La vie, dit-on, est fondamentalement injuste. Si quelqu’un ressent cette vérité plus que les autres, c’est le producteur montréalais BUeLLER, qui fait de la musique inspirée mais peine à faire parler de lui.
Il y a eu cette vague au Québec il y a quelques années – trois ans, à peine – durant laquelle il fallait dire piu-piu au moins une fois toutes les deux phrases lorsqu’on parlait de hip hop puisqu’il s’agissait de la toute dernière tendance. Ce que l’on a compris un peu plus tard, c’est que ce piu-piu ou art beat décrivait autant l’état bouillonnant de créativité du hip hop québécois qu’un son particulier. Bref, cette tendance n’était pas vaine puisqu’elle a propulsé sur la scène internationale une foule de jeunes beatmakers talentueux comme tout que l’on connait aujourd’hui à travers le monde. Mais il y a aussi des perles que l’on découvre sur le tard comme ce BUeLLER, actif depuis l’époque dorée dudit piu-piu, qui sortait son Dreamy Left Field Fantasy cet été sans toutefois réussir à créer de buzz.
Pourtant, l’album est l’une des réussites instrumentales de l’été. Si BUeLLER ne cherche vraisemblablement pas à en mettre plein la vue, préférant envoûter avec des mélodies subtiles et recherchées, il est sans doute un des producteurs les plus polyvalents en ville. Ce qui étonne, c’est le mélange des styles; prenez le morceau BillionSorries, qui commence avec un sample de soul et se poursuit en une longue ballade sur le thème du pardon – l’album est une réflexion sur la rupture amoureuse; un peu plus loin, vous tomberez sur Chamerman, un énorme son trap sur lequel Maybe Watson délire pendant presque deux minutes. Ce que l’on aime, c’est l’hétérogénéité bien contrôlée, le sens aigu du sample et la maîtrise de la mélodie. Un premier album qui exhibe en entier la palette de talents du jeune producteur.
Autant vous dire tout de suite que BUeLLER ne compte pas prendre de journée de congé avant d’avoir un following conséquent.
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