C’est dimanche qu’avait lieu la 43e Journée internationale des femmes. Le collectif Femmes de diverses origines a réuni plusieurs milliers de manifestantes et de manifestants dans les rues de Montréal pour célébrer les femmes, mais surtout pour mettre en lumière les conséquences que les inégalités sociales et raciales ont sur les femmes de partout dans le monde.
« Femmes unies contre l’islamophobie », « Viva viva Palestina », « Solidarité avec les femmes du monde entier », tels sont les slogans qui ont résonné au Square Cabot à Montréal, lieu de rassemblement significatif pour les femmes itinérantes autochtones. Des représentantes chiliennes, palestiniennes, mexicaines, haïtiennes, philippines et autochtones se sont unies pour dénoncer la violence faites aux femmes et pour militer contre les injustices. « On veut montrer ce qui s’en vient pour la lutte des femmes », explique Sophia, une femme d’origine chilienne venue manifester avec sa fille Marianne.
Marqué par une douce chaleur printanière, l’après-midi a débuté avec la performance de la célèbre chorégraphie « Le violeur, c’est toi! », créée par un collectif féministe chilien et désormais chanté et dansé partout à travers le monde. Son but ? Dénoncer les violences et les agressions faites aux femmes.
Un certain nombre de femmes d’origine mexicaine étaient également présentes parmi les marcheuses et les marcheurs pour dénoncer les féminicides qui sont en constante augmentation au Mexique. Neuf femmes sont assassinées chaque jour dans ce pays d’Amérique latine où 90% des meurtres demeurent non sanctionnés, et où une femme est violée toute les 18 secondes, selon des chiffres rapportés par Radio-Canada la semaine dernière dans l’émission Ces femmes qu’on tue.
Solidaires à la communauté Wet’suwet’en, c’est devant les bureaux de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) que les manifestantes et les manifestants ont effectué leur premier arrêt afin de laisser la parole à Marlène Hale, représentante de cette communauté.
À travers un discours émotif, accompagnée de son tambour autochtone, Mme Hale a dénoncé les prises de positions favorables de la GRC face au projet de pipeline Coastal GasLink ainsi que le manque de respect des agentes et des agents de la gendarmerie quant aux traditions autochtones.
Les femmes se sont ensuite arrêtées devant le Consulat général d’Israël à Montréal, le temps de quelques slogans de ralliement de la part des Palestiniennes présentes. La manifestation pacifique a fait son bout de chemin vers le centre de recrutement de l’armée canadienne avant de se terminer devant les bureaux du Consulat général des États-Unis, situé sur la rue Sainte-Catherine.
La lutte des femmes pour la protection de l’environnement
Dans un discours inclusif, la présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, a placé les luttes environnementales au cœur de son message. Elle a tenu à rappeler aux femmes blanches, non-blanches et autochtones que la protection de l’environnement est le point commun qu’ont toutes les femmes. « La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre », a-t-elle traduit de l’innu au français.
Marie-Josée Béliveau, instigatrice du Mur de femmes contre les oléoducs et les sables bitumineux, explique qu’elle souhaite dénoncer les impacts « sexospécifiques des projets de pétrole et de gaz », c’est-à-dire des impacts environnementaux « touchants plus spécifiquement les femmes » grâce à la manifestation. «On est ici pour être solidaires à toutes les femmes impactées à travers le Canada et le monde, et surtout les femmes autochtones du Canada », affirme-t-elle.
À la défense des travailleuses
Les conditions des femmes immigrantes ont été mainte fois interpellées par le slogan « Assez bonne pour travailler, assez bonne pour rester », dénonçant la situation de précarité de certaines travailleuses étrangères qui peinent à obtenir leur citoyenneté canadienne, selon les organisatrices du collectif Femmes de diverses origines.
Certaines membres de Chili s’est réveillé Montréal, une association qui organise des rassemblements tous les mercredis depuis six mois au métro Berri-UQAM, étaient également présentes pour dénoncer les violations des droits humains au Chili. Helena Tapia, l’une des manifestantes chiliennes du groupe, a déploré entre autres le manque de couverture médiatique sur les conditions de travail des femmes et des hommes dans les mines canadiennes installées dans son pays natal.
Femmes de diverses origines organise la manifestation pour la journée internationale des femmes depuis maintenant dix ans. L’association regroupe plusieurs organisations qui militent pour faire respecter les droits et les conditions de travail des femmes immigrantes au Canada, et offre du soutien aux femmes victimes de violence à travers des groupes communautaires dédiées aux femmes de diverses origines.
Photos | Laurence Taschereau MONTRÉAL CAMPUS
Laisser un commentaire