Le Stickergate, un an plus tard

Les autocollants de la Politique 16 de l’UQAM refont surface, alors que le bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement a ouvert une enquête sur un cas lié à cette affaire.

Un an après les évènements mouvementés concernant les autocollants qui avaient été apposés contre les portes de professeurs soupçonnés de harcèlement sexuel, le bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM ouvre une enquête contre une étudiante alors que les preuves du plaignant semblent «peu convaincantes», selon un communiqué publié par le Syndicat des étudiant(e)s employé(e)s de l’UQAM (SETUE).

Le 24 mars dernier, l’un des professeurs visés par les autocollants a déposé une plainte pour harcèlement contre une étudiante qu’il soupçonne d’avoir fait l’action de dénonciation de l’automne dernier. «[…]elle m’est devenue antipathique», «[…]elle m’a manifesté une animosité que je ne pouvais m’expliquer […]», tels sont les comportements qui auraient éveillé les soupçons du professeur et qui l’ont incité à déposer une plainte contre l’étudiante. Elle aurait aussi publié sur le réseau Facebook une photo des portes qui avaient été inondées d’autocollants.

Sur le site web du bureau d’intervention et de prévention en matière d’harcèlement de l’UQAM, on peut lire que toute plainte formelle sera étudiée par un comité d’enquête qui décidera si une investigation aura lieu. Le SETUE avait publié les chiffres officiels de l’année 2012-2013, où l’on pouvait lire que sur 17 plaintes officielles de harcèlement sexuel, seulement neuf ont été retenues pour faire l’objet d’un examen. Lorsqu’interrogée sur les critères qui font en sorte qu’une enquête est ouverte ou non, la porte-parole de l’UQAM Jennifer Desrochers n’a pas voulu répondre, soulignant que «les personnes concernées avaient le droit à une enquête confidentielle».

Des étudiantes interrogées

Trois étudiantes ont été rencontrées jusqu’à maintenant dans le cadre de l’enquête menée par un cabinet d’avocat employé par l’UQAM. «J’ai été convoquée à un bureau d’avocats, trois jours d’avance, personne ne m’a expliqué de quoi il s’agissait, raconte une étudiante qui a été rencontrée en septembre dans le cadre de cette affaire et qui préférait garder l’anonymat. Sur deux heures d’interrogatoire, on ne m’a posé qu’environ deux questions sur le professeur concerné.» L’étudiante n’ayant jamais eu de cours avec le professeur plaignant, elle ne s’explique pas pourquoi elle a été ciblée par l’enquête. «Ils m’ont posé des questions sur les pages de collectifs féministes de l’UQAM que j’avais liké sur Facebook, ils savaient où j’étais dans l’UQAM le jour où les autocollants ont été apposés», poursuit l’étudiante.

De son côté, l’Association des étudiantes en études féministes (AÉÉF) pense que, malgré les évènements de l’automne dernier, l’UQAM veut préserver la culture du silence qui règne à l’université. «C’est complètement abuser que de faire des interrogatoires du genre, surtout si le professeur en question n’a eu aucunes conséquences, mentionne une exécutante de l’AÉÉF. On dirait que l’UQAM utilise cette plainte pour cibler les personnes les plus impliquées.»

L’enquête du bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM est toujours en cours.

Photo : istock

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