Chârogne, formation montréalaise de punk rock entièrement féminine, offre enfin le plaisir à ses fans d’écouter Mange-moi, son tout premier EP, qui a été lancé le 6 septembre dernier. Le groupe y expose sans prétention ses idéaux féministes tout en canalisant leurs indignations personnelles.
Dans un sous-sol de Verdun, en 2012, cinq jeunes femmes âgées de 18 à 20 ans se propulsent dans un projet musical. Après quelques changements au sein du groupe, Hélène Forest (guitare, chant, basse), Vicky Hill (guitare, basse), Sarah Drouin (guitare), Maude Millette (batterie) et Catherine Morrissette (chant) composent Mange-moi.
Aujourd’hui, Chârogne est l’un des visages de la culture grunge au Québec. « À l’époque, on se réunissait régulièrement pour faire des covers de RiotGrrrl », se remémore la chanteuse Catherine Morrissette, qui a maintenant 24 ans. Le groupe s’inspirait des formations punk populaires de la fin des années 1990, comme The Courtney Love et Bikini Kill. « Certaines [d’entre nous] aimaient aussi le jazz, d’autres le rock-alternatif. On a vraiment fait un gros melting-pot musical », précise Sarah Drouin.
La présence scénique de Chârogne est plutôt phénoménale, selon Catherine Morrissette, notamment grâce à sa formation en théâtre à l’Université du Québec à Montréal. « Sur scène, on est autant comiques qu’effrayantes », déclare la chanteuse. À leurs débuts, les filles arboraient des costumes provocateurs, tel que des justaucorps ornés de dessins sexuels et parsemés d’injures. « Désormais, on veut plutôt être nous-mêmes lorsqu’on joue devant public. Après tout, nous sommes des féministes réalistes », ajoute-t-elle, en précisant qu’elles adoptent aujourd’hui un style moins choquant.
« Notre message est clair: il faut s’assumer dans ce qu’on est sans avoir à prendre un discours et une allure typique, approuvés par les comités féministes », souligne fermement Sarah Drouin. « Tu fais ce que tu veux avec ton corps. On veut créer de la controverse et une solidarité entre nous et les femmes qui nous écoutent », poursuit Catherine Morrissette, qui ne se gêne pas d’envoyer paître les femmes qui cherchent à les influencer quant à leur manière de dénoncer les stéréotypes.
Une évolution constante
Ce premier album reflètera en partie une phase plus sombre du groupe: celle de la colère, de la rébellion. « On a vite réalisé qu’en tant que femmes, on peut se « lâcher lousse » et dire ce qu’on veut au micro. C’est vraiment très brut comme album », avance Catherine Morissette.
Les membres de Chârogne partagent un fort désir de provoquer l’auditoire. « Je pense que nous allons être connues pour un scandale », ricane la chanteuse, qui mentionne qu’il faut prendre leur musique avec un grain de sel. Certaines chansons de Mange-moi évoluent cependant dans un registre plus intime et évoquent même des expériences d’abus sexuels. « On veut faire réaliser des choses à ceux qui nous écoutent. Certaines chansons qu’on a composées une fois plus vieilles contiennent des paroles plus recherchées », révèle Catherine Morrissette.
Après cinq ans de travail, le quintette féminin se sent fin prêt à lancer son premier élément discographique qui regroupe sept chansons, dont quatre inédites: À vendre, Féministe frustrée, T’es pas bon, Usine à bébés, Gorgotton, La salle d’attente et J’peux pas montrer mes seins. « Mange-moi, c’est un p’tit peu juteux, un p’tit peu gras pis un p’tit peu cru », conclut Catherine Morissette.
photo: MICHAËL LAFOREST MONTRÉAL CAMPUS
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