Le Tout Nouveau testament est l’un des films les plus originaux des dernières années.
Le Festival du Nouveau Cinéma (FNC) a placé la barre très haute pour les films en compétition internationale en présentant le dernier film du belge Jaco Van Dormael en ouverture. Fantastique dans tous les sens du terme, cette co-production entre la France, la Belgique et le Luxembourg reste en tête très longtemps après la représentation.
Le scénario irrévérencieux est exposé en quelques secondes. Dieu n’est pas bien, au paradis et en robe blanche. Il est moche et méchant, vit dans un petit appartement sale et s’amuse à programmer le monde dans son petit ordinateur de bureau. Sa fille de dix ans (surprenante Pili Groyne) n’en peut plus, elle se révolte, change les règles grâce à ses nouveaux apôtres et bouleverse le monde. Sa méthode: envoyer par message texte la date de décès à tous les habitants de la Terre! S’en suit un re-positionnement, ou plutôt une humanisation des relations sociales, une surprenante paix mais surtout une quête de sens revigorée.
Pourtant, le film n’est pas un drame, loin de là. Une comédie même. C’est que l’esthétique est surréaliste, digne de Wes Anderson, et les images sont belles, d’un autre monde. Jaco Van Dormael (Le huitième jour, Toto le héros) vise donc dans le mille. Le Tout Nouveau Testament est une comédie, mais existentielle. Un récit fantastique qui reste ancré dans nos plus profonds questionnements et en plus un bon divertissement.
Les nouveaux apôtres
La majorité du film est donc consacrée à la quête de Léa, la fille de Dieu, pour trouver ses six nouveaux apôtres. Un par un, elle découvrira les grandes solitudes de ce monde. Une femme avec une prothèse, un homme qui n’en peut plus de travailler dans un supermarché, un obsédé sexuel, un assassin, une vieille bourgeoise désabusée et puis un jeune transgenre. Par son humanité, elle les réunira et leur fera voir la lumière.
Le film est drôle mais c’est un drôle de rire. C’est parce que les interrogations du film sont vieilles comme le monde. «Si Dieu existe, d’où vient le mal?», se demandait Leibniz il y a 350 ans. Nous sommes toujours sans réponse, mais au moins nous avons l’art pour décharger quelque fois cette angoisse originelle.
«N’importe qui aurait fait mieux que toi», expose Léa à son père dès le début. En exposant l’imperfection et en détruisant les solitudes, le récit tape et nous change. Reste à savoir si c’est pour le mieux.
Photo : Fabrizio Maltese
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