Un document, cinq ans

Recherche-création, qualité d’enseignement et internationalisation sont au programme pour les cinq années à venir. Robert Proulx appelle professeurs, étudiants et administrateurs autour d’une grande table sur l’avenir de l’UQAM. 

Assis confortablement sur le canapé de son grand bureau, Robert Proulx laisse libre cours à sa passion pour l’Université, lui qui y gravit les échelons depuis près de 40 ans. Un an après son entrée en fonction, le recteur de l’Université se sert du Plan stratégique pour rallier l’UQAM. «Je suis arrivé dans un cyclone, se rappelle Robert Proulx. À ce moment, il y avait un problème au niveau de l’éducation supérieure. Les gens voulaient voir les choses changer.»

Une période d’échanges et de débats est enclenchée depuis le début du mois de novembre en prévision de l’élaboration du Plan stratégique 2014–2019 de l’UQAM. D’un bout à l’autre de son développement, le recteur souhaite voir le Plan prendre sa place dans l’espace public. Robert Proulx veut permettre à l’entièreté de la communauté de l’UQAM de s’exprimer sur son avenir.

Il compte faire la tournée des différents groupes académiques de l’Université afin de connaître leur vision de l’institution pour les cinq prochaines années. «Les facultés nous serviront de point de départ pour rencontrer les professeurs, les étudiants et les administrations qui y travaillent», indique Robert Proulx. Le recteur s’est d’ailleurs déjà entretenu avec les membres de la Faculté des sciences à ce sujet. S’ils le veulent, les regroupements spécifiques comme les syndicats des employés, les chargés de cours ou les associations étudiantes pourront discuter avec le recteur d’enjeux qui leur sont propres. «Nous comptons continuer à mettre de l’avant la modernisation des programmes en fonction des technologies numériques, avance le doyen de la Faculté de communication, Pierre Mongeau. Nous n’en savons pas plus pour le moment. Ça va se mettre en branle vers janvier.»

Pour l’instant, les quatre associations étudiantes ayant rappelé le Montréal Campus n’avaient pas pris position sur leur apport à la consultation sur le Plan stratégique 2014–2019, tout comme le Syndicat des professeurs de l’UQAM. Deux groupes étudiants, l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) et l’Association facultaire des étudiants en arts de l’UQAM (AFEA) souhaitent aborder la question du développement des cycles supérieurs. «Nous demandons que la consultation sur ces questions ait une plus longue durée et présente davantage de visions des cycles supérieurs», déclare la coordonnatrice générale de l’AFEA, Justine Boulanger. Selon cette étudiante, le document intitulé Réflexions sur les finalités des programmes de cycles supérieurs remis à tous les groupes de l’Université limite les visions de l’éducation supérieure. «Nous voudrions que les questions de la conciliation études-travail-famille, de la place de la recherche fondamentale et du clientélisme soient de la partie», demande le porte-parole de l’AFESPED, Samuel Cossette.

 

Consultation interactive

Pour joindre un maximum de personnes, les rencontres du recteur pourraient être diffusées sur le Web. Les uqamiens pourront aussi participer à la construction du prochain Plan stratégique sur le site Wiki, une plateforme Internet interactive, par l’ajout de commentaires, de documents ou d’informations. «Ces moyens informatiques permettront d’atteindre tout le monde, peu importe où ils sont [sic], affirme Robert Proulx. Nous allons nous adapter au caractère multiforme de l’UQAM.» Les échanges se poursuivront au-delà de la période de consultation qui s’étire de novembre à janvier. «Lorsque nous arriverons à l’adoption du Plan stratégique par les instances de l’Université, l’ensemble de la communauté devrait avoir vu ce qui va s’y trouver, pense-t- il. Un arbitrage sera nécessaire parce que l’UQAM n’est pas homogène.»

Les propositions rectorales serviront de fondements durant la phase d’échanges sur le Plan stratégique de 2014–2019. Le recteur propose l’inscription des valeurs de l’UQAM, la consolidation de la recherche-création de même que le développement des cycles supérieurs dans le prochain Plan stratégique. Les discus- sions graviteront nécessairement autour de ces enjeux, estime la doyenne de la Faculté des arts, Louise Poissant. «Le Plan doit suivre la vision du recteur, assure-t-elle. On est conscients qu’il y aura des ajus- tements selon celle-ci.» L’internationalisation occu- pera le centre de cette table sur l’avenir de l’UQAM. «Nous ne pouvons pas penser être une université moderne si la question de l’internationalisation n’est pas abordée», indique Robert Proulx. Cette ouverture sur le monde vise la création de réseaux où l’UQAM s’associerait avec d’autres universités en fonction de leurs affinités.

«Grâce à cette vision, le Québec profiterait des savoirs du monde et vice-versa, soutient Robert Proulx. C’est une vision diamétralement opposée à celle de l’université qui satisfait les besoins d’une mondialisation économique pour faire de l’argent.» L’UQAM espère créer de nombreux partenariats avec les universités qui partagent cette perspective. «L’université ne doit pas devenir le McDonald’s de l’enseignement supérieur où on fait nos produits et on ouvre des succursales partout dans le monde pour les vendre», insiste le recteur. Si l’idée séduit ses interlocuteurs, de son propre avis, elle demeure au stade idéologique.«Je compte sur le caractère rassembleur de cette idée pour faire pencher la balance», souligne-t-il.

Le Plan stratégique devrait être adopté au printemps 2014 une fois les visions de l’UQAM unifiées. D’ici là, Robert Proulx tentera de concilier les intérêts hétérogènes de l’Université du peuple.

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