant mélange entre des faits historiques et des témoignages, à la fois intimes et poignants, de personnes directement impactées par ce règlement de compte territorial.
Le documentaire de 97 minutes reprend avec clarté l’origine et les enjeux de cette guerre. De plus, il présente de façon didactique les différents points de vue, ce qui permet de comprendre les tenants et aboutissants de cet important conflit.
Une construction percutante
Les images nous amènent directement sur place, en immersion, mais sans pour autant nous montrer les horreurs qui s’y déroulent. Le public n’y verra ni d’images barbares ni de scènes sanglantes, mais seulement quelques ruines. L’essentiel du message passe par les témoignages.
Le contraste entre les histoires terrifiantes et les images douces est saisissant, et plonge l’auditoire dans une sorte de légèreté qui s’oppose aux propos des nombreuses personnes qui interviennent. Les images, majoritairement de jour, montrent une vie quotidienne qui pourrait être celle de n’importe qui, jusqu’à ce qu’on écoute.
La diversité des témoignages semble inviter l’auditoire à prendre parti pour l’Arménie ou l’Afghanistan, comme si l’un des points de vue était plus vrai ou plus juste, alors que ce conflit est bien plus complexe que cette simple binarité d’opinion. Cette opposition manichéenne rend impossible de départager celui ou celle qui est en tort, à la manière dont le ferait un arbitre sportif. Ce sujet a beaucoup trop d’impacts, à beaucoup trop de niveaux pour pouvoir choisir.
La trame n’en est pas moins poignante et chaque témoignage apporte son lot d’émotions et d’empathie. Le travail réussi du réalisateur nous permet d’assister à un cours d’histoire qui se déroule devant les yeux des spectateurs et des spectatrices.
Un conflit sans dénouement
Malheureusement, la fin encourage un sentiment de suspens, comme s’il manquait une chute pour comprendre. Écrit sous une forme didactique, ce documentaire promet implicitement un dénouement, qui ne vient évidemment pas.
Dans les dernières minutes, une scène détonne un peu, et laisse l’auditoire perplexe. Des civils sont assis face à face et présentent leurs propres arguments. Il apparaît rapidement qu’ils ne trouveront cependant pas de terrain d’entente. Cette scène, bien que désarmante pour l’auditoire en attente de réponses, représente très bien la réalité complexe de ce conflit. Chacune des parties est convaincue d’avoir raison et l’entente s’avère impossible.
Un documentaire instructif qui saura satisfaire la curiosité et la soif d’apprendre de chacun, tout en laissant un arrière-goût amer. Avide d’une fin heureuse, l’auditoire reste insatisfait, puisque ce conflit n’est ni heureux, ni terminé.
Mention photo François Jacob
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