Des milliers de Québécois se sont réunis lundi soir à Montréal pour rendre hommage aux six victimes, aux blessés ainsi qu’à tous ceux et celles touchés, de près ou de loin, par l’attentat terroriste de la veille perpétré contre le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ).
Soudés par l’incompréhension, le chagrin et la peine, plusieurs Québécois pleuraient la perte de leurs êtres chers au parc de la gare Jean-Talon. Une veillée organisée par des citoyens a privilégié la parole des membres de la communauté musulmane souhaitant partager leurs messages de paix et de gratitude. Après une heure de prise de parole, les milliers de personnes présentes ont observés une minute de silence en l’honneur des victimes du CCIQ.
« À tous nos concitoyens et concitoyennes, [je vous dis] assalamu alaykum [que la paix soit sur vous]. […] Ceux qui profitent de nos peurs, jamais vous nous diviserez. Travaillons ensemble et sans relâche pour la paix », a exprimé sur scène Haroun Bouazzi, le coprésident de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec (AMAL-Québec).
Ceux qui ne pouvaient pas être sur place avaient la possibilité de rester à l’affût des événements par l’entremise de la couverture en direct sur les médias sociaux. Des pancartes et des banderoles étaient parsemées partout dans la foule. Sur celles-ci, on lisait des citations comme : « Our country is strong not in spite of our differences, but because of them », un extrait d’un discours du Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, prononcé lors de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
« C’est choquant de savoir que même un lieu aussi sacré qu’une mosquée n’est pas à l’abri d’attaques », dénonce l’étudiant au doctorat en pharmacie à l’Université de Montréal, Abdelkader Belati. « Pour moi, il est important de participer à ce rassemblement. Tous ensemble, on peut freiner l’ignorance », ajoute l’homme de confession musulmane et d’origine algérienne.
Colère et déception à l’endroit des médias
Un étudiant au baccalauréat en administration marketing à l’UQAM, Khaled Antably, dénonce le rôle qu’ont, selon lui, joué les médias dans la diffusion d’une image trompeuse de la communauté musulmane. « Des médias québécois bien connus s’empressent de qualifier ces horreurs de “terrorisme à l’envers“ et je tiens à dénoncer cette ignorance », souligne-t-il.
L’homme de 21 ans d’origine libanaise est d’avis que depuis le débat sur la charte des valeurs en 2013, un certain mépris de la part de plusieurs médias règne envers la société musulmane. « Je ne tiens pas à généraliser, pourtant plusieurs actions islamophobes n’ont pas été prises au sérieux. J’ai peur pour ma mère et pour toutes les femmes voilées qui vivent avec leur foi bien apparente et qui sont plus susceptibles aux violences de certains imbéciles. Ne réagissons pas à cette violence, ce mépris et cette ignorance de la même manière, mais avec un respect exemplaire et une solidarité sans égal », plaide Khaled Antably.
L’étudiante au baccalauréat en science politique à l’UQAM, Sara Akoum, abonde dans le même sens. « Apprendre la nouvelle hier m’a chavirée. Je me demande combien de temps ça va encore prendre pour conscientiser le monde entier que oui, l’islamophobie ça existe. Je me demande aussi à quel point certains attentats terroristes sont plus “importants” que d’autres. Je me demande si, enfin, on va arrêter de vivre dans un cocon de déni pour nous protéger de la peur, mais plutôt sortir les vrais mots et conscientiser les gens aux réalités des minorités visibles et invisibles », fait-elle valoir. Elle souligne du même souffle que la communauté musulmane fait partie du peuple québécois et que participer à la veillée est nécessaire dans le but de dénoncer collectivement cet acte violent.
Des milliers de Québécois se sont réunis à Montréal et à Québec hier, mais aussi à dans plus d’une vingtaine de municipalités de la province afin de faire entendre leur désarroi. Le rassemblement montréalais s’est quant à lui terminé par des chants de citoyens et par des moments de recueillements et de prières devant un grand nombre de chandelles allumées.
Photos: MYRIAM EDDAHIA MONTRÉAL CAMPUS
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