Dotée d’une énergie et d’une passion sans limite, Jade Bourdages-Lafleur s’implique auprès des futur(e)s travailleurs et travailleuses sociaux en tant que professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), en plus de présider le conseil d’administration de Coup d’éclats, un organisme qui donne une voix aux populations marginalisées. Portrait d’une femme inépuisable.
Même si elle profite désormais d’une expertise en enseignement et dans les mouvements politiques de la jeunesse, Jade Bourdages-Lafleur possède un parcours scolaire particulier. Elle met fin à ses études en première année du secondaire. Après avoir traversé une période d’itinérance dans sa jeunesse, elle commence à s’impliquer comme intervenante auprès des jeunes dans la rue. Ayant vécu la même expérience que beaucoup de jeunes marginalisé(e)s, une empathie envers ces derniers et ces dernières se développe rapidement chez elle.
Elle revient plus tard sur les bancs d’école. Motivée par « un désir profond » de comprendre une société qui, selon elle, est souvent inégalitaire, elle décide d’entamer ses études universitaires à l’âge de 27 ans, alors qu’elle est mère de deux enfants. Elle obtient son doctorat en 2018 à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa en plus de commencer une carrière d’enseignante en travail social à l’Université.
Une professeure appréciée
Que ce soit dans ses travaux de recherches ou dans l’enseignement, Jade Bourdages-Lafleur dispose d’un atout unique : l’union de sa formation pratique et théorique, une qualité appréciée par ses étudiants et ses étudiantes.
L’ancienne étudiante en travail social Sarah Poulin-Chartrand affirme haut et fort que Jade Bourdages-Lafleur a été « un gros coup de coeur » pour beaucoup de personnes qui ont étudié auprès de l’enseignante.
« Je n’aurais manqué son cours du lundi matin pour rien au monde », avoue-t-elle, avant d’ajouter que la professeure discutait d’exemples contemporains, faisait lire des textes complexes, mais réussissait tout de même à donner un cours passionnant.
L’étudiante explique que le cours de Mme Bourdages-Lafleur était certes exigeant, mais tout aussi enrichissant. « Jade nous donnait envie de ne pas la décevoir dans nos travaux, raconte-t-elle. Nous avions envie qu’elle sache que nous avions travaillé fort pour son cours, que nous prenions ça au sérieux. »
Elle souligne que Jade Bourdages-Lafleur s’assure toujours du succès de ses étudiants et de ses étudiantes. La professeure est toujours disponible pour s’accommoder aux difficultés de ses auditeurs et de ses auditrices et répond à chacune de leurs questions.
« Prendre la peine d’écouter »
Au cours de ses études, Jade Bourdages-Lafleur ne délaisse pas sa passion pour les enjeux de la jeunesse. Malgré qu’elle se soit distanciée du travail social pour se concentrer sur ses études, elle continue de défendre les droits des jeunes, notamment par ses recherches.
Jade Bourdages-Lafleur teinte ses travaux de son envie de faire entendre la voix parfois brimée de la jeunesse. Elle étudie par exemple comment la « jeunesse catalyse nos fantasmes de société » ainsi que la délinquance chez les personnes mineures.
Cette année, Jade Bourdages-Lafleur compte diriger son attention sur la Commission Laurent, qui enquête sur la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) après le décès d’une jeune fille de sept ans dans des circonstances troublantes. Elle y a témoigné en novembre dernier.
Selon Mme Bourdages-Lafleur, de mauvaises décisions prises par le gouvernement québécois durant les dernières décennies sont responsables de la regrettable réputation de l’institution. Elle souhaite faire comprendre que la DPJ n’est pas dans cet état déplorable en raison d’un simple manque de formation ou de revenus.
Selon elle, il faut creuser plus loin et réaliser que des années de négligence par plusieurs gouvernements ont déstabilisé la DPJ. Les tenants et aboutissants des crises ne sont pourtant pas invisibles. Elle affirme qu’il s’agit seulement de « prendre la peine d’écouter ».
Jade Bourdages-Lafleur compatit avec ces jeunes parfois abandonné(e)s par le système. Elle veut les aider à développer leur propre voix, jugeant que l’État n’est pas capable de prendre adéquatement soin d’eux.
Une femme inépuisable
Même si elle aimerait passer le reste de ses jours à l’université, Jade Bourdages-Lafleur consacre aussi une partie de son temps à d’autres projets, dont Coup d’éclats. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif qui cherche à utiliser l’art pour donner une voix aux communautés marginalisées.
La directrice artistique et fondatrice de Coup d’éclats, Emily Laliberté, n’a que de bons mots pour sa collègue. Elle explique notamment que, dès sa rencontre avec la professeure, « c’était évident que Jade devait prendre la présidence [du conseil d’administration de l’institution] ».
À travers ses grandes réserves d’énergie, Jade Bourdages-Lafleur semble être appréciée de tous et toutes. Grâce à sa passion pour corriger les injustices et son empathie, elle continue de se battre pour le droit des jeunes sans montrer signe de fatigue.
Cet article devait paraître dans l’édition papier du printemps 2020 qui a été annulée en raison de la COVID-19.
Crédit photo Coup d’éclats
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