Un “mal” nécessaire

Grégory Charles a affirmé la semaine dernière que le monde culturel était trop dépendant des subventions au Québec. Notre débrouillard n’a pas tout à fait tort et son propos permet une certaine réflexion par rapport au financement de la culture, bien qu’il désignait les festivals de musique précisément. Comme dans presque tous les enjeux politiques du Québec, notre statut particulier complique la situation. En tant que minorité linguistique, il faut évidemment que l’État prenne sous sa charge le financement culturel, c’est une question de survie patrimoniale. Nous ne sommes malheureusement plus à l’époque des Médicis et malgré quelques exceptions, c’est le contribuable donc l’État, qui a pris le rôle de mécène.

La philanthropie est une dépense publique tout à fait justifiable, puisqu’elle créer de la richesse en terme de patrimoine, d’éducation et d’emplois, en plus de créer un sentiment d’appartenance, voire nationaliste. La culture est aussi la vitrine d’un pays à l’international et permet de se forger une certaine réputation, donc de provoquer des retombées touristiques. Malgré la rhétorique de la «juste part», pointant du doigt ce fardeau pour les contribuables, la culture ne coûte pas bien chère individuellement et constitue un investissement louable pour le gouvernement. On se souvient de Xavier Dolan, il y a quelques années, qui avait habilement démontré dans une lettre ouverte destinée à Éric Duhaime que son film, Laurence Anyways, n’avait coûté qu’environ 35 sous par habitants.

Le gouvernement doit néanmoins investir de manière logique. Il arrive trop souvent que les subventions encouragent une compétition malsaine entre divers acteurs culturels. Prenez le Quartier des spectacles, dans lequel on a investi massivement ces dernières années. Les festivals font un tabac alors que les statistiques démontrent que l’achalandage des salles de spectacles du coin est en constante diminution, au profit de salles des rives sud et nord. N’aurait-il pas fallu investir un peu plus dans les salles du centre-ville parfois désuètes comparées à leurs cousines du Dix30 au lieu de tout mettre dans la place des festivals?

Les subventions mènent trop souvent à une augmentation de l’offre au dépend de la demande. Les théâtres du Trident, de la Bordée et du Périscope ont dû être soulagés lorsqu’ils ont appris que la subvention pour le projet de Robert Lepage, le théâtre Le Diamant, était menacé. En quoi une nouvelle salle de théâtre allait être bénéfique à la région de Québec, alors que plusieurs salles bien établies peinent à se remplir? Sans parler d’un certain amphithéâtre, qui divisera une fois de plus l’offre culturelle…

Dans un contexte où les bourses se feront de plus en plus rares, il faudrait peut-être miser sur de nouveaux acteurs et de nouveaux modèles. On ne pourrait pas favoriser un Tire le coyote à une Laurence Jalbert par exemple?

 

Colin Côté-Paulette

Chef de section culture

Twitter @colinctpaulette

culturemontrealcampus@gmail.com

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