Alors que le Salon G parvient à générer des profits, les autres cafés étudiants doivent redoubler d’efforts et d’imagination pour fonctionner. La majorité d’entre eux survivent sous une structure d’autogestion, c’est-à-dire sans patron, et grâce à la bonne volonté de leurs employés.
Le Café Aquin, affilié à l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), a convié ses membres à une assemblée générale de sauvetage le 11 octobre dernier en raison d’un déficit de quelques milliers de dollars. Cette assemblée s’est soldée par l’obtention d’une subvention régulière de 18 500 $ par année pour l’organisation. Cela représente une somme de 7 500 $ par session. Les 3 500 $ restants serviront à ouvrir le café pendant la session d’été, chose qui n’avait pas été possible depuis deux ans.
« On aurait pu continuer de fonctionner sans subventions, mais ça ne nous permettait pas de remplir nos missions », explique Tristan, employé du café et étudiant à la maîtrise en science politique. Ces missions comprennent, entre autres, d’offrir aux étudiants des prix accessibles, ce qui n’était plus possible sans une subvention de la part de l’AFESH.
Les cafés étudiants de l’UQAM ont tous comme objectifs premiers de fournir des produits à moindre coût et d’offrir un espace commun aux étudiants de leur faculté. Cela s’effectue parfois aux dépens de la rémunération des employés. « C’est très altermondialiste comme structure, car, au final, non seulement on est une structure bénévole, mais en plus on est autogéré », raconte Geoffrey Gauvin, fondateur du Café Humani-thé, deuxième café de l’AFESH et seul café bénévole de l’UQAM.
Dans ce café ouvert en janvier dernier et situé au pavillon des sciences, quinze étudiants en psychologie travaillent environ trois heures par semaine chacun, sans être payés. « Si on voulait rémunérer les gens, il faudrait faire 19 000 $ d’argent brut par année et nous n’en faisons qu’environ 2 000 $ », analyse l’étudiant. Il ajoute qu’avec la récente embauche d’une comptable, ce maigre revenu va disparaître. Le salaire des employés n’est toutefois pas une priorité pour ce café, car « il existe une tradition de bénévolat assez importante au sein [du département de psychologie] ».
Des déficits importants
Bien qu’il soit le café le moins lucratif de l’UQAM, le Café Humani-thé n’est pas en déficit pour le moment. C’est le Café des arts et design, affilié à l’Association facultaire étudiante des arts (AFEA), qui serait le plus déficitaire avec un manque à gagner de 50 000 $. Les deux points de service dans les pavillons Judith-Jasmin et de Design forment une seule et même organisation. « Quand je suis arrivé ici, on m’a demandé de faire l’état des comptes. Le résultat est incompréhensible », se décourage Charles, employé du café et étudiant au diplôme d’études supérieures spécialisées en musique de film. Le jeune homme avait travaillé au café de 2013 à 2014, alors que le comptoir venait de rouvrir sous forme d’autogestion après avoir été fermé plusieurs années justement à cause d’un déficit important.
Selon lui, le déficit s’explique peut-être par « la non-augmentation des prix des produits depuis 2013 ». Certains produits étaient donc vendus au même prix que leur coût auprès du fournisseur, ce qui a pu contribuer à creuser le déficit. Il tient à préciser que peu importe l’argent manquant, le café vendra toujours des produits de qualité. « Notre mandat, ce n’est pas de faire de l’argent. Pour vrai, vendre de la scrap, comme du Coca-Cola pis faire la palette, ça ne nous tente pas », martèle-t-il.
Le café Philanthrope affilié à l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) a également un montant déficitaire plus important que ce qu’il peut combler en une session, selon Guillaume, employé du café et étudiant en éducation au secondaire au volet éthique et culture religieuse. Celui-ci n’a toutefois pas divulgué au Montréal Campus l’ampleur du déficit. La situation du café Philanthrope est toutefois moins dramatique, car dans l’éventualité où cette dette deviendrait problématique, l’ADEESE a accepté de combler ce déficit.
« On est dans un processus de changement de structure vers une autogestion, c’est ça qui est à l’origine de notre perte d’argent », déchiffre Guillaume. En ce moment, le Philanthrope est dans un no man’s land précise-t-il, car le café est pris avec son ancienne procédure. Il lui faudra attendre l’acceptation de sa nouvelle charte d’autogestion en assemblée générale pour revenir à une situation plus stable.
« Il n’y a pas de concurrence [entre les cafés étudiants]. On est tous bien friendly entre nous », dit Charles, employé au Café des arts et design. Il spécifie que la dispersion des cafés sur le campus est tellement grande que ce serait difficile d’entretenir une forme de concurrence.
Les membres des huit cafés étudiants de l’UQAM ont créé un groupe d’entraide appelé l’Intercafé. Relancé l’année dernière, ce regroupement sert à partager des informations sur leurs fournisseurs et sur leurs façons de fonctionner. « On discute aussi de questions plus politiques », renchérit Tristan, employé au Café Aquin. L’un des sujets de discussion pour les membres d’Intercafé est l’accessibilité restreinte à leurs locaux depuis la fin des accès 24 h au printemps 2015. Auparavant, les employés des cafés étaient considérés comme des officiers des associations étudiantes et pouvaient donc accéder à l’UQAM pour accomplir certaines tâches de gestion qui se font tard, comme les paies. Pour protester contre l’abolition de ce privilège, les cafés ont organisé un « bed-in » le 18 novembre 2015.
Les étudiants responsables rencontrés n’ont pas souhaité partager les budgets exacts des cafés.
Photo: CATHERINE LEGAULTMONTRÉAL CAMPUS
Le Café Humani-thé n’est pas en déficit pour le moment.
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