Si bien des Québécois rêvent de chausser les pneus d’une monoplace en course automobile, la route peut être longue et ardue avant d’arriver à destination. En tant que femme, Isabelle Tremblay a du contourner bien des obstacles avant même d’entamer la course.
Le pouls qui s’accélère, l’excitation qui la gagne, elle attend impatiemment que les lumières rouges s’éteignent et c’est le début d’une nouvelle course. Agente immobilière depuis belle lurette, Isabelle Tremblay est une femme active, mais elle n’avait jamais ressenti autant de frénésie pour un sport qu’en course automobile. Il y a déjà cinq ans qu’Isabelle a découvert sa passion pour les courses automobiles, alors qu’elle ne faisait qu’un simple essai routier avec un de ses clients à l’autodrome de Saint-Eustache. Elle est la pionnière d’un contingent de femmes qui ont osé faire de la course automobile au Québec.
Sportive de nature, elle est reconnue pour ses exploits sur la piste depuis le moment où elle s’est lancée dans ce sport. À sa première participation dans une course de 200 tours, elle a remporté l’épreuve face à ses 97 adversaires présents. «C’était un sentiment incroyable que j’ai vécu cette journée-là, c’était ma première victoire en compétition, je m’en souviens encore», affirme la pilote.
Des rangs mineurs aux ligues majeures
Après avoir remporté plusieurs courses dans la Formule 1600, division automobile au Québec, Isabelle fait le saut dans la série Nascar Canadian Tire, une des séries les plus prestigieuses de course automobile en Amérique du Nord. Son ascension s’est faite de façon fulgurante, puisque dès son entrée sur le circuit de la Nascar Canadian Tire, elle s’est retrouvée trois fois dans le top 10 la saison dernière. Lors du Grand Prix de Trois-Rivières, elle a terminé dans les 10 premières positions. «À chaque course, je visualise la victoire, je ne veux rien de moins, du moins j’aimerais bien me retrouver sur le podium au courant de la saison qui s’en vient en série Canadian Tire», affirme Isabelle Tremblay.
Si bien des pilotes rêvent de prendre le volant d’un bolide en Formule 1, ce n’est pas le cas de la mère monoparentale qui demeure sur la Rive-Nord de Montréal. «Je suis consciente de la réalité et je ne vise pas vraiment la course en Formule 1, mais je ne ferme pas la porte à l’éventualité de vouloir tenter ma chance en Nascar Nationwide aux États-Unis», mentionne Isabelle Tremblay. Il y a quelques années, le portrait des pilotes automobiles se résumait en un genre, celui du masculin. Depuis l’arrivée de Danica Patrick en Nascar Nationwide 2011, il y a une augmentation du nombre de femmes qui pratiquent le sport automobile. Isabelle Tremblay a une grande estime pour celle qui est la nouvelle coqueluche du circuit aux États- Unis. «Elle est un modèle de force de caractère et elle possède une endurance physique incroyable, elle est une source d’inspiration pour une grande part de jeunes femmes qui s’intéressent à ce sport à travers le monde», croit Isabelle Tremblay.
Ce n’est pas toujours évident de faire affaire avec la mentalité machiste et sexiste de certains amateurs. Isabelle Tremblay avoue avoir déjà subi des remarques similaires dans le passé, ce qui peut jouer sur l’estime des femmes dans ce milieu, mais ce ne fut pas son cas. «Du sexisme il y en aura toujours, il faut apprendre à vivre avec cela, puis je suis une peau de canard, ces propos m’aident simplement à me motiver encore plus dans la quête de mon but, celui de gagner», rétorque la principale intéressée. Ce même message, elle tente de l’enseigner aux jeunes femmes lors de conférences ou de son émission radiophonique À chacun sa course sur les ondes de CNV Radio. Elle y rencontre des personnalités publiques de tous les milieux qui s’intéressent de près ou de loin à la course automobile. Même si elle est un modèle pour les femmes, tout ce travail peut paraître épuisant par moment. «Sans contredit, elle a un talent en tant que pilote, mais je crois qu’elle en fait un peu trop à l’extérieur de la piste comme les œuvres de charité, les causes sociales et les trucs de célébrité», lance le journaliste de 360Nitro et connaissance d’Isabelle Tremblay, Denis Lecours.
Sa détermination et son esprit de compétitivité pourraient faire d’elle la deuxième pilote féminine sur la série Nascar Nationwide, l’une des plus prestigieuses en Amérique du Nord. Elle devra tout d’abord faire ses marques dans les rangs mineurs et espérer qu’une écurie l’accueille pour qu’elle puisse évoluer dans la grande ligue. La course automobile n’est toutefois pas son plus grand accomplissement. «Ce qui me rend le plus fière dans la vie, c’est sans aucun doute mon garçon qui aura son bal de finissants du secondaire cette année, il vieillit bien», affirme Isabelle Tremblay. Pour plusieurs personnes, il peut être difficile de consolider la vie familiale, le travail et le sport. Pourtant, c’est ce qu’Isabelle Tremblay fait depuis plusieurs années. «Le secret de ma réussite passe par une seule chose: la discipline.»
Photo : lametropole.com
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