Se démarquer de ses rivaux en proposant des programmes originaux, personnalisés et tournés vers l’avenir : tel était l’objectif de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) pour les portes ouvertes du 11 février 2020, où on présentait les meilleurs appâts pour charmer les futurs étudiants et étudiantes afin de contrer la baisse de l’effectif.
À chaque édition, plusieurs milliers de participants et de participantes viennent découvrir les 300 programmes d’études offerts par l’UQAM. En réponse à une baisse d’inscriptions évaluée à 14% depuis 2014, l’administration a dû mettre les bouchées doubles pour cet événement. Jenny Desrochers, directrice des relations de presse et événements spéciaux à l’Université, explique que : « cette baisse a un effet majeur sur le budget de l’UQAM, car 90 % des revenus de l’Université, soit les subventions du gouvernement, les droits de scolarité et les frais institutionnels, sont directement influencés par le nombre d’étudiants ».
Située dans des secteurs populaires de Montréal, soit le Quartier latin et le Quartier des spectacles, l’Université, bien qu’accessible, doit trouver un autre moyen afin de se différencier des universités avoisinantes. En effet, 15 des 18 universités du Québec comptent au moins un de leur pavillon dans un rayon de deux kilomètres de l’UQAM.
Programmes et innovations
Selon Michèle Gagnier, conseillère en recrutement étudiant, la stratégie derrière les portes ouvertes de 2020 était donc de miser sur les programmes uniques à l’UQAM et les forces de l’université telles que les innovations qu’on y fait et la faculté de communication.
Le principal défi entourant les portes ouvertes était de renouveler l’événement qui revient chaque année dans chaque université. Afin de remplir les bancs d’école, la conseillère en recrutement étudiant Mélanie Fournier souligne l’importance d’être à l’écoute de la clientèle cible. Il s’agit surtout des étudiants du premier cycle, car c’est là où la baisse est la plus importante. « On essaye de se baser sur l’actualité afin de rejoindre les gens », explique-t-elle. Baser les programmes sur l’actualité et en adapter l’offre selon les intérêts des étudiants et les étudiantes permettrait de mieux les rejoindre.
Face aux vagues d’immigration que connaît la Ville de Montréal, l’École de langues de l’UQAM présente aussi un nouveau certificat en français et en anglais portant sur l’expérience montréalaise. Celui-ci offre des programmes personnalisés aux étudiants et aux étudiantes désirant acquérir une meilleure connaissance des deux langues officielles du pays tout en développant leur culture générale montréalaise. Le directeur de l’École de langues, Carey Nelson, explique que l’objectif du programme est de « permettre aux étudiants d’entrer sur le marché du travail avec un niveau de français et d’anglais suffisant pour se trouver un emploi ».
Nancy Moreau, conseillère en recrutement étudiant à l’École des sciences de la gestion (ESG), rappelle que les besoins des étudiants et des étudiantes d’il y a 15 ans ne sont pas les mêmes que ceux de la génération actuelle. Elle croit que le rôle de l’université est de s’adapter à la clientèle pour répondre à leurs besoins ainsi qu’aux changements et aux enjeux actuels.
Par exemple, face à la pénurie d’enseignants et d’enseignantes qualifié(e)s sur l’île de Montréal, la faculté des sciences de l’éducation a tenu un kiosque d’information pour les enseignants et les enseignantes non légalement qualifié(e)s. Michèle Gagnier rappelle qu’il faut « aller chercher les étudiants un à un », et que c’est par des projets uniques et une offre variée qu’on y parvient.
L’administration a organisé des campagnes sur les réseaux sociaux et dans les médias pour rejoindre un public plus large. Les nouveautés de l’UQAM y sont annoncées et les divers programmes spécifiques à l’Université, tels que celui de sexologie, sont mis de l’avant.
Mélanie Fournier souligne que pour se distinguer, l’UQAM présente deux nouveaux programmes en Résiliences, risques et catastrophes au deuxième cycle. Face à la gradation des répétitions et de la gravité des catastrophes au cours des années, ces programmes visent à former un personnel prêt à réagir en cas de catastrophe et à en réduire les risques. Aucune autre université francophone en Amérique du Nord ne propose de telles formations.
La baisse du nombre d’inscriptions
Depuis l’année scolaire 2014-2015, l’Université du Québec à Montréal enregistre une baisse d’inscriptions. La population étudiante d’il y a 5 ans s’élevait à 43 945 alors qu’en 2018-2019, dernière année où des statistiques sont accessibles, l’UQAM comptait 37 600 étudiants inscrits à la session d’hiver. Depuis l’année scolaire 2014-2015, les chiffres ont fluctué énormément, mais toujours à la baisse contrairement aux habitudes de l’Université.
https://rapports-annuels.uqam.ca/statistiques.html
Les facteurs de la baisse
Plusieurs facteurs entrent en jeu lorsqu’on parle de la baisse du nombre d’inscriptions dans les dernières années. Le grand nombre d’universités qualifiées et la multiplicité des programmes offerts dans toutes les universités, non seulement à Montréal, mais à travers le globe, sont des facteurs non négligeables auxquels se heurtent les conseillères en recrutement étudiant Mélanie Fournier et Michèle Gagnier.
La réputation qui précède l’UQAM constitue également un défi pour l’administration. L’un des préjugés les plus connus et persistants est que ses membres sont toujours en grève.
Les conseillères en recrutement étudiant Mélanie Fournier et Michèle Gagnier rappellent que la réputation de l’UQAM à Montréal est une chose, mais que la réputation de l’établissement à l’international en est une autre. Selon elles, il mettre de l’avant le bon côté des choses plutôt que chercher à entrer dans le moule : « il faut présenter le côté positif d’une école comme la nôtre ; on prend position socialement, car c’est une université qui veut faire les choses autrement ».
Photo | Florian Cruzille MONTRÉAL CAMPUS
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