La Chaire de recherche du Canada sur les médias, les handicaps et les (auto)représentations a vu le jour à la Faculté de communication de l’UQAM le 29 juillet dernier. L’objectif est de mettre sur pied ce que le titulaire de la chaire de recherche, Mouloud Boukala, nomme « politiques médiatiques ».
« Ces politiques seraient non discriminatoires et respectueuses de la dignité humaine des personnes vivant avec un handicap et de leurs droits », indique celui qui est également professeur à l’École des médias de l’UQAM. Le rôle de ces politiques sera celui de levier pour la reconnaissance sociale de ce groupe, en permettant la création de mesures pouvant améliorer leurs représentations et leur inclusion dans les contenus médiatiques canadiens.
Pour se faire, M. Boukala explique que la chaire se penchera sur la construction identitaire des personnes vivant avec un handicap au cinéma, à la télévision et en bande dessinée, et ce, en collaboration avec des acteurs et des actrices s’auto-identifiant comme ayant un handicap. « Elle mettra en lumière les personnes vivant avec un handicap qui sont (auto)représentées et comment elles le sont », souligne celui qui travaille sur la question des handicaps depuis plus d’une dizaine d’années.
« Ce n’est pas tout d’avoir une personne vivant avec un handicap dans une série. Elle peut bien être représentée quantitativement, et ce, à tous les épisodes, mais on lui attribue un rôle caricatural, sans épaisseur, voire stéréotypant », illustre-t-il.
Aux yeux du doyen de la Faculté de communication de l’UQAM, Gaby Hsab, la société canadienne bénéficiera ainsi « d’une meilleure compréhension des enjeux médiatiques de représentation des handicaps et une meilleure reconnaissance de la place que souhaitent occuper les personnes handicapées au sein de la société, en tant que membres égaux et à part entière. »
Pistes de réflexion
Bien que la chaire est encore en recrutement de collaborateurs et de collaboratrices, son titulaire émet déjà des hypothèses qui nourriront le travail des futurs membres.
L’une d’elles est la multiplication des autoreprésentations des handicaps dans les différents médias canadiens à partir des années 2000. Selon M. Boukala, celles-ci sont plus riches en liberté de création puisqu’elles se fondent sur la perspective d’une expérience vécue. « On arrive à des représentations moins oppressantes qui vont permettre une sorte “d’empowerment“ », soulève-t-il.
Les autoreprésentations, à l’inverse des représentations, apparaissent lorsqu’une personne vivant avec un handicap incarne elle-même son rôle dans les médias. M. Boukala et son équipe analyseront ces deux formes tant quantitativement que qualitativement.
Au cours des cinq prochaines années, la chaire de recherche s’intéressera à la période allant de 1980 à 2020, ce qui en fait, selon M. Boukala, la première recherche de cette envergure sur le sujet.
Pour le doyen de la Faculté de communication, Gaby Hsab, cette chaire s’inscrit dans la ligne directe des préoccupations de l’université. « Depuis sa création, l’UQAM porte une attention particulière aux populations et groupes marginalisés dans un souci d’inclusion et de partage », conclut-il.
Photo fournie par Mouloud Boukala
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