Son nom a été associé à certaines formations politiques anti-bilinguisme et il ne parle que l’anglais : il s’agit de Blaine Higgs, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, l’unique province officiellement bilingue du Canada. Le nouveau statut majoritaire de son parti sème l’inquiétude dans la communauté étudiante francophone acadienne.
Le 14 septembre, le Parti conservateur-progressiste (PCNB) de Blaine Higgs a réussi à obtenir 27 sièges contre 17 sièges pour les libéraux. La victoire du premier ministre sortant tient principalement du vote anglophone dans le sud de la province, alors que les libéraux ont remporté 14 des 16 circonscriptions à majorité francophone dans le Nord.
Lors de son premier mandat minoritaire de 2018 à 2020, Blaine Higgs était soutenu par l’Alliance des gens, un parti qui remet en question la pertinence des services bilingues dans la fonction publique, affirme le directeur général de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB), Frédérick Dion.
« Avec son statut nouvellement majoritaire, le chef conservateur n’aura plus besoin de l’appui de l’Alliance des gens pour montrer ses véritables couleurs, croit le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et étudiant en droit à l’Université de Moncton, Alexandre Cédric Doucet. Il n’a pas encore prouvé aux francophones qu’il n’allait pas nuire à leurs droits ».
Blaine Higgs avait perdu à la chefferie, en 1989, de la Confederation of Regions (CoR), dissous en 2002, un parti qui était également anti-bilinguisme.
La survie de l’Université de Moncton
L’Université de Moncton est le seul établissement dédié aux études universitaires francophones dans la province. Sa survie est d’une importance cruciale pour l’avenir de la nouvelle génération acadienne néo-brunswickoise selon Alexandre Cédric Doucet.
Le Conseil des gouverneurs de l’Université de Moncton a approuvé le 26 septembre un budget déficitaire de 5,9 millions de dollars pour 2020-2021, source d’inquiétudes pour Vincent Leclair, étudiant en éducation et militant acadien: « J’ai peur que la situation financière de l’université s’aggrave davantage en raison de la réélection de Blaine Higgs au pouvoir ». D’après lui, l’université aura plus de difficulté à obtenir du financement venant du gouvernement de Higgs, reconnu pour ses mesures budgétaires austères.
Par exemple, en 2019, le gouvernement a retiré 8,7 millions de dollars au total à l’Université de Moncton et à l’Université du Nouveau-Brunswick. En plus de ce déficit, les frais de scolarité des étudiants et des étudiantes à temps plein de l’Université de Moncton ont augmenté de 2% au premier cycle et de 8% aux cycles supérieurs.
« S’il décide de mettre la communauté francophone étudiante de côté, les jeunes risquent de quitter la province pour aller étudier au Québec. [Ce serait] une défaite pour la francophonie au Nouveau-Brunswick », pense le jeune diplômé de l’Université de Moncton et militant environnementaliste, Yoan Bourgoin.
La communauté acadienne aliénée
Daniel Allain, député de Moncton-Est, est le seul élu francophone parmi les conservateurs. « Il y a un sentiment d’aliénation par rapport au gouvernement actuel puisque les régions acadiennes ne sont pas représentées au sein du gouvernement », explique Frédérick Dion.
Pourtant, les communautés francophones représentent un poids démographique et électoral important dans la province aux mille panoramas. Les Acadiens et les Acadiennes composent 33% de la population du Nouveau-Brunswick, selon des données de l’Université de Moncton.
Une législation fondamentale
Deux lois provinciales protègent les droits linguistiques des Acadiens et des Acadiennes au Nouveau-Brunswick.
Richard Hatfield, premier ministre conservateur néo-brunswickois de 1970 à 1987 , a adopté la loi 88 qui reconnaît l’égalité des deux communautés linguistiques officielles au Nouveau-Brunswick. Elle venait appuyer la Loi sur les langues officielles de 1969 implantée par l’ancien premier ministre acadien libéral, Louis Robichaud.
« J’ai peur que le gouvernement de Blaine Higgs fasse d’autres coupures, puis que nous revenions 40 ans en arrière où la pertinence d’une loi sur le bilinguisme dans la province était remise en question », craint Vincent Leclair.
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